Laurence Sailliet est la candidate du parti Les Républicains et de l'UDI pour la 5ème circonscription lors des législatives qui auront lieu en juin prochain. Engagée sur ce territoire depuis 2008, elle sillonne l'ensemble des 4 pays : l'Espagne, le Portugal, Andorre et Monaco et va à la rencontre des Français qui y sont installés. Son implication n'a visiblement pas été altérée par sa défaite de 2012 face au candidat socialiste. Lepetitjournal.com/Lisbonne a interviewé la candidate à l'occasion de son déplacement à Lisbonne le 17 mars, alors qu'elle présentait son programme et ses ambitions pour la circonscription auprès de Français venus l'entendre.
La candidate, par ailleurs membre du Bureau Politique et du Comité des Finances des Républicains, boit un café en lisant la presse quand nous arrivons devant elle, en nous voyant elle se lève et nous invite à nous asseoir. La conversation s'engage:
Lepetitjournal.com/Lisbonne : Vous vous présentez aujourd'hui pour la deuxième fois aux élections législatives pour la 5ème circonscription sous l'étiquette Les Républicains-UDI (Union des Démocrates et Indépendants). Quelle est cette volonté forte qui vous porte ?
Laurence Sailliet : La volonté de servir. La volonté de porter la voix des Français de la 5eme circonscription à l'Assemblée nationale. En 2012, l'élection de François Hollande a créé un élan qui a permis l'arrivée d'un député socialiste. Cependant, je suis restée très investie sur mon territoire et mon engagement est intact. La naissance de ma seconde fille Victoire en 2015 m'a amenée à suspendre pendant quelques mois mes voyages mais ce merveilleux événement ne m'a en rien éloignée de mes concitoyens. Mes contacts quotidiens avec, les conseillers de l'AFE (Assemblée des Français de l'Étranger), les conseillers consulaires, les responsables du parti, très actifs sur le terrain, et avec mes compatriotes, ont maintenu cette belle dynamique pendant cette courte période.
(Photo : @Laurence Saillet)
Quelles sont les grandes lignes de ce projet que vous avez imaginé pour les Français de la 5ème circonscription et quelles sont, selon vous, les problématiques les plus importantes à traiter ?
Les priorités sont : la scolarité, la dynamique entrepreneuriale, la fiscalité et les retraites.
Concernant la scolarité, selon moi la situation s'est aggravée depuis 2012 du fait de la forte baisse des crédits alloués à l'aide à la scolarité après la décision de François Hollande et de sa majorité. Aujourd'hui, de plus en plus d'enfants français ne peuvent pas accéder à l'enseignement français. C'est un véritable scandale ! Les problèmes sont nombreux : capacité d'accueil, financement, accompagnement des enfants en difficulté? Pourtant des solutions existent et mes propositions sur le sujet seront précises, efficaces et ambitieuses. Permettre à tous les enfants français d'accéder à l'enseignement français est un engagement fort, basé sur un principe d'égalité. C'est mon combat.
L'entreprise représente un superbe champ d´action. Entreprendre à l'étranger est une formidable aventure mais aussi un défi ! Je veux favoriser les initiatives sur notre circonscription et soutenir les entrepreneurs français dans toutes les étapes : création, maintien et développement des activités. Je crois beaucoup aux clubs et différentes associations et je soutiendrai leurs actions. Par ailleurs, je pense qu'il est intéressant de créer des synergies entre les 4 pays de la circonscription. Beaucoup d'entrepreneurs sont demandeurs et nous avons déjà initié un projet dans ce sens.
En matière de fiscalité, le principe de territorialité est fondamental et doit être réaffirmé sans ambiguïté. Nous devons lutter contre la tentation permanente de la gauche d'instaurer un impôt basé sur la nationalité. C'est une aberration ! Tout aussi aberrant : faire payer des charges sociales aux Français de l'étranger qui ne bénéficient en rien des prestations comme c'est le cas avec la CSG-CRDS depuis 2012. Nous reviendrons sur cette taxation injuste et abusive. La fiscalité connaît des spécificités selon les pays qu'il est difficile de résumer en quelques mots. Concernant le Portugal, on ne peut que se réjouir des conditions offertes qui permettent une dynamique favorable pour l'économie du pays.
Pour les retraites, il est essentiel d'améliorer l'information de nos compatriotes et de faciliter la coordination des différents régimes afin d'assurer la continuité des prestations. Par ailleurs, nous devons agir pour permettre la prise en charge de la dépendance mais aussi du handicap et ceci à tout âge. Les situations sont très différentes, selon les pays et les parcours individuels ; il faut en tenir compte et adapter les réponses.
Quelle est votre conception du mandat de député ?
Le député est un représentant de la nation et de sa circonscription à l'Assemblée nationale.
Je veux porter la voix des Français d'Espagne, du Portugal, d'Andorre et de Monaco dans l'hémicycle et être présente à leurs côtés sur le terrain. L'étendue du territoire et la complexité des problématiques justifient d'autant plus l'exercice exclusif de ce mandat. Beaucoup de Français de la circonscription ont été choqués lorsque le député socialiste, à peine élu en 2012, s'est présenté aux municipales en France puis aux régionales. Je veux leur dire qu'en aucun cas je n'aurai cette attitude et que je me consacrerai entièrement à mon mandat. D'ailleurs, je peux vous dire que j'ai refusé toutes les autres sollicitations depuis 2012 et je suis restée engagée sur notre circonscription.
Vous appartenez à la famille politique des Républicains qui connaît actuellement de nombreux déboires autour de François Fillon. Est-ce que cela vous met en difficulté ? Pensez-vous que François Fillon aurait dû se retirer par exemple, au vu de la situation ?
La politique c'est difficile. Cette campagne est difficile, personne ne l'ignore. François Fillon, notre candidat, tire sa légitimité d'une Primaire qui a rassemblé 4 millions et demi de Français et qu'il a largement remportée. Je le soutiens et je suis certaine que notre programme est le seul qui permettra le redressement de la France. La question qui se pose aujourd'hui est très claire : Que veut-on pour la France ? Ce que nous proposons, c'est libérer l'économie pour créer de l'emploi et augmenter le pouvoir d'achat, restaurer l'autorité de l'Etat et assurer la sécurité des Français. Nous voulons réaffirmer fièrement ce que nous sommes, nos racines, notre culture. Il émane de notre pays une demande de liberté, d'autorité et de fierté.
Le 6 mars le Ministère des Affaires Etrangères a annoncé le retrait du vote électronique pour les Français de l'Étranger lors les prochaines législatives pour des raisons de sécurité. Quelle est votre position sur cette question ?
J'ai été très surprise de cette annonce tardive, trois mois avant les élections ! Il est difficile d'évaluer le risque sécuritaire évoqué mais force est de constater, une fois de plus, l'impréparation et l'amateurisme de ce gouvernement. C'est à l'image de la politique menée par la gauche tout au long de ce quinquennat pour la France et pour les Français de l'étranger : du désintérêt pour ne pas dire du mépris. Si nous prenons l'exemple des Français d'Algarve, ils devront aller à Lisbonne pour voter ! Alors que rien n'empêche l'ouverture d'un bureau de vote à Faro, celle-ci m'a été refusée ainsi qu'aux élus ayant fait également la demande. Il reste le vote par correspondance, dont l'échéance pour l'inscription a été reportée au 14 avril et les procurations mais chacun sait que ces démarches, que j'encourage néanmoins sont plus complexes.
Si vous êtes élue, de quelle façon allez-vous vous organiser pour être présente et accessible auprès des Français de la circonscription ?
C'est très simple, je siégerai trois jours par semaine à l'Assemblée nationale et je me rendrai chaque semaine en circonscription. Etre engagée sur son territoire ce n'est pas y avoir une adresse mais c'est y être présente aux côtés des Français qui y vivent et partager leur quotidien. Je tiendrai des permanences pour les rencontrer individuellement, je participerai aux évènements qui les rassemblent et j'organiserai des réunions publiques. Puis, je continuerai à dialoguer régulièrement avec les responsables politiques de chaque pays autour de nos intérêts communs. En résumé, un député a un pied à l'Assemblée nationale et l'autre en circonscription. Ma force, c'est l'alliance de mon engagement au niveau national, notamment au sein de ma famille politique, et de mon ancrage local. C'est cela qui me permettra d'être crédible et de faire aboutir les projets utiles pour notre circonscription.
L'Institut Français du Portugal a eu à changer de site, cela a suscité un certain nombre de polémiques. Seriez-vous prête à vous battre pour que celui-ci retrouve une certaine dimension avec des moyens aussi importants qu'auparavant ?
Bien sûr que je me battrai, parce que ce n'est pas une question de coût mais de volonté politique ! Il y a tellement d'argent gaspillé dans des projets qui ne mènent à rien. Beaucoup de Français en France et à l'étranger s'interrogent aujourd'hui sur la perte de notre identité, de notre culture, de notre langue. Alors comment comprendre une telle décision ?
Vous venez de rencontrer à Lisbonne des Français qui sont venus vous écouter pour savoir ce que vous aviez à proposer au niveau de votre programme. Quelles étaient leurs principales préoccupations ?
Les Français que j'ai rencontrés sont inquiets pour la France. L'éloignement ne minimise en rien l'attachement qu'ils ont pour leur pays, bien au contraire. Ils sont inquiets, inquiets de la situation économique avec le chômage et la pauvreté qui augmentent, inquiets de la situation sécuritaire liée aux attentats mais aussi à la forte délinquance aggravée par 5 années de laxisme, inquiets de la perte de nos valeurs. Les problématiques spécifiques aux Français de l'étranger et notamment du Portugal ont aussi été évoquées : scolarité, retraite, fiscalité ?
Récemment à Versailles, le Président français avec la Chancelière allemande et les dirigeants espagnol et italien ont assumé que dorénavant il y aurait une Europe à deux vitesses. Il est fort possible qu'un ou des pays se trouvant dans la 5ème circonscription viennent à faire partie de cette Europe dite moins performante. Quel est votre avis ?
Au-delà des mots, il faut des actes ! Je suis profondément européenne mais il faut construire une Europe nouvelle, indépendante et puissante. Une Europe qui protège ses frontières extérieures, qui crée de l'emploi et qui respecte pleinement les Nations. Le lien avec notre partenaire allemand est fondamental mais je milite activement pour le renforcement de l'axe France-Espagne-Portugal. Nous avons beaucoup à apprendre et à faire avec ces pays amis dans de nombreux domaines. Dans la lutte contre le terrorisme, par exemple, la coopération franco-espagnole, très performante, est un modèle à suivre. Je rédige d'ailleurs un livre blanc sur le sujet.
Comment résumez-vous votre programme et votre combat politique ?
Sincère, ambitieux, au service de nos compatriotes.
Custodia Domingues (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mercredi 22 mars 2017
En savoir plus : www.laurence-sailliet.com
Lire aussi sur l´édition de Barcelone : LÉGISLATIVES 2017 - La parole à Laurence Sailliet, candidate Les Républicains et UDI