Il n'est pas rare en Allemagne que certaines familles attendent plusieurs années avant que leurs enfants soient pris dans un jardin d'enfant. Afin d'éviter ce problème, certains parents prennent l'initiative de créer un jardin d'enfant. Un système qui leur offre également la possibilité de choisir un apprentissage bilingue pour leurs enfants, à l'instar du jardin d'enfant franco-allemand Coccinelle qui a ouvert ses portes il y a tout juste une semaine.
"Lorsque je suis tombée enceinte, j'avais deux options, explique Elodie, une des fondatrices de la Kita Coccinelle, soit je passais toute l'année à essayer de trouver une place dans un Kindergarten, soit j'utilisais cette énergie à créer un jardin d'enfant franco-allemand". La jeune maman opte alors pour la seconde solution et décide en juin 2011 de monter une association pour permettre la création du jardin d'enfant. Deux mois plus tard, elle est rejointe par Marc, préférant lui aussi prendre sur son temps pour fonder un jardin d'enfant, plutôt que de démarcher des mois durant des Kitas déjà existantes. "L'autre difficulté en Allemagne est la délivrance d'un Kita-Gutschein (délivré par le Jugendamt, le service pour la jeunesse) qui permet aux parents d'inscrire son enfant en Kindergarten", explique Marc. "Il faut que les deux parents prouvent qu'ils ont un contrat de travail à plein temps pour obtenir ce papier, si une des deux personnes travaillent seulement à mi-temps, la famille n'obtient qu'un droit de garde pour une demi-journée", poursuit Elodie. Les jardins d'enfant n'acceptant généralement les enfants que pour la journée entière, il est donc impossible pour certains parents de trouver une place dans un Kindergarten public. Un problème qui concerne plus souvent les femmes, qui se retrouvent dans l'obligation de prolonger leurs congés maternité.
Comment est-elle financée ?
Pour financer les travaux, il est possible d'obtenir des subventions du Sénat de Berlin, qui les accorde une fois qu'un dossier détaillant toutes les dépenses a été déposé et validé. Pour cela, il faut déjà avoir trouvé les familles, et le local afin d'évaluer le coût des travaux, mais également l'équipe pédagogique. "Nous avons recruté des éducateurs dès le début mais certains ont entre-temps trouvé un autre travail, et il nous a fallu de nouveau en recruter d'autres", commente Elodie.
Une fois la Kita ouverte, le financement de l'équipe pédagogique et des enfants, est, en partie, pris en charge par le Sénat, et par les familles, qui en plus du montant du Gutschein (fixé en fonction des revenus des parents), doivent reverser une somme de 50 euros à l'association par mois et par enfant. C'est la trésorière de l'association, poste occupée Elodie, qui gère ensuite la répartition du budget par domaine (meubles, vaisselle, livres, nourriture…) et par mois.
Elodie et Marc ont commencé à entreprendre les démarches administratives et la recherche de locaux en septembre 2011. Lorsque le lieu, les familles et les éducateurs ont été trouvés, le plus gros du travail est de réussir à répondre aux critères imposés par les différentes administrations. "J'ai suivi un séminaire sur la création d'une Kita, mais si cela semble simple au premier abord, ça ne l'est pas du tout", confie Elodie. "Pour la création de l'association, cela a déjà duré quatre mois, poursuit-elle.
Une fois ces étapes accomplies, il leur a fallu passer par trois administrations différentes avant de pouvoir commencer la transformation du lieu en jardin d'enfant. Le Kita-Aufsicht surveille la mise en place générale du jardin d'enfant (disposition des pièces, équipe pédagogique, nombre de mètre carré par enfant…), tandis que le Bauamt contrôle la réglementation du local et le Gesundheitsamt les normes sanitaires. "C'est une négociation permanente avec toutes les administrations, qui ont des exigences parfois contradictoires entre elles", explique la fondatrice. "Comme ces trois organismes ne communiquent pas, c'est à nous de faire le lien pour qu'un compris soit trouvé. Nous n'avons pas pu commencer les travaux avant novembre 2011", ajoute Marc. Après un nouveau report de l'ouverture de la Kita dû à un contrôle drastique du système de protection contre les incendies, le jardin d'enfant Coccinelle a ouvert ses portes le 20 février dernier et a enfin pu accueillir ce lundi l'ensemble des 23 enfants ainsi que les quatre éducatrices franco-allemandes. "Même si tout n'est pas encore finalisé, cela prend forme petit à petit et nous sommes pour le moment très satisfaits et les autres parents aussi", affirment les deux fondateurs.
Anaïs Gontier (www.lepetitjournal.com/Berlin) mardi 5 mars 2013
A suivre demain dans le dossier Kita, l'interview d'une présidente de Kita à Berlin, d'une directrice à lire sur l'édition de Cologne et d'une maman française sur l'édition de Munich
Savoir plus :
http://www.kitanelle-coccinelle.de/
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