Construit comme un film à sketches, hybride, Donbass nous présente le conflit qui gangrène la région ukrainienne du même nom, en treize séquences cauchemardesques, entre la tragédie et la farce.
Des figurants (!) de journal télévisé en salle de maquillage, un mariage aux allures de cirque, une interview impossible, une immersion dans un abri pour réfugiés insalubre, un lynchage public ; ce kaléidoscope de moments plus cruels et absurdes les uns que les autres nous donne à voir une guerre d’un genre nouveau, où l’on se bat autant à coup de balles que de smartphones, entre vraies victimes et fake news, dans la plus pure veine orwellienne.
Transfuge du documentaire, Sergei Loznitsa manie le plan-séquence avec brio. Sans jamais attirer l’attention sur son dispositif, il parvient dans les meilleurs moments du film à donner l’impression d’être simple spectateur de scènes de rue glaçantes où s’exprime le pire de la nature humaine dans son rapport au pouvoir.
Si sa direction d’acteurs affaiblit parfois la force de l’image, le cinéaste reste néanmoins maître de la satire sans moralisme. Il flirte tantôt avec le mockumentaire, tantôt avec le burlesque, et porte un regard acéré sur ce qu’est et ce que sera la guerre du XXIe siècle. Bataille d’images et de discours, où tout le monde a son mot à dire, sauf les populations silencieuses.
Dans le Donbass de Loznitsa, tout n’est que mise-en-scène, mensonges et faux-semblants.
Un film à méditer.
Donbass
Un film de Sergei Loznitsa
Sortie en salles le 18 octobre
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