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Directrice d’un hôtel à Marrakech, Élodie s’investit aussi dans l’empowerment féminin

Arrivée à Marrakech en août 2025, Élodie Bourrel transforme son parcours de wedding planner en France en une aventure entrepreneuriale pleine de défis. En quelques mois, elle devient directrice d’un hôtel et d’un riad, tout en lançant son propre séminaire féminin, le Working Wed Girl Workshop, un rendez-vous de quatre jours dédié à l’empowerment et à la créativité des femmes.

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Élodie Bourrel © Marc Bourrel
Écrit par Mélanie Pierre
Publié le 7 novembre 2025, mis à jour le 25 novembre 2025


Après des années à organiser des mariages en France, Élodie Bourrel choisit de poser ses valises à Marrakech en août 2025, avec sa fille et son mari. Loin de se contenter d’une expatriation classique, elle a saisi l’opportunité pour réinventer sa carrière. Entre la gestion d’un hôtel, d’un riad et la création d’un séminaire innovant pour femmes, elle conjugue expertise professionnelle et ambition personnelle dans un nouveau chapitre inspirant de sa vie.

 

Marrakech, le point de départ d’une nouvelle vie pour Élodie et sa famille

L’idée de quitter la France murissait depuis plusieurs années. « Avec mon mari, photographe, on venait régulièrement organiser des mariages à Marrakech. J’ai eu un vrai coup de cœur pour cette ville », confie Élodie. Peu à peu, les allers-retours se multiplient. Entre le manque de réseau dans leur petite ville landaise, l’envie d’un cadre de vie plus stimulant et l’énergie ressentie au Maroc, le choix finit par s’imposer. « Nous voulions bouger, offrir un autre environnement à notre fille, et Marrakech nous semblait évidente », explique-t-elle. En août 2025, la famille saute le pas et s’installe définitivement.  Mais les débuts n’ont pas été simples. Trouver une maison correspondant à leurs critères s’est avéré difficile dans une ville très touristique, où les locations à l’année sont rares et chères. L’inscription de leur fille à l’école française a, elle aussi, demandé de l’organisation.

Mais une fois installés, l’intégration s’est faite naturellement. « Nous avions déjà quelques contacts sur place, une amie originaire de notre village en France qui possède plusieurs riads à Marrakech. Et au fil des événements qu’on a organisés ici, on s’est créé un petit réseau d’amis », raconte Élodie. Son mari, adepte de padel, s’est vite fait un cercle de connaissances. « Pour la sociabilisation, c’est parfait. Et puis, dans l’événementiel, on passe souvent trois jours non-stop avec les prestataires, alors les liens se créent vite », nous partage-t-elle.

 

 

Leur fille, elle aussi, s’est rapidement adaptée à sa nouvelle vie. « Elle s’est faite plus de copines en deux mois ici qu’en huit ans en France. Les enfants sont d’une bienveillance incroyable », sourit Élodie. Elle profite d’un cadre scolaire épanouissant avec trois heures d’anglais, trois heures d’arabe par semaine, de nombreuses activités extrascolaires et une ambiance multiculturelle. « L’école française de Marrakech compte une grande diversité d’élèves. Beaucoup de familles marocaines expatriées sont revenues. C’est exactement ce qu’on voulait : qu’elle découvre la mixité, qu’elle s’ouvre à d’autres cultures », explique-t-elle.

 

De l’organisation de mariages à la direction d’hôtel

En s’installant à Marrakech, Élodie et son mari ont recréé leur société, l’équivalent marocain de leur entreprise française, dédiée à l’événementiel et à la photographie. « Je voulais quand même m’assurer d’un revenu fixe », confie-t-elle. Car si la vie à Marrakech est ensoleillée, elle n’est pas forcément bon marché, « entre le loyer, les frais de scolarité et le quotidien, il faut une base solide. » Son mari, photographe, n’a pas tardé à se faire une place. Le marché de l’immobilier lui offre de nombreuses opportunités. En parallèle, il continue naturellement de couvrir des mariages.


 

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Dar Syada © Marc Bourrel


 

De son côté, Élodie a pris un tournant professionnel inattendu. « J’étais à mon compte en France, mais ici, j’ai voulu tenter autre chose. » À la recherche d’un poste fixe, elle est d’abord recrutée par une grande agence événementielle. Finalement, le destin la rattrape… Le directeur de l’hôtel Dar Syada, où elle avait organisé deux mariages, l’appelle pour lui proposer de lui succéder. « Je savais que c’était un beau défi, alors j’ai accepté. » Depuis le 1er novembre, elle est officiellement directrice du Dar Syada, un établissement de 21 chambres avec trois piscines et un terrain de tennis. « Ma mission est de transformer cet établissement en véritable hôtel, en ouvrant les chambres et le restaurant au public », précise Élodie. En parallèle, elle supervise aussi un riad de six chambres dans la médina et s’apprête à prendre la direction d’un troisième, actuellement en construction.

