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ANTONIETA MERCADO - Le destin tragique de la première féministe mexicaine

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 25 octobre 2011, mis à jour le 8 février 2018

Le 11 février 1931, une déflagration retentit à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris : Antonieta Mercado, une mexicaine d'à peine trente ans, vient de se tirer une balle en plein cœur. Mais qui était cette jeune femme ? Et surtout quelles sont les raisons de son suicide ?

Antonieta Mercado (Photo: Conacutla)

Une enfance privilégiée
Antonieta Mercado naît dans la ville de Mexico le 28 avril 1900. Son père est l'architecte fétiche du président Porfirio Diaz qui dirige le Mexique depuis 1876. On lui doit, entre autres, la construction de la Colonne de l'Indépendance, du théâtre Juárez de Guanajuato et du Palais Municipal de Tlalpan. Au cours des années, il est devenu l'une des figures les plus en vue du monde artistique et culturel porfirien à la faveur de sa nomination à la tête de la prestigieuse Académie San Carlos. L'éducation reçue par Antonieta est, bien entendu, excellente. Outre l'apprentissage de plusieurs langues étrangères comme le français, l'anglais, et l'italien, ses précepteurs mettent l'accent sur la découverte des grands penseurs nationaux et internationaux. Cette enfance privilégiée se brise quand chute le régime porfirien, emporté par le flot révolutionnaire de 1910 : son père n'est plus rien dans le nouvel ordre mexicain et sa mère s'enfuit en Europe avec sa sœur et son amant.

La pionnière du féminisme mexicain
Après un mariage raté et la naissance de son enfant unique, Antonieta Mercado se réfugie chez son père auprès duquel elle vit jusqu'à ce qu'il décède, en 1927. Commence alors une nouvelle vie pour celle qui vient d'hériter de l'immense fortune paternelle. Elle sera entièrement dédiée aux arts et aux lettres. D'une manière frénétique, Antonieta Mercado se plonge dans l'écriture. Elle publie quelques textes, ici et là, avant de signer, en 1928, l'article qui lui vaut aujourd'hui sa place dans le panthéon du féminisme mexicain. Titré sobrement la mujer Mexicana, il propose une analyse objective, et donc parfois brutale, des rapports entre les hommes et les femmes dans la société mexicaine des années 1920: "les femmes mexicaines, dans leurs relations avec les hommes sont des esclaves. Sans vie propre, elles sont dépendantes des hommes qu'elles suivent aveuglement en se soumettant à leur volonté et à leur caprice". Parallèlement à son travail d'écriture, elle devient le mécène des Contemporáneos, un groupe de jeunes intellectuels qui entendent moderniser la littérature de leur pays et diffuser la culture et les arts au sein de la société.

Le dernier combat
La vie d'Antonieta Mercado bascule quand elle rencontre José Vasconcelos, ancien ministre de l'instruction publique et promoteur infatigable de l'éducation des masses. Elle en tombe éperdument amoureuse et s'engage corps et âme pour l'aider à remporter les élections présidentielles de 1929. Elle écrit plusieurs ouvrages qui lui seront, tout ou partie, consacrés, et finance même sa campagne électorale qui tourne court: le Général Calles réduit à néant les velléités de pouvoir de Vasconcelos en réprimant violemment ses partisans. En exil à Paris, la vie sentimentale des deux amants est loin de correspondre aux attentes d'Antonieta qui décide de mettre un terme à son existence. Le 11 février 1931, elle écrit une lettre au consul mexicain dans la capitale française pour lui demander de prendre en charge son fils. Elle se dirige ensuite vers la cathédrale Notre-Dame où elle se tire une balle en plein cœur avec le pistolet qu'elle avait subtilisé quelques heures plus tôt à son amant.

Olivier CHARPENTIER (www.lepetitjournal.com/mexico) mardi 25 octobre 2011

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