Le 3 juin 1924 s’éteignait à l’âge de 40 ans l’un des plus grands auteurs du XXème siècle, l’autrichien Franz Kafka. Il laissait derrière lui de nombreux manuscrits publiés à titre posthume et un héritage littéraire empreint de modernité.
Né en 1883 à Prague, à l’époque ville d’Autriche-Hongrie, dans une famille juive, l’écrivain Franz Kafka est un siècle après sa mort toujours aussi populaire. Ses ouvrages les plus connus (La Métamorphose, Le Procès, Le Château) sont des récits angoissants, sombres et dystopiques, où le personnage principal fait l’expérience de la froideur du monde et de sa solitude. Cette atmosphère particulière, expérience universelle du monde contemporain, trouve aujourd’hui une résonance auprès de la jeune génération (dite « gen Z ») qui s’approprie ces références et citations.
Des classiques de la littérature germanophone
Franz Kafka n’a pas connu toute l’étendue de sa reconnaissance de son vivant. Il refusait que beaucoup de ses manuscrits soient publiés et c’est grâce à son ami Max Brod, qui désobéit à son testament, que nous avons pu lire certains incontournables comme Le Procès ou Le Château.
Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. La Métamorphose (1915)
Cet écrivain torturé, qui se donnait tout entier à la littérature, fascine par ses histoires courtes et mystérieuses. Les protagonistes des récits se retrouvent à chaque fois dans des situations d’impasse, de confusion ou d’égarement qui peuvent nous sembler bizarrement familières ou nous mettre mal à l’aise. Ses ouvrages ont une large portée philosophique qui incite chacun à la réflexion. Ainsi, les mésaventures de Joseph K dans Le Procès sont souvent rapportées à une critique de la bureaucratie, mais c’est plus largement la société moderne et son manque d’empathie qui sont dépeints. La souffrance face à un monde complexe et absurde, dans lequel le héro ne trouvera jamais d’issue, soumis à l’arbitraire, est au cœur des nouvelles. Ces œuvres noires plus ou moins déprimantes ont d’ailleurs conduit à inventer un terme : « kafkaesque », qui désigne ce genre de situations surréalistes, cauchemardesques et sans échappatoire.
Kafka, affectionné par la Gen Z
La Génération Z (12-25 ans) semble se reconnaître dans les écrits de Kafka. Sur les réseaux sociaux comme TikTok ou Instagram, beaucoup rapportent leur identification à la fois à l’écrivain lui-même (et son attitude pessimiste) ainsi qu'à ses personnages. L’humour noir, voire cynique est caractéristique de cette jeunesse qui démontre sa défiance en l’avenir. On peut donc lire en ligne de nombreux memes qui reprennent entre autre l’histoire de Georg dans La Métamorphose, qui se retrouve soudain isolé et étranger à sa propre famille après s'être transformé en bête immonde. La description de la médiocrité du personnage est reprise avec ironie par certains à leur propre sujet.
La seule attitude judicieuse constiste à s'accomoder de l'état des choses. Le Procès (1925)
Kafka décrit souvent un sentiment d’isolement, d’incompréhension face au monde qui résonne auprès d’une génération particulièrement seule. Lire les publications sous le hashtag #franzkafka ou #kafkaesque permet de comprendre à quel point beaucoup de jeunes utilisent l’humour comme moyen de s’approprier ce sentiment de décalage avec la société. La gen Z s’approprie les références kafkaiennes pour illustrer sa propre impuissance face à un monde dans lequel elle n’a pas vraiment d’espoir.
Pour en savoir plus sur Kafka, allez lire la rétrospective du Zeitgeister qui revient sur tout ces aspects et bien d'autres encore. Vous pouvez également visiter l'exposition au Musée Villa Stuck à Munich jusqu'au 11 février ou encore aller voir le film Die Herrlichkeit des Lebens à partir du 14 mars 2024 au cinéma, adapté du roman de Michael Kumpfmüller.
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