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DOSSIER KITA (1) - Kindergarten : un fonctionnement différent des écoles maternelles

Écrit par Lepetitjournal Munich
Publié le 4 mars 2013, mis à jour le 1 décembre 2023

 

Si les jardins d'enfant allemands correspondent aux écoles maternelles françaises dans leur rôle d'accueil des enfants de moins de 6 ans, les Kindergarten ont un système éducatif tout à fait différent de celui français et fonctionnent sur la base de structures administratives beaucoup plus variées.

Comme en France, l'école en Allemagne n'est pas obligatoire avant l'âge de 6 ans. Avant cet âge, les parents peuvent choisir d'inscrire leurs enfants dans des jardins d'enfants dès l'âge de 2 ans, parfois même à un an et demi. Mais à la différence du système français, dont l'appellation comporte déjà le mot "école", le Kindergarten est beaucoup plus basé sur un apprentissage ludique et un principe d'autonomie de l'enfant. De ce fait, ce sont des éducateurs spécialisés dans cette tranche d'âge qui prennent en charge les enfants et non des professeurs des écoles.
Le programme éducatif est décidé par la structure et chaque éducateur peut mettre en place des activités de son choix, comme un atelier musique ou sportif, auxquels les enfants participent s'ils le veulent. Rien ne leur est imposé et une grande liberté, plus ou moins large selon la kita, leur est laissée afin de développer leur sens de l'autonomie. Thomas, un éducateur français, qui a fait sa formation en Allemagne et travaille désormais dans une Kita à Berlin, considère ce système beaucoup plus souple et adapté aux enfants de cet âge. "Dans les écoles maternelles, l'enfant est de suite mis dans un bain scolaire et soumis à une pression alors qu'en Allemagne, on part du principe que l'enfant en aura bien assez dès l'école primaire et qu'il faut le laisser se découvrir et découvrir la vie en société".

Dans sa kita (abbréviation de Kindergarten), située dans le quartier de Mitte à Berlin, qui accueille 190 enfants et emploie trente éducateurs, les enfants peuvent être déposés entre 6h30 et 20h et sont répartis dans des groupes en fonction de leur âge, chacun étant pris en charge par minimum deux éducateurs, qui doivent changer de groupe toutes les 8 semaines. "Il n'y a pas de programme établi et obligatoire dans les jardins d'enfants allemands par contre nous devons évaluer chaque enfant en fonction en fonction de ses compétences à se sociabiliser, à apprendre, du rapport à soi-même ou encore de sa motricité", commente l'éducateur français, arrivé à Berlin en 2010. Des tableaux avec les différents critères sont donnés aux éducateurs afin de donner un avis et une note générale aux enfants. Ce fonctionnement est commun à beaucoup de Kitas, notamment publiques, mais il existe en Allemagne, plus qu'en France, une grande variété de programmes pédagogiques mis en place par le jardin d'enfants et une plus grande possibilité pour les parents ou une association de créer une kita privée.

Des jardins d'enfants plus variés mais moins nombreux


Parmi ces différents systèmes éducatifs, il y a ce que l'on appelle les « Waldorfschule », basées sur l'absence d'évaluation, de redoublement et donc de concurrence entre les enfants. Cette apprentissage, d'un tout autre genre, existe aussi en France sous le nom s'appelle Waldorf-Steiner mais est beaucoup répandu qu'en Allemagne. D'autres Kindergarten font le choix de spécialiser leur programmes pédagogiques autour d'un thème en particulier comme la musique ou le jardinage. En apparence, cela donne aux parents un plus grand choix de systèmes éducatifs pour leurs enfants mais en réalité le nombre de Kindergarten et par conséquent de places, étant beaucoup plus réduit qu'en France, cela conduit certains parents à devoir attendre plusieurs années avant de pouvoir mettre leurs enfants dans un Kindergarten et à ne pas avoir le choix de la structure.


Afin de trouver une solution à ce problème général à l'Allemagne, l'Etat, par le biais de subventions et de prises en charge d'une partie des salaires des éducateurs, offre la possibilité aux parents de créer leur Kindergarten privé sous un statut associatif. Ces structures s'appellent "Elterninitiativ" (initiative des parents) et sont totalement gérées par les parents qui choisissent leurs équipes pédagogiques et sélectionnent les familles qui souhaitent y inscrire leurs enfants. Une grande partie des jardins d'enfants franco-allemands, à Berlin par exemple, sont basés sur ce principe. Cela permet aux parents de deux nationalités différentes de choisir un système éducatif bilingue afin que leur enfant évoluent dans cet environnement dès le début de son apprentissage scolaire.

Ces kitas "européennes ou internationales" ne fonctionnent pas différemment d'un Kindergarten monolingue et public mais demande une plus grande implication des parents, qui prennent sur leur temps libre pour organiser et faire fonctionner la structure. "L'unique différence est que l'on travaille beaucoup plus en fonction de ce que souhaitent les parents et que chaque éducateur parle dans sa langue maternelle aux enfants", explique l'éducateur français Thomas, qui avant d'être embauché dans un Kindergarten purement allemand, a travaillé dans une kita franco-allemande fondée par sur l'initiative des parents.

Au niveau des activités, une grande liberté est, comme dans les autres jardins d'enfant, accordée à l'équipe pédagogique. Les salaires des éducateurs sont versés en partie par l'association et en partie par le Land. Pour fonctionner, chaque Kita privée demande une participation financière aux parents, différente d'un jardin d'enfants à un autre, qui s'ajoute au montant versé au Jugendamt (administration pour la jeunesse) afin de pouvoir inscrire son enfant dans un Kindergarten. Celui-ci est calculé en fonction des revenus des parents et pour les familles qui n'ont pas les moyens, il existe des associations sociales, comme la Volkssolidarität, qui offre de prendre en charge les enfants gratuitement. Mais le nombre de place étant limité, certains parents se trouvent dans l'impossibilité de mettre son enfant au Kindergarten et oblige bien souvent les mères à rester au foyer jusqu'à la scolarisation obligatoire. Cette situation, encore très répandue, est problématique en Allemagne pour certaines familles même si mettre son enfant dans une structure d'accueil avant l'âge de 6 ans n'est pas encore totalement établi dans l'ensemble de la société allemande. Une autre grande différence culturelle avec la France…

Anaïs Gontier (www.lepetitjournal.com/Berlin) lundi 4 mars 2013

A suivre demain la suite de notre dossier Kita :  la création d'un Kindergarten, l'exemple de la Kita franco-allemande Coccinelle

 

lepetitjournal.com munich
Publié le 4 mars 2013, mis à jour le 1 décembre 2023

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