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Théâtre-Theatralis présente "Je me souviens... " une pièce multiculturelle singulière

Theatralis, groupe de théâtreTheatralis, groupe de théâtre
©T. Ladonne
Écrit par Thomas Ladonne
Publié le 18 mars 2022, mis à jour le 18 mars 2022

L'association Theatralis présente sa nouvelle pièce originale « Je me souviens... » pour le festival Coup de Théâtre ! Les 19 et 20 mars 2022, le rendez-vous est donné au théâtre lisboète A Comuna pour des représentations exclusives. Lepetitjournal s'est entretenu avec les dirigeantes de l'association, deux actrices et le metteur en scène de la pièce.


Coup de théâtre ! L'évènement théâtre de la Fête de la Francophonie

L'association Theatralis, qui promeut le théâtre bilingue franco-portugais, organise le festival Coup de théâtre ! dans le cadre de la Fête de la Francophonie. Au programme : deux pièces dont une multilingue avec une troupe d'amatrices issue de l'association. « On réunit la communauté Theatralis autour de deux productions, une pièce de Feydeau, « Un fil à la patte », avec une troupe complètement francophone, et une 2e production trilingue à dominante franco-portugaise avec une troupe féminine, qui a lancé les ateliers adultes de Theatralis l'année dernière » nous dit Linda Mesnel, la présidente de l'association.

Elle nous annonce aussi que « les enfants et les adolescents auront un festival à eux, courant juin ».

« Sur scène il y a un lien total entre la France et le Portugal. Cette double nationalité franco-portugaise s'exprime sur scène mais aussi dans la vie. Elle développe la possibilité de faire un spectacle en plusieurs langues, c'est formidable ! Et pour le public c'est intéressant, d'apprendre un peu la langue, de voir les réactions à la vie quotidienne dans plusieurs langues. Le spectacle est très commun et parle à tout le monde puisqu'il montre des situations que tout le monde a déjà pu vivre » raconte Jean-Denis Monory, le metteur en scène de la pièce, qui est l'encadrant professionnel de Theatralis.


« Je me souviens... » Une pièce singulière

Deux représentations de la pièce « Je me souviens... » se tiendront samedi 19 mars et dimanche 20 mars dans la salle A Comuna de Lisbonne. Agnès Lacroix décrit la pièce comme remplie « d'émotions, de balades dans l'histoire, de souvenirs