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GABRIELLE SIRY - Candidate du Parti socialiste aux élections législatives pour la 5ème circonscription

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 23 mai 2017, mis à jour le 31 mai 2017

Gabrielle Siry a été investie en tant que candidate des socialistes et des écologistes aux élections législatives 2017 sur la 5ème circonscription des Français de l'Étranger. Elle sera notamment au Portugal du 26 au 28 mai. Lepetitjournal.com/Lisbonne a été à sa rencontre afin de mieux la connaître et l'interroger sur les raisons et les enjeux de sa candidature.

Ex-conseillère aux affaires financières et internationales d'Axelle Lemaire, Secrétaire d'Etat chargée du numérique jusqu'en février 2017, Gabrielle Siry occupe actuellement le poste de secrétaire national à l'Économie du Parti Socialiste. Âgée de 27 ans, elle a vécu aux Etats-Unis, en Allemagne et en Belgique avant de décider cette année de s'installer à Madrid, pour être au plus proche de la circonscription qu'elle souhaite défendre. Elle s'est présentée pour la première fois aux Français du Portugal lors de sa visite à Lisbonne le 19 février dernier au côté de Benoît Hamon, candidat du Parti Socialiste à l'élection présidentielle française 2017. Désormais officiellement investie candidate aux législatives, elle présente son programme à nos lecteurs.

Lepetitjournal.com/Lisbonne : Pouvez-vous vous présenter, quel est votre parcours professionnel ?
Gabrielle Siry : J'ai une formation généraliste, spécialisée en économie et sciences politiques. J'ai d'abord étudié à l'Institut d'Etudes politiques de Rennes, puis à l'Université Paris 1 en Droit Public, et finalement à Sciences-po, toujours dans le domaine des affaires publiques et des questions internationales. J'ai également passé deux années à l'étranger, dans les universités de Brême en Allemagne et du Massachusetts à Boston, aux Etats-Unis. J'ai beaucoup travaillé en tant que conseillère au Parti Socialiste, où je suis militante depuis une dizaine d'années maintenant, et au cabinet d'Axelle Lemaire, qui a tenu le poste de député des Français de l'étranger pour la troisième circonscription d'Europe du Nord jusqu'en mai 2014. Je l'ai l'accompagnée dans tous ses déplacements à l'étranger, et cela fait un moment que je m'intéresse aux problématiques des Français de l'étranger. J'ai pu notamment porter ces sujets dans les Cahiers de la présidentielle, déclinés en sept thèmes et proposant les grandes directions d'action du Parti socialiste pour 2017.

Quelles ont été vos motivations pour accepter cette proposition venant de votre parti politique?
Le candidat  PS à la présidentielle a été ma motivation principale même s'il n'a pas gagné. Les priorités de Benoît Hamon concernant l'impact du numérique sur les conditions de travail, avec des solutions comme le revenu universel ou le partage du travail, me tiennent particulièrement à coeur. Je suis très à l'aise avec ces thématiques, tout comme celles de la transition écologique ou du renouveau démocratique. Ce sont des sujets qui me parlent beaucoup, et qui parlent aussi je crois à toute ma génération. Nous découvrons ces transitions dès notre entrée dans la vie professionnelle, et j'ai le sentiment que ce n'est pas assez pris en compte dans les politiques publiques. Ma conscience politique s'est forgée en plein dans la crise économique et j'ai passé du temps à étudier l'économie dans ce paradigme là. Je me sens très européiste, j'ai beaucoup sollicité la mobilité intra européenne, et je suis persuadée que nous avons beaucoup de choses à faire ensemble. Pour autant, je ne me satisfais pas de la manière dont fonctionne l'Union européenne à l'heure actuelle.

Ensuite le fait que je suive ces sujets des Français à l'étranger depuis un moment a été une motivation à ma candidature. Ce n'est pas facile de se lancer lorsque l'on est jeune, donc j'ai consulté plusieurs personnes autour de moi avec qui j'ai travaillé, et les retours ont finalement été très positifs, notamment au PS où nous avons fait un bon travail sur les Cahiers présidentiels, ce qui a en quelques sortes légitimé ma candidature.