 

 

Une charge de travail colossale, qui l’oblige à lever un peu le pied sur son activité de wedding planner, « je continue à accompagner mes clients, mais je ne peux plus être présente sur chaque mariage. Je recrute des équipes en France et au Maroc pour assurer la continuité », affirme-t-elle.

 

Le Working Wed Girl Workshop, un espace pour se recentrer et réinventer sa carrière

 

 

Depuis dix ans, Élodie évolue dans l’univers du mariage. À la tête de Say Elo Wedding, elle a connu toutes les phases du métier, à savoir la montée en gamme, la course au luxe, la recherche de l’originalité, jusqu’à ressentir le besoin de revenir à l’essentiel. « Aujourd’hui, tout le monde veut “monter en gamme” pour le principe, et ça finit par uniformiser les choses. Moi, j’avais envie de redonner du sens à tout ça », confie-t-elle. De cette réflexion est né le Working Wed Girl Workshop, une formation immersive de cinq jours imaginés pour aider les femmes du secteur à se recentrer sur leurs valeurs et leur identité professionnelle. « J’avais envie de créer un espace où elles puissent souffler, se ressourcer et réfléchir à qui elles ont envie d’être, vraiment. »

 

 

L’hôtel Dar Syada s’y prête parfaitement. Élodie a trouvé l’endroit idéal pour concrétiser son projet. Le premier atelier, prévu du 17 au 21 novembre à Marrakech, sera consacré aux wedding planners, avant d’ouvrir à d’autres métiers du mariage. « Nous avons eu des demandes de maquilleuses, de photographes… donc les prochaines sessions seront plus larges, mais toujours dans le domaine de l’événementiel. » L’expérience, volontairement intime, est limitée à huit participantes, « nous voulons éviter les sous-groupes et privilégier l’échange. Même si la première session n’est pas complète, c’est parfait pour créer une vraie connexion », justifie-t-elle.

Autour d’elle, deux intervenantes. Vanessa Lauriola, corsetière et créatrice de robes de mariée, qui anime des ateliers autour de la puissance féminine, et Sarah Ourahou, designer, qui accompagnera les participantes dans la création d’un shooting final pour illustrer leur nouveau positionnement. Le tout pour 1.990 €, hébergement, formation et repas du midi inclus. Mais au-delà du programme, c’est surtout l’esprit du workshop qui compte, « l’idée, c’est de mettre sa vie sur pause quelques jours, de se recentrer, souffler et oser », détaille-t-elle.

 

Une anecdote qui illustre le quotidien marocain

« C’est une histoire que je raconte souvent, parce qu’elle résume bien la façon de travailler ici. » Lors de son premier mariage au Maroc avant son installation, habituée à un planning précis à la quinzaine de minutes près, elle appelle un prestataire pour caler les horaires. « Je demande au DJ : “Tu penses arriver à quelle heure ?” Il me répond calmement : “À l’heure de l’après-midi.” » Surprise, elle réplique « Oui, mais quelle heure exactement ? » Prévu pour 14 h, il arrive finalement à 16 h. « C’est comme ça que j’ai compris que le rapport au temps est très différent ici », sourit-elle. Depuis, elle s’est adaptée. « Au Maroc, il y a plus de problèmes, mais aussi beaucoup plus de solutions », résume-t-elle. Là où en France un imprévu un samedi après-midi peut devenir un vrai casse-tête, ici, tout finit toujours par s’arranger.

« Une fois, à une heure du mariage, on s’est rendu compte que les chaises livrées n’étaient pas les bonnes. En France, ça aurait été la panique. Là, une heure plus tard, on avait trouvé un autre prestataire et tout était réglé », nous raconte-t-elle. Pour éviter le stress, elle s’entoure toujours d’une petite équipe le jour J, « je garde la direction artistique et la logistique, mais j’aime travailler en équipe. »

 

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Dar Syada © Marc Bourrel

 

Et malgré les imprévus, ou peut-être grâce à eux, Élodie savoure pleinement sa nouvelle vie. « Ce n’est pas toujours facile, on perd ses repères, mais on se sent bien. On a l’impression d’être là depuis toujours. Et quand on ressent ça au bout de deux mois, c’est qu’on a trouvé notre place », conclut-elle.

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