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HERMANNSDORFER - Un exemple de respect des animaux?

Écrit par Lepetitjournal Munich
Publié le 2 février 2016, mis à jour le 2 mai 2016

L'entreprise agricole bavaroise Hermannsdorfer, fondée à Glonn à 30 km au sud-est de Munich en 1986, avait jusque-là valeur d'exemple. Elle se présentait comme une entreprise respectueuse de la condition animale. Sa politique de produits haut-de-gamme reposait sur cette ligne de conduite. Un défenseur des animaux remet en cause cette image d'Épinal.

Il faut savoir que Hermannsdorfer est le résultat d'une reconversion. Son dirigeant, Mr Schweisfurth, était jusqu'en 1984 le propriétaire de la célèbre société de charcuterie industrielle Herta. 1984 fut le tournant. Il a quitté Herta et l'élevage de masse pour fonder, en 1986, Hermannsdorfer, une entreprise agricole et d'élevage plus respectueuse des animaux. Son fils, Karl, gère l'entreprise depuis 1996. Le domaine comprend une laiterie, une brasserie, une boutique et un restaurant. On trouve les produits Hermannsdorfer dans 3 boutiques dédiées de Munich mais aussi dans de nombreux magasins bio. Ils sont vendus très chers.

Sur son site Internet, Hermannsdorfer revendique le respect de la condition animale: « nous élevons les animaux dans le respect de leur dignité ».« Wir zeigen Ihnen, wie wir mit artgerechter Tierhaltung die Würde der Tiere respektieren. »  

Friedrich Mülln, fondateur de Soko Tierschutz e.V., activiste plutôt radical dans la défense des animaux, a voulu en savoir plus. Ce qu'il a constaté sur le terrain ne correspond pas à ce discours idyllique.

Une photo montre une truie allongée sur le sol, entravée par une cage. Il lui est impossible de se lever, ni de bouger. Les porcelets viennent la têter. On constate la présence de sang sur l'un de tétons. Un seau posé à côté comporte des restes sanguinolents de la naissance récente des petits. La truie est souillée par un grosse flaque de sang.

D'après le propriétaire, les cages sont du passé. Elles avaient été installées en 2000 afin d'éviter l'écrasement des porcelets par leur mère. Une nouvelle technique aurait été mise en place depuis peu.

Friedrich Mülln constate par ailleurs que des antibiotiques sont utilisés- inconcevable pour une entreprise étiquettée bio. Mr Schweisfurth admet en utiliser lorsque les solutions biologiques ne suffisent pas.

Enfin, le taux de mortalité du cheptel est très élevé.
D'après Friedrich Mülln, le taux de mortalité se situe depuis 2008 entre 16 et 25% /an. L'éleveur réfute les chiffres avancés par Mr Mülln. Le service vétérinaire d'Ingolstadt reconnaît que la moyenne est de 10%/an. Ce qui voudrait dire que les animaux de la ferme bio Hermannsdorfer meurent en plus grande quantité que dans les autres élevages.

Or c'est bien la productivité des truies qui est en cause. Chez Hermannsdorfer elles font 6 à 8 portées dans leur "carrière"- en Bretagne, seulement 5, NDLR. 

Jusqu'à présent, nous avons laissé vieillir les truies. "Bisher haben wir die Muttersauen möglichst alt werden lassen ». L'inconvénient est qu'elles produisent des porcelets plus faibles, donc sujets à une mortalité précoce.

Changement de stratégie: on les enlèvera plus tôt. "Deshalb ändern wir die Strategie". "Bisher haben unsere Muttersauen sechs bis acht Würfe. Künftig tun wir sie früher weg. ».


Les cages, les plaies, les antibiotiques ou le taux élevé de mortalité du cheptel sont autant de preuves du décalage entre le discours et la réalité.

Non, les animaux ne se sentent pas si bien chez Hermannsdorfer. Pas sûr que les beaux cochons roses et noirs qui posent sur les nombreuses pubs soient aussi appréciés dorénavant, à moins que les méthodes d'Hermmansdorfer soient davantage en accord avec ses valeurs.

Source: SueddeutscheZeitung, Christian Sebald, 27.01 et 02.02.2016.

Agnès Tondre (www.lepetitjournal.com/Munich) mercredi 3 février 2016.



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Publié le 2 février 2016, mis à jour le 2 mai 2016

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