Les membres du Congrès de la Ville de México ont voté ce mardi 14 février une proposition de réforme du travail portée par le député morenista Nazario Noberto Sanchez, visant à accorder aux personnes menstruées un congé menstruel payé.
Selon une étude publiée par The Lancet en 2019, plus d’une femme sur cinq serait sujette à des crampes douloureuses pendant ses règles, et ce, sans compter les autres symptômes qui s’y ajoutent. C’est pourquoi le Congrès de la capitale a voté une proposition de loi afin d’instaurer un congé menstruel qui permettrait non seulement d’éviter les souffrances physiques des personnes menstruées sur leurs lieux de travail, mais aussi de ne pas les priver d’une perte de salaire.
Une proposition qui n’est pas près de voir le jour
Un tel processus de réforme de la loi fédérale du travail risque bel et bien de durer. 45 des 66 députés composant le Congrès de la Ville de México ont voté en faveur de la proposition de loi qui concerne le congé menstruel payé, selon L’Universal. Un vote qui, pour le moment, n’a permis que de pouvoir présenter cette proposition de loi au Congrès de l’Union. En effet, ce n’est que suite à son renvoi en commissions et à sa discussion en séance plénière qu’il pourra l’approuver. Elle sera ensuite présentée devant le pouvoir exécutif, qui la rendra officielle en la publiant au Journal Officiel de la Fédération.
?️✅ El #CongresoCDMX aprobó la propuesta de Iniciativa ante el Congreso de la Unión en materia de permisos laborales. Esta reforma tiene dos objetivos: apoyar a mujeres trabajadoras diagnosticadas con dismenorrea incapacitante y promover la prevención del cáncer de próstata. pic.twitter.com/Nyn5EgodJx
— Congreso de la Ciudad de México (@Congreso_CdMex) February 14, 2023
Un caractère restrictif accompagné de potentielles dérives
Cette proposition ne prend pas en compte toutes les personnes menstruées, puisqu’elle s’adresse seulement à celles qui subissent des dysménorrhées, qu’elles soient primaires ou secondaires. Le congé qui leur sera attribué pourra durer deux jours, et sera rémunéré. Toutefois, il est important de souligner que de nombreuses femmes craignent d’être les cibles de nouvelles discriminations cherchant à les exclure. Lors d’une interview donnée à El País, Geraldina González de la Vega, présidente du Conseil de la Ville de México pour la Prévention et l'Élimination de la Discrimination, prévient que « Le congé de menstruation devrait également être accompagné d'une série de mesures à mettre en œuvre sur le lieu de travail, car il pourrait entraîner une discrimination à l'encontre de celles qui le demandent, comme c'est le cas pour le congé de maternité ».
Un projet qui suit les traces de l’Espagne
Cette proposition de loi mexicaine fait écho à l’adoption du congé menstruel le 16 février dernier en Espagne. Inédit en Europe, il est destiné aux femmes qui ont des règles douloureuses, liées à certaines pathologies, et sera « reconnu comme une situation spéciale d’incapacité temporaire» de travail. En revanche, la loi ne précise pas la durée de cet arrêt maladie, qui devra être accordé par un médecin et sera financé par la Sécurité sociale. Soutenu par un gouvernement de gauche, ce texte a recueilli 185 voix favorables, 154 contre, ainsi que 3 abstentions. Un vote serré donc, qui a permis de « briser un tabou » et faire de ce 16 février « un jour historique pour les avancées féministes », selon la ministre de l’égalité Irene Montero. D’autres pays avaient également approuvé cette mesure auparavant, comme le Japon, La Zambie, l’Indonésie, ou encore Taïwan.