Selon vous, quels sont les problèmes majeurs qui se posent aux Français de la cinquième circonscription, quelles seraient vos priorités en tant que députée ?
La priorité, et ce dont j'entends parler à chacun de mes déplacements, est la question de l'éducation, et de la possibilité pour les Français de scolariser leurs enfants au Lycée français, dans un contexte où les listes d'attente s'allongent, notamment pour les inscriptions en cours d'année. Il y a également la problématique des frais de scolarisation, qui ont augmenté de 50% entre 2010 et 2014 à Lisbonne notamment, ce qui est devenu difficilement abordable pour de nombreuses familles. J'ai rencontré des parents d'élèves à Lisbonne contraints de retirer leurs enfants du Lycée français, à la fois en raison des frais d'inscription, mais également du manque de solution en ce qui concerne le périscolaire, en particulier pour les familles monoparentales. Nous réfléchissons avec les parents d'élèves concernés, qui ne manquent pas de dynamisme, à la création d'une offre plus accessible dans le périscolaire par le biais d'un projet FLAM (Français Langue Maternelle) par exemple, que je pourrais contribuer à financer grâce à ma réserve parlementaire. Il serait aussi envisageable de plafonner les frais de scolarité au montant des bourses scolaires, et de prioriser un accès sur critères sociaux pour les villes où il y a plusieurs établissements français. Globalement concernant l'éducation il s'agirait de reprendre les bonnes propositions du programme présidentiel et les adapter aux spécificités locales. Pour finir, il faudrait développer les ressources numériques de manière à diminuer pour les familles les frais d'investissements dans les livres. Un projet est également en cours au Ministère de l'Education nationale et des Affaires étrangères pour la création d'une école française numérique à l'étranger sur lequel j'ai travaillé et qui devrait être lancé à la fin de l'année sous la forme d'un projet pilote. L'idée serait de regrouper, sur une même plateforme, toutes les offres d'enseignements publics et privés afin de proposer un parcours plus individualisé aux élèves en fonction de leurs niveaux et de leurs besoins. Ce système ne devrait pas se substituer à l'enseignement présentiel, mais serait plutôt destiné aux enfants scolarisés dans le système local ou à ceux qui arrivent en cours d'année et cherche une solution pour rester en contact avec la langue française. Pour finir, je souhaiterais mettre en place des outils nécessaires à l'identification en amont des enfants présentant des handicaps ou des troubles de l'apprentissage de manière à ce qu'ils soient accompagnés dans leur scolarité et à s'assurer que la création du corps des psychologues de l'éducation nationale, annoncé en février par Najat Vallaud-Belkacem, soit étendue aux Français de l'étranger.

Maintenant concernant la fiscalité, je suis frappée par des situations particulières qui touchent des groupes relativement réduits comme les retraités binationaux du secteur public, qui se voient attribuer un régime particulier du fait de leur statut et sont imposés au Portugal à des taux très élevés. Cette situation absurde et discriminatoire s'explique par le fait que ce sujet n'ait pas été traité lors de la convention fiscale bilatérale, car ils n'ont pas eu accès aux bons interlocuteurs pour se faire entendre au moment des négociations. Ce problème concerne une centaine de personnes et il est très difficile de rouvrir les négociations d'une convention qui touche l'intégralité de la population pour un groupe restreint, je souhaite toutefois y remédier. Et je souhaiterais qu'à l'avenir les citoyens soient alertés suffisamment tôt sur ces problématiques, et que des relais puissent me transmettre les informations de manière à ce que je les porte rapidement dans les centres de décision. Je tiens aussi à préciser que la gauche ne propose en aucun cas un impôt universel pour les Français de l'étranger.

Concernant la question de la citoyenneté, l'objectif serait d'aller vers une harmonisation des droits pour les Français de métropole et de l'étranger, notamment en ce qui concerne l'accès aux ressources culturelles et aux chaînes françaises pour les Français de l'étranger. Cette demande est régulièrement réitérée et nous y avions travaillé au secrétariat d'Etat au numérique sans avoir réussi à l'instaurer, mais je tiens à le mettre en ?uvre. Il s'agit d'installer un VPN (réseau privé virtuel), contre contribution financière, aux Français de l'étranger souhaitant avoir accès aux chaînes françaises. Je pense aussi à la création d'une plateforme publique numérique sur laquelle seraient publiés tous les biens culturels français tombés dans le domaine public, des films ou documentaires par exemple, et accessibles à la fois pour les Français de métropole et de l'étranger. Localement aussi, de nombreux dossiers s'enlisent depuis longtemps. J'ai récemment visité l'Institut Français à Lisbonne dont le bâtiment est inoccupé et non valorisé depuis trois ans, et dont la fermeture représente une perte considérable pour les communautés française et portugaise. Je souhaiterais le transformer en incubateur de startups, de manière à le revaloriser financièrement tout d'abord par le biais de loyers, et de conserver l'auditorium pour la réalisation de conférences, de séances de cinéma, de manière à ce qu'il reste un lieu de rencontre et de partage culturel.

Je propose également d'aller plus loin encore dans la simplification des procédures administratives, mettre fin par exemple à la double comparution en ce qui concerne le renouvellement des papiers d'identité. Cela permettrait de réaliser le pré remplissage du dossier de passeport et le règlement des frais en ligne. Pour éviter les longs déplacements lors du renouvellement des papiers d'identité, je souhaiterais également déployer une nouvelle génération de valises Itinera dont l'utilisation serait simplifiée de manière à multiplier les tournées consulaires. [Ces valises permettent aux agents consulaires d'aller à la rencontre des citoyens éloignés et de régler des démarches administratives plus rapidement. En savoir plus sur la valise Itinera ici ].
Je souhaiterais attribuer aux consuls et consuls honoraires un rôle d'accompagnement des personnes éloignées des outils numériques. A l'heure où la numérisation des services publics est présentée comme une voie de simplification, il convient de s'assurer que toute la population puisse bénéficier de ces évolutions.

Et personnellement j'aimerais bien creuser la problématique du couple dans l'expatriation, et faire en sorte que cela ne signifie pas une rupture pour le conjoint et que celui-ci puisse être accompagné à la fois en amont mais aussi sur place. Il pourrait par exemple bénéficier d'une formation professionnelle. Un sondage a  récemment révélé que pour 60% des conjoints, l'expatriation avait signifié une rupture dans leurs carrières ou avait été néfaste pour celle-ci. Je pense que c'est un sujet important car cela représente aussi un gros frein à l'expatriation.

Aussi, dans un contexte de hausse du risque terroriste, il me semble important de poursuivre l'effort budgétaire et la mise à niveau en matière de sécurité du patrimoine immobilier du réseau consulaire, des établissements scolaires et des réseaux culturels.

En quoi la présence d'un député des Français à l'Etranger peut avoir une influence sur la vie de la communauté française sur la 5ème ciconscription ?
Très concrètement le fait d'avoir ces députés au Parlement permet aux expatriés de faire remonter une certaine sensibilité qui n'est pas forcément présente autrement. Cela crée un lien direct avec la représentation nationale. Durant la dernière mandature par exemple, nous avons pu avancer sur la numérisation du service public et la dématérialisation des copies d'examen. Il y a également eu la création d'une plateforme Retour en France qui vise à faciliter toutes les démarches à entreprendre en amont pour les familles qui souhaitent revenir en France. Sur tous ces sujets, que ce soit le service public ou l'éducation, c'est par le biais de propositions de lois ou d'amendements que l'on peut faire avancer les choses. Plus largement, cela permet aussi de porter une double culture qui peut indirectement avoir une influence sur la mise en place de certaines lois.
 
Vous ?uvrez déjà depuis quelques mois en faveur des Français de l'étranger sur la circonscription. Quelles initiatives avez-vous prises ?
Dans le cadre de mes précédentes fonctions, je gérais les affaires internationales et je m'occupais notamment des French-Tech Hubs à l'étranger. Etant en contact avec le Hub de Londres, j'ai suggéré à Michel Sapin de visiter la French-Tech de Lisbonne lors de son passage prévu le 7 mars dernier. Une visite ministérielle est toujours l'occasion de donner de la visibilité à certains projets et d'accélérer leur développement.

Au niveau de l'administration, j'ai également transmis la demande auprès du Quai d'Orsay pour nommer un consul honoraire sur la Principauté d'Andorre, où la fermeture du consulat est prévue pour le 1er septembre 2017. Les deux agents qui y travaillent ne seront pas affectés à l'Ambassade mais ailleurs dans le réseau. Andorre est dans une situation particulière avec des communes frontalières françaises dans lesquelles il est possible de faire ses papiers, et je tenais à savoir quel était le problème majeur, au-delà de la perte de ce symbole de la présence française. Le consul m'a expliqué que l'inquiétude principale concerne les personnes les plus éloignées des outils numériques, notamment les personnes âgées. Effectivement, lorsqu'un service n'est plus assuré avec les mêmes moyens qu'auparavant, la numérisation des procédures apparaît comme une solution. Les démarches se font principalement en ligne, et un seul déplacement est normalement nécessaire, lorsqu'il s'agit de poser ses empreintes pour la réalisation d'un passeport par exemple. L'idée serait qu'un consul honoraire en Andorre puisse informer les citoyens sur les questions administratives, aider notamment les personnes qui ne maîtrisent pas les outils numériques à faire leurs demandes en ligne, et réceptionner les papiers de ceux qui pourraient habiter loin de l'Ambassade, afin de s'assurer qu'il n'y ait pas d'inégalité face à cette fermeture du consulat.

Nous avons aussi beaucoup travaillé sur la plateforme ?Retour en France? qui permet de savoir facilement quelles démarches il faudra faire à son retour en France en fonction de sa situation personnelle.
 
Le quinquennat de François Hollande a déçu beaucoup de Français. Quelles sont vos chances, selon vous, d'être élue député dans ce contexte de gauche divisée et face notamment au mouvement La République en marche, maintenant qu'Emmanuel Macron est élu ?
Il faut déjà noter que tout est très incertain? J'observe au Portugal une forte sensibilité notamment sur les questions écologiques, que Benoît Hamon avait réussi à intégrer définitivement au projet socialiste, avec l'ambition d'une réorientation européenne également pour des pays qui ont beaucoup pâti des politiques d'austérité. Donc de nombreuses thématiques de notre projet actuel résonnent au sein de la 5ème circonscription. Sur le fond je ne suis pas trop inquiète. En ce qui concerne le Front National, c'est un mouvement assez localisé comme à Alicante en Espagne où ils font d'importants scores. J'espère seulement que nous ne serons pas divisés au sein du Parti Socialiste lors des législatives comme ce fut  le cas pour la présidentielle, car ce serait prendre le risque de voir la droite remporter l'élection. Je crois que ma principale force est d'être capable de porter les problématiques des Français de l'étranger et de les rendre visibles dans les lieux où vont être prises les décisions qui les concernent. Du fait de mon expérience professionnelle, en ayant vu le fonctionnement de l'Assemblée et en connaissant bien l'administration, je pense être la mieux placée pour tenir ce rôle. Le tout est une question de priorité. J'ai la chance d'avoir des relais locaux importants, et je me conçois un peu comme un pont entre la circonscription et les institutions françaises.
 
Quels sont vos  prochains déplacements ?
Je me déplace énormément, je suis beaucoup à Barcelone, Madrid et ici à Lisbonne. J' y serai de nouveau ce 26 mai au lycée français de Lisbonne, à Faro le 27 mai et à Porto le 28 mai. Je me déplace aussi sur les autres pays de la circonscription.

Par ailleurs, je rencontre des interlocuteurs qui vont pouvoir m'informer dans tous les domaines, l'entrepreneuriat, les présidents des Chambres de commerce franco-espagnoles et franco-portugaises, les parents d'élèves et syndicats de professeurs, les responsables d'actions culturelles, les directeurs des Alliances Françaises.
 
Si vous gagnez, comment comptez-vous organiser votre temps durant le quinquennat, entre la France et la circonscription ?


Je pense qu'il est important de faire son travail en tant que député et d'avoir un temps de présence suffisant à l'Assemblée Nationale, l'absentéisme des députés étant assez déplorée aujourd'hui. Je serais donc présente à l'Assemblée nationale pour les commissions parlementaires et le vote des textes, car les choses se jouent à ce moment-là. Le reste du temps je serais présente dans la circonscription. Je pense d'ailleurs m'installer définitivement à Madrid puisque j'ai un suppléant à Barcelone, et des élus consulaires très présents au Portugal. Je voudrais également m'assurer d'avoir un collaborateur parlementaire dans tous les foyers de population française. Au Portugal, je souhaiterais que cette personne partage son temps entre Porto et Lisbonne par exemple. Ensuite j'aimerais mettre en place des outils qui permettent aux Français de l'étranger de participer à mon action en tant que député. Il s'agirait de donner la possibilité à la communauté française de la circonscription d'amender les textes, comme ça a été le cas lors du vote du projet de loi pour une république numérique. Et puisque le numérique ne s'adresse qu'à une partie de la population, des débats publics seraient également organisés dans la circonscription. De la même manière, les citoyens pourraient voter pour déterminer en partie à quels projets serait allouée ma réserve parlementaire. Je pensais aussi à un conseil citoyen, comme l'a fait Benoît Hamon pour son programme. Des citoyens seraient tirés au sort dans la liste des inscrits au consulat et pourraient se réunir régulièrement et faire remonter des problématiques liées à leurs pays respectifs, exprimer leurs avis, sans se substituer aux élus consulaires qui ont un rôle bien déterminé.

Elise Dubourg et Custodia Domingues (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mercredi 24 avril 2017

En savoir plus sur le site de la candidate : http://www.gabriellesiry.fr/

Lire aussi sur l´édition de Barcelone : LÉGISLATIVES 2017 - La parole à Gabrielle Siry, candidate du Parti Socialiste

En savoir plus sur les candidats de la 5ème Circonscription ici

logofblisbonne
Publié le 23 mai 2017, mis à jour le 31 mai 2017

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