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HISTOIRE - Les résistants de la Rose blanche

Écrit par Lepetitjournal Munich
Publié le 11 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012



Quiconque a déjà franchi les portes de l'université Ludwig Maximilian à Munich ne peut pas ignorer le nom du groupe de résistants qui a agi pendant la Seconde Guerre Mondiale. La Rose blanche a été fondée il y a 70 ans par des étudiants munichois appuyés par leur professeur de philosophie. Retour sur cet acte de bravoure qui a mené leurs membres tout droit à l'échafaud.


(crédit image : La Mite 2012)

Naissance du mouvement
En 1942, Hans Scholl est un jeune étudiant en médecine à l'université de Munich. Il fait alors partie, comme sa jeune sœur Sophie Scholl, des jeunesses hitlériennes auxquelles l'adhésion est obligatoire depuis 1939. Et pourtant, Hans et Sophie appartiennent parallèlement à une autre organisation, la Bündische Jugend, interdite par le régime. L'autoritarisme plane de plus en plus sur l'Allemagne, et les futurs membres de la Rose blanche prennent alors conscience de la nécessité de s'ériger contre les horreurs commises par le pouvoir en place. Ils refusent de se plier à une obéissance aveugle dénuée de toute conscience morale et se prononcent en faveur de la primauté de l'être humain, dont les responsabilités doivent prévaloir contre l'idéologie abstraite d'une masse collective.
Fort de ces idéaux, et profondément touché par les écrits de l'évêque de Münster Monseigneur Von Galen dont la voix s'est élevée contre les assassinats de malades mentaux, Hans Scholl trouve en son camarade d'études Alexander Schmorell un allié qu'il rallie à sa cause. Les deux jeunes hommes se retrouvent au printemps 1942 dans un atelier de peinture à Munich et fondent alors un mouvement de résistance, qu'Hans Scholl a l'idée de baptiser "la Rose blanche" en hommage au roman épique de Clemens Brentano, Les Romances du Rosaire (1852). Les deux fondateurs trouvent rapidement un fort soutien en la personne de Kurt Huber, leur professeur de philosophie. Ils rédigent les quatre premiers tracts de la Rose blanche et les envoient par la poste à de nombreuses personnalités munichoises (professeurs, médecins, écrivains, savants,...). Leur second tract dénonce déjà explicitement la Shoah, prouvant ainsi les motivations profondément humanistes des trois hommes, au-delà de toute religion et de tout fanatisme.

La Rose blanche, fanée en pleine fleur de l'âge

Hans Scholl et Alexander Schmorell sont envoyés sur le front de l'Est en tant qu'infirmiers pour la Wehrmacht en juillet 1942. Ils y rencontrent Willi Graf, qui se joint à eux dans leur lutte contre le Troisième Reich et sa doctrine. Le cinquième tract voit le jour pendant l'hiver 1942-43. Il porte le titre "Appel à tous les Allemands" et est distribué dans plusieurs grandes villes dont Munich, Augsbourg, Stuttgart, Francfort, Salzbourg et Vienne. "Prouvez par l'action que vous pensez autrement ! Déchirez le manteau d'indifférence dont vous avez recouvert votre cœur !" assène le cinquième tract à ses lecteurs de plus en plus nombreux. La Rose blanche prend de l'ampleur : le sixième tract est rédigé par Kurt Huber après la défaite de Stalingrad en février 1943. Dans la nuit du 15 au 16 février 1943, Hans et Alexander distribuent environ 1.000 exemplaires de ce sixième opus dans les rues de Munich. Ils décident de faire circuler les derniers exemplaires restants au sein de leur université. Le 18 février, Hans et sa sœur Sophie, également très engagée aux côtés de son frère, déposent les tracts restants dans la cour de l'université de Munich. Peu avant 11h, et alors qu'ils se dirigent vers la sortie, ils changent d'avis et décident de déposer encore quelques tracts au premier étage. Puis Sophie court au deuxième étage et lance les derniers tracts par-dessus la rambarde. Le concierge, Jacob Schmid, surprend le frère et la sœur en flagrant délit et les retient jusqu'à l'arrivée de la Gestapo qu'il vient lui-même d'appeler.

Un courage jamais oublié

Hans et Sophie Scholl sont emmenés au siège munichois de la Gestapo et y sont interrogés puis maintenus en détention jusqu'au 21 février. Ils sont jugés dans un procès éclair d'à peine trois heures par le Volksgerichtshof ("Tribunal du Peuple") le 22 février 1943. La peine tombe : condamnation à mort le jour-même par guillotine. Hans et Sophie Scholl restent dignes jusqu'au bout ; leur défense est un appel au courage civil (Zivilcourage). Hans déclare avec bravoure au tribunal : "Dans quelques temps, c'est vous qui serez à notre place." Kurt Huber et Alexander Schmorell seront quant à eux guillotinés le 13 juin de la même année, suivis par Willi Graf le 12 octobre, il y a presque 70 ans. Aujourd'hui, à Munich, la place de l'université Ludwig Maximilian porte leur nom : Geschwister-Scholl-Platz. Par ailleurs, un prix littéraire a été créé en leur honneur en 1980 : le Prix frère et sœur Scholl (Geschwister-Scholl-Preis) distingue chaque année un auteur qui "témoigne d'indépendance d'esprit, encourage la liberté civile, le courage moral, intellectuel et esthétique". Pour finir, l'astronome allemand Freimut Börngen a baptisé un astéroïde qu'il a découvert du nom de la Rose blanche. Pour permettre à Hans et Sophie Scholl de continuer à briller au-dessus de nos têtes.

Magali Jakob-Loué (www.lepetitjournal.com/munich) Jeudi 11 octobre 2012

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Publié le 11 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

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