Le 28 avril 2025, une panne géante d'électricité a paralysé l’Espagne et le Portugal. Comment les Lisboètes ont-ils vécu cette journée hors du commun ?


Les conséquences ont été immédiates : plus de feux rouges, ni de connexion Internet, ni d’électricité pour travailler ou s’informer. Si certains ont profité du calme forcé pour se détendre au soleil, d’autres ont ressenti stress et désorganisation, notamment à cause du manque de communication officielle. Lepetitjournal de Lisbonne est allé à la rencontre des Lisboètes et a recueilli leurs témoignages.
Une journée inattendue mais agréable
Silvia, 22 ans, serveuse : Le restaurant était ouvert et le service du midi terminé quand la panne a commencé. On a travaillé en terrasse pendant deux heures, puis fermé quand la nourriture a refroidi. Personnellement, j’étais ravie : j’ai pu avancer mes devoirs d’université. Et puis, beaucoup de glaciers distribuaient leurs glaces gratuitement, qui allaient sinon être jetées. Une journée inattendue mais agréable.
George et Carol, 75 et 77 ans, retraités anglais : Durant la panne d’électricité nous étions en croisière sur le Douro. Nous étions sur le point de rentrer à Porto, mais nous ne pouvions pas rentrer dans la ville car les barrages étaient fermés à cause de la panne. On a attendu 10 heures à bord mais on avait tout : de la nourriture, une belle vue, du soleil. Pour nous, ce n’était pas une mauvaise journée. Cela ne nous a pas vraiment affecté.
Entre chaos et sérénité
Anna, 55 ans, touriste espagnole : J'étais à Madrid lors de la panne d’électricité et c’était le chaos ! Quand j’ai voulu sortir du centre avec ma voiture, j’ai dû attendre 2h alors que ce trajet ne prend que 20 min à pied d’habitude. L’électricité est revenue progressivement dans les villes, car quand je quittais Madrid, je voyais au loin des lumières. À l’inverse, mon mari, à Grenade, a passé la journée en terrasse, comme en vacances.
Maria, 29 ans, serveuse chez un glacier : On a dû fermer à cause de la chaleur et du manque de courant, c’était impossible de conserver les glaces avec la température de ce lundi. Cette journée a non seulement entraîné une perte importante de marchandises, mais aussi une absence totale de recettes.
Un retour au réseau hétérogène
Luis, 36 ans, responsable de l’accueil dans un hôtel : Je n’étais pas sur place ce jour-là, mais mes collègues m’ont raconté. Les clients étaient stressés. On a fait de notre mieux pour les rassurer et créer un environnement calme, surtout quand il y avait des fausses rumeurs sur une attaque des Russes. Certains quartiers ont retrouvé l’électricité à 20h, d’autres comme le nôtre ont attendu jusqu’à 1h du matin.
Madère a été épargné par la coupure
Julia, 60 ans, guide touristique : Je suis de Madère, et lors de la panne d’électricité j'étais à Funchal. De fait, j’ai suivi la situation à distance, mais ça ne m’a pas affectée car nous avions du réseau sur l’île.
Sans cash, rien à manger !
Rita, 21 ans, étudiante : Cette panne d’électricité m’a fait comprendre à quel point il est essentiel d’avoir un peu de cash sur soi. De retour d’un week-end à Porto, mes placards étaient vides et je comptais faire mes courses dans l’après-midi. Je me suis rendue au seul supermarché encore ouvert dans mon quartier, où j’ai patienté 1h30 pour une boîte de thon et du pain. Mais une fois arrivée en caisse, impossible de payer : ma carte bancaire en ligne ne fonctionnait pas à cause de la panne, et je n’avais pas un sou en liquide. Résultat : rien à manger. Ce n’est qu’à 22h30 que j’ai pu enfin manger, grâce au barbecue de la terrasse et à la générosité de mes colocataires.
Entre détente improvisée et désorganisation totale, la grande panne du 28 avril a laissé des souvenirs contrastés. Une journée hors du temps, révélatrice de notre dépendance à l’électricité.