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MAX BAQUIAN - Directeur de l´IFP : " Notre ambition aujourd’hui est de faire autant qu’hier, mais différemment"

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 6 septembre 2016, mis à jour le 6 septembre 2016

L´Institut Français du Portugal (IFP) a quitté les anciennes installations qu´ il a occupé pendant près de trois décennies pour revenir à son lieu d´origine, le Palais de Santos où se trouve également l´Ambassade de France. A l´occasion de sa prochaine ouverture au public, le 13 septembre prochain, son directeur Max Baquian a accordé une interview au Lepetitjournal/Lisbonne.

Max Baquian, Directeur et Conseiller de coopération et d´action culturelle est arrivé au Portugal il y a précisément un an, au moment où l´IFP changeait de locaux et alors que cette situation avait créé un mouvement d´agitation assez intense au sein de la communauté française ainsi qu´auprès d´un certain nombre d´interlocuteurs portugais(1). Diplomate de carrière et parlant le portugais -en poste, entre autres, au Mozambique, au Brésil et en Angola avant d´arriver au Portugal- il a tenu lors de cette interview à montrer que la France tient à sa présence culturelle au Portugal mais sous un nouveau format. Il  est nécessaire "d´adapter notre dispositif aux réalités actuelles du paysage culturel lisboète" dit-il. Décidé à aller de l´avant, il présente les caractéristiques qui président dorénavant au fonctionnement de l´IFP. Celui-ci se veut davantage dans l´air du temps et même à l´avant-garde dans ses propositions culturelles ; tourné vers les défis contemporains. L´IFP se projette dans l´avenir et se définit presque comme un "laboratoire" ouvert à toutes sortes de challenges culturels.
(Photos : @IFP)

Lepetitjournal/Lisbonne : L´IFP a déménagé à l´été 2015 pour s´installer dans ses locaux d´origine, accolés à l´Ambassade de France à Lisbonne. Ce nouvel Espace ouvrira au public sous quelques jours, Quelles sont ses caractéristiques et qu´y trouvera-t-on ?
Max Baquian : En effet, vous avez raison à l'été 2015 l'Institut Français du Portugal (IFP) a quitté l'immeuble qu'il avait occupé pendant près de 30 ans afin de s'installer dans l'aile-ouest du Palais de Santos, là où précisément il avait ouvert ses portes en 1937. Au cours des trois décennies écoulées, le paysage culturel lisboète a connu la profonde transformation que l'on sait, et qui s'est notamment traduite par un foisonnement des lieux de connaissance, de création et de spectacle, rendant dès lors l'outil Luís Bívar quelque peu dépassé et surtout redondant. Aussi, prenant acte de cette nouvelle donne, l'IFP entend-t-il aujourd'hui proposer "dans ses murs" une offre culturelle renouvelée.
La salle polyvalente  qui est de 115 m², dont 25 m² de mezzanine, dite L'Espace, qui sera ouverte au public le 13 septembre prochain, dans quelques jours, est d'abord une médiathèque axée sur le contemporain et prolongée par une culturethèque (bibliothèque numérique). Autour d'elle graviteront activités et animations. Notre objectif est de rapprocher et croiser le livre avec différents modes d'expression artistique (musique, peinture, cinéma, chorégraphie?) de sorte que l'Espace soit, outre un lieu de lecture, un lieu de créativité et d'innovation.

Comment définissez-vous la politique culturelle de l´IFP, dans cette nouvelle phase de sa vie ?


Je peux vous dire que l´ouverture de L'Espace vise surtout à adapter notre dispositif aux réalités actuelles du paysage culturel lisboète qui se caractérise par la profusion des lieux de culture, mais aussi aux technologies d'aujourd'hui. Dans ce nouveau contexte, nos manifestations "hors les murs" seront amplifiées, nos partenariats élargis et, espère-t-on, de nouveaux publics conquis. L'Espace, lui, aura surtout pour vocation d'être un "laboratoire", un lieu d'expérimentation artistique, s'adressant à un public forcément ciblé.

Pourquoi les travaux ont-ils duré aussi longtemps avec une ouverture au public le 13 septembre 2016, un an après le déménagement des anciens locaux ?
Il n'y a pas d'autres raisons pour expliquer la réouverture au public de l'IFP un an après son déménagement que les multiples retards pris par nos différents prestataires dans la mise aux normes (électriques, sonores et sécuritaires) de la salle d'abord, et dans sa transformation ensuite en une médiathèque, dotée de tous les équipements de son et de projection permettant, également, la réalisation "dans nos murs" de quelques manifestations culturelles ; sans mentionner le nécessaire rafraîchissement de l'ensemble de la façade extérieure du bâtiment. Il aurait fallu que toutes ces entreprises travaillent sans discontinuer pour espérer une ouverture en décembre 2015, comme initialement envisagé.  

Pourquoi évoque  t-on à l´occasion de l´ouverture de ce nouvel Espace, la présence de ?partenaires institutionnels? et ?opérationnels?? L´IFP n´est donc pas complètement  autonome  pour ce qui concerne sa programmation et les aspects opérationnels de ses activités ?

Non, l'IFP n'est pas une société de production et de diffusion culturelle dotée de moyens matériels et humains lui permettant de fonctionner en parfaite autonomie. Je note que même dans le cas de réalisations en propre telles que le Festival du cinéma français, nous ne pourrions faire grand-chose sans le soutien de nos partenaires institutionnels (municipalité de Lisbonne et toutes les municipalités participantes) et opérationnels (EGEAC, cinéma São Jorge, Cinémathèque portugaise, distributeurs de films?), parties prenantes de ce festival. Il apparaît donc somme toute logique que l'IFP, par ailleurs acteur majeur du dispositif français de coopération au Portugal, mette en ?uvre ses opérations dans le cadre de partenariats conclus avec différentes entités portugaises.  

Enfin, il est impossible dans votre rôle de nouveau directeur de l´IFP, de ne pas  vous interrogez sur votre sentiment concernant les polémiques qui ont présidé au changement d´installation de l´IFP, il y a  plus d´un an de cela ?
J'ai bien évidemment été informé, dès ma prise de fonction, de l'émotion - je préfère utiliser ce terme plutôt que celui de « polémique »- qu'avait suscitée la décision de transférer les services de l'IFP de Luís Bívar vers Santos. A dire vrai, et pour l'avoir vécu dans d'autres pays, j'ai trouvé cette émotion plutôt légitime voire flatteuse pour notre pays. En effet, voilà un lieu où de nombreux Portugais, dont beaucoup appartiennent aujourd'hui à l'élite du pays, ont découvert ce qu'était la culture française, et dont on décide brusquement la fermeture. Comment ne pas s'en désoler? Cela étant, je note que les interlocuteurs portugais à qui j'ai pris le temps d'expliquer les raisons ayant motivé cette décision, ont toujours su faire montre de compréhension.
Quoi qu'il en soit, et pour toutes les raisons invoquées précédemment, une adaptation de notre dispositif était devenue inéluctable. Notre ambition aujourd'hui est de faire autant qu'hier, mais différemment.


Propos recueillis par Custódia Domingues (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mercredi 7 septembre 2016

En savoir plus : www. Ifp-lisboa.com

(1) Lire aussi nos articles :
- CHANGEMENTS DANS LES STRUCTURES FRANÇAISES AU PORTUGAL - Fermeture du consulat de Porto et vente des installations de l´IFP (Décembre 2014)

- JEAN FRANÇOIS BLAREL - L´ambassadeur de France au Portugal apporte des éclaircissements sur la fermeture du Consulat de Porto et le changement d´installation de l´IFP (Décembre 2014)

- AZOUZ BEGAG ? L'IFP entame un retour vers le futur (Février 2015)

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Publié le 6 septembre 2016, mis à jour le 6 septembre 2016

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