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ESCALE – La vie à bord d´une frégate racontée par une femme

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 3 avril 2012, mis à jour le 24 octobre 2023

 

A l´occasion de la visite que nous avons fait de la frégate "Chevalier Paul " lors de son passage à Lisbonne, nous avons rencontré une jeune femme, le lieutenant de vaisseau Caroline Vallejo qui a fait le choix d´une vie pas comme les autres. Souvent loin de ses proches et de la lumière du jour elle navigue depuis 8 ans. C´est une femme passionnée qui nous a raconté sa vie à bord

(Photos : M.J. Sobral)

Lepetitjournal.com/Lisbonne - C´est comment vivre à bord d´une frégate ?
Caroline Vallejo (32 ans, mariée, chargée des moyens de communication) - Ce bateau est très particulier puisque comme il appartient à une toute nouvelle génération, ses formes sont étudiées pour être furtives et la conséquence c´est qu´on est jamais dehors, il y a un seul hublot à bord, la circulation sur les extérieurs est presque toujours interdite à cause des émissions électromagnétiques qui peuvent être dangereuses pour l´être humain. On vit en permanence à l´intérieur. Si on ne fait pas attention, il peut arriver que l´on passe plusieurs jours d´affilée à l´intérieur sans voir la lumière extérieure. Cela peut se produire car une fois qu´on est pris dans le rythme du travail et du quotidien de la vie à bord on peut oublier d´aller dehors. C´est là une particularité à laquelle les gens en général ne pensent pas.


Certaines personnes à bord ont un rôle qui leur permet de voir dehors puisque ce sont elles qui conduisent le bateau en passerelle, et celle-ci est vitrée bien sûr pour pouvoir surveiller dehors.

Vous êtes-vous bien adaptée ?

Oui car le rythme d´activité à bord est fait de telle façon qu´on est en permanence occupé et on n´a pas le temps de réfléchir au fait qu´on ne vit pas d´une façon normale. Pour nous, la relation avec l´extérieur n´existe pas vraiment.

Nous avons des moments de détente où sont prises des dispositions pour que la circulation soit autorisée sans être dangereuse sur cette plateforme hélicoptère où l´on se trouve et l´on fait des séances de step ou de gymnastique avec un prof de sport qui est à bord. A ce moment là, tout le monde a accès à la plateforme et peut être dehors.

Quels sont vos autres moments de détente ?
Les moments de détente, c´est de temps en temps à l´extérieur au moment des séances de sport et c´est également dans les carrés qui sont les lieux où on se réunit pour prendre les repas, mais où il y a aussi un coin salon et un bar. C´est traditionnellement des lieux où on n'a pas le droit de parler travail, ils fonctionnent par tranche de grade ce qui permet d´être tranquillement dans un lieu sans avoir son chef ni ses adjoints à côté de soi et de parler à priori en toute liberté.

En dehors de ces 2 axes de détente en groupe, on a aussi la possibilité d´être seul dans sa cabine puisque sur ce bateau de nouvelle génération nous sommes maximum 4. Par ailleurs la plupart des officiers sont seuls. C´est donc aussi un lieu de détente individuel ou presque.

Quelle est votre liaison avec le monde extérieur ?
La situation a bien évolué, aujourd´hui on n´a pas besoin d´attendre les escales pour communiquer avec la famille. Avec un système de cartes prépayées, on peut appeler depuis la plupart des téléphones du bateau.
On a aussi Internet à bord mais qui est accessible en fonction de la mission que l´on a. Comme il est évident pour des raisons de sécurité et de réussite des opérations, on est obligés de couper Internet parfois pendant quelques heures.

C´est un choix cette vie, qu´est-ce-qui vous attire ?

Oui c´est un choix, on est un peu fou, parce que quand on navigue énormément on a toujours envie d´être avec nos proches et en général quand on a le virus au bout de quelques temps à quai on n'a qu´une envie c´est de partir. Il y a cette ambiance particulière de la vie en mer, la relation de très grande proximité que l´on peut entretenir avec ses équipes, un je ne sais quoi?

Comment vivez-vous la possibilité de partir en combat ?
En ce qui me concerne la réflexion que j´ai menée lorsque j´ai signé, c´est que je savais que j´étais susceptible de partir au combat, potentiellement donner la mort et la recevoir peut faire partie de l´engagement. Je suis partie du principe et je suis toujours d´accord avec, que je crois au fonctionnement des institutions de mon pays et au fond de moi j´ai la certitude que mon pays ne m´enverra jamais au combat pour de mauvaises raisons.
A chaque fois que l´on part pour une opération du type de celle que l´on a eu à vivre en Libye on est amenés à réfléchir, ce n´est pas évident mais on le sait depuis le début.
A ma connaissance, il n´y a eu personne lors de cette opération qui ait fait un refus d´obstacle et qui n´ait pas voulu partir. De mon équipe il y a eu des personnes qui n´ont pas pu partir pour des raisons de santé, mais qui nous ont rejoint plus tard et qui étaient heureuses de nous retrouver pour l´opération.

Comment est-ce pour une femme de vivre dans un environnement masculin ?

J´ai fais des études scientifiques et pour ma part la proportion de femmes qui m´entourent depuis la terminale est la même, donc je ne vois pas de réelles différences. Mon commandant aime à dire que l´on est tous des marins et comme dans tout environnement masculin il faut apprendre à faire siens les codes et ça se passe très bien. Ils sont habitués nos "mecs" à bord, de voir des femmes dans l´équipage. Pour ma part je n´ai pas la notion d´avoir adopté des codes particuliers. La mixité n´est pas pesante au quotidien dans les relations entre marins. Il n´y a pas de femmes au-dessus des 34 ans mais il faut savoir qu´en général la moyenne d´âge des marins est très jeune.



Maria Sobral (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mardi 3 avril 2012

Lire aussi notre article du 2 avril 2012 : ESCALE ? La frégate "Chevalier Paul" de passage à Lisbonne

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Publié le 3 avril 2012, mis à jour le 24 octobre 2023

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