

Il est bien connu que l'entreprise est un lieu propice aux rencontres. Théâtre où se déchaînent toutes les passions liées au pouvoir que concède l'amour et/ou l'argent, elle autorise la mise en scène du corps sur un mode qui oscille de l'effacement à l'exhibitionnisme
(Photo : M.J. Sobral)
Si "se faire beau/belle " pour aller travailler est la manifestation bienvenue du respect de soi et d'autrui, "faire le beau/la belle" peut devenir une tentative de manipulation dérangeante pour celui ou celle qui la subit. Autant "séduire" peut nous échapper quand les signes sont subtils autant la tentative de séduction utilise le plus souvent l'artillerie lourde.
La stratégie du "être vu(e)"
La tentative de séduction commence quand on attend une jouissance du regard qui se pose sur soi. La figure du paon exprime de façon paroxystique ce déploiement de soi qui est sensé impressionner. On montre ce qui peut produire de l'éclat, marquer sa présence, par la vue (les vêtements, les accessoires?), par l'odeur (la peau, les parfums), par la prise d'espace (les gestes, les démarches?), par l'ouie (la voix, les cliquetis?). L'objectif c'est d'être vu(e). On pourrait dire finalement que c'est plutôt agréable, un spectacle coloré et inoffensif. Ce serait passer outre l'intention moins innocente de la manipulation.
L'autre comme " moyen "
" Séduire " pour instrumentaliser l'autre ce n'est pas le fait de se sentir élégant en costume ou légère avec sa nouvelle robe mais prendre l'autre en otage du spectacle qu'on lui offre de notre corps en le rendant de fait complice de ce que nous lui jouons, c'est lui octroyer la place du voyeur quand bien même il serait aveugle. Tout d'abord, il faut qu'il y ait un but, une intention, un objectif, une fin. Ce peut-être simplement l'autre en tant que personne, l'autre susceptible de permettre l'accès à quelque chose de convoité, ce peut être l'autre comme élément d'une stratégie de jalousie, d'asservissement, de conquête?
Hystérie et perversion
Séduire demande de la motivation, de l'énergie, de la stratégie, de la persévérance. N'est pas séducteur qui veut. Deux types de personnalité utilisent la séduction comme mode de communication privilégié. On reconnaît les premiers à leur besoin d'attirer l'attention sur eux, par le fait qu'ils sont facilement influençables (structure psychique dite " hystérique " chez l'homme et chez la femme), ils cherchent à être aimé(e). Les seconds sont identifiables par le détachement dont ils font preuve face à autrui. Ils peuvent soudainement entrer dans une phase de séduction pour le seul fait de jouir du pouvoir qu'ils exercent sur autrui et de l'absence de culpabilité qu'ils ressentent (structure psychique dite " perverse ").
Peut-on être victime de séduction ?
Tout d'abord, recevoir des manifestations amoureuses -même si dans l'absolu cela paraît très généreux- est pour le moins inapproprié dans l'entreprise. Ensuite, c'est un peu comme vous obliger à prendre un dessert soit que ne vous n'aimez pas soit que vous êtes en incapacité d'avaler sous peine d'être indisposé(e). Vous pouvez trouver le gâteau très appétissant et pour autant ne pas vouloir le consommer. Devenir l'objet de sollicitations incessantes c'est devenir victime d'un jeu auquel on ne veut pas jouer.
Comment mettre fin à une tentative de séduction ? Quand le " je " remplace le " jeu "
Il s'agit en premier lieu d'être tout à fait clair avec soi et de se demander si quelque chose dans notre comportement a pu laisser croire en notre disponibilité. Le cas échéant, il nous appartient de revenir sur le malentendu et d'exprimer notre ressenti. Toujours partir du " je ". Par exemple, " j'ai le sentiment que vous/tu me crois disponible, je peux me tromper, mais pour préserver la qualité de nos relations professionnelles, je préfère éviter tout malentendu ".
Si vous êtes clairement un pion dans une stratégie qui ne vous rapporte rien, soyez précis et concret sur les comportements qui vous dérangent et commencez toujours vos phrases par le " je " dont personne ne peut vous ôter la légitimité. Par exemple " je suis mal à l'aise quand vous entrez dans mon bureau dans telle tenue ou en vous comportant de telle façon, la qualité de nos relations gagnerait à ce que vous en teniez compte ".
Si nous écoutons notre intuition, nous sentons parfaitement de qui nous méfier et avec qui nous laissez aller, Les uns ne nous respectent pas, les autres nous envoient des messages d'attachement nécessaires à toute vie en collectivité. A nous de savoir lever les ambiguïtés.
Nathalie Vogelsinger-Martinez (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) Lundi 22 mars 2010
Coach de projets professionnels et personnels
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