Le lundi 28 avril vers 11h35 une panne généralisée sur tout le Portugal et l´Espagne a mis en évidence la forte dépendance du Portugal à l'énergie électrique pour le fonctionnement de ses infrastructures essentielles et a provoqué l´interruption de nombreux services comme les transports publics, perturbé le trafic aérien ainsi que les télécommunications. Les causes ne sont pas encore connues et prendront probablement du temps à être identifiées.


Causes troubles sur l’origine de la panne d´électricité
Alors que l’origine exacte de la panne généralisée n’a pas encore été établie, plusieurs pistes sont avancées :
- Le gestionnaire du réseau électrique portugais (REN) évoque une hypothèse météorologique peu commune. Il s’agirait d’un phénomène de « vibration atmosphérique induite », déclenché par de fortes variations de température en Espagne. Ces fluctuations auraient causé des oscillations inhabituelles sur les lignes à très haute tension, fragilisant ainsi l’équilibre du réseau électrique.
- D’autres spécialistes avancent une explication technique : un déséquilibre de fréquence au sein du réseau, résultant d’un écart soudain entre la production et la consommation d’électricité. Cette instabilité aurait déclenché une série d'arrêts automatiques, dont une coupure brutale de 15 gigawatts en Espagne (soit environ 60 % de la demande nationale) en l’espace de cinq secondes, selon le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez.
- Dans une déclaration faite le 28 avril en soirée, le Premier ministre portugais a indiqué que l’origine de la panne semblait se situer hors des frontières du pays, sans toutefois pouvoir en préciser la cause.
Les autorités portugaises et espagnoles appellent à la vigilance face aux rumeurs de cyberattaque, pour l’instant non confirmées, et qui s’apparenteraient plus à de la désinformation.
Une dépendance énergétique mise en lumière au Portugal
La panne d'électricité du 28 avril 2025 a mis en évidence la forte dépendance du Portugal à l'énergie électrique pour le fonctionnement de ses infrastructures essentielles. Les transports publics, notamment le métro de Lisbonne et de Porto ainsi que les trains de banlieue, se sont arrêtés, tandis que les feux rouges défectueux ont entraîné des embouteillages majeurs. Les réseaux mobiles ont subi d'importantes perturbations, affectant particulièrement les appels et les services de données. Les hôpitaux ont dû recourir à des générateurs pour maintenir leurs opérations.
Dans les rues, la panne a provoqué des scènes de panique, de longues files d’attente dans les supermarchés et un sentiment général d’incompréhension. Les rares commerces restés ouverts ont été rapidement pris d’assaut, en particulier pour les biens alimentaires et les radios, alors seul moyen d’information. Tandis que certains tentaient de faire face au chaos, d'autres Portugais ont choisi de profiter du beau temps pour passer la journée dehors, déconnecté.
Cette situation a souligné la nécessité de renforcer les systèmes de communication d'urgence et de sensibiliser le public aux mesures à adopter en cas de crise énergétique.
Réseau rétabli progressivement
Dès le lendemain matin de la panne généralisée, le réseau s’est rétabli sur la majorité du territoire portugais. Les écoles, universités ont réouverts, la circulation des trains était rétablie dès 5h du matin, les stations-service étaient de nouveau opérationnelles, et de nombreux hôpitaux ont vu leur situation se stabiliser.
Concernant les aéroports nationaux, la situation s'est progressivement normalisée. L'aéroport de Lisbonne, qui avait fermé vers 13h le 28 avril, a permis le décollage des vols nocturnes à partir de 21h38. Les aéroports de Porto et de Faro ont utilisé des générateurs pour maintenir leurs opérations. Toutefois, des retards et des annulations ont entraîné une forte affluence aux guichets pour la reprogrammation des vols et la gestion des bagages.
Le rétablissement du courant électrique au Portugal a été possible grâce à la mise en marche de deux centrales ; la centrale hydroélectrique du barrage de Castelo de Bode dans la région de Tomar et la centrale thermique de Tapada do Outeiro sur les bords du fleuve Douro dans le nord du Portugal proche de Porto. Ces deux centrales sont pourvues d´un système « Back Start » qui leur permet de démarrer la production d´électricité sans recourir au courant électrique.
Une commission technique et une enquête européenne en préparation
En réponse à cette crise, le Premier ministre portugais, Luís Montenegro, a annoncé la création d'une commission technique indépendante chargée d'analyser les causes de la panne et de proposer des mesures pour améliorer la résilience du système électrique national. Cette initiative fait suite à la constatation de la vulnérabilité des infrastructures critiques du pays, telles que les hôpitaux et les services d'urgence, largement affectés par la panne.
Par ailleurs, une enquête approfondie au niveau européen est en préparation pour déterminer les causes de la panne. Un rapport détaillé est attendu dans un délai de six mois, incluant une reconstitution minute par minute de l'incident et des recommandations pour renforcer la résilience du réseau électrique ibérique. La Commission sera dirigée par un gestionnaire de réseau d’un pays membre de l’Union européenne, avec la participation des opérateurs énergétiques d’Espagne, du Portugal, de la France, ainsi que des organismes européens tels que ENTSO-E (Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d'électricité) et l’ACER (Agence de coopération des régulateurs de l’énergie).
Bien que la Commission européenne ne participe pas directement à l’enquête, elle a exprimé son intérêt pour les conclusions qui en découleront. Les résultats pourraient donc influencer les politiques énergétiques de l’Union européenne, notamment en ce qui concerne la sécurité des infrastructures critiques et la gestion des énergies renouvelables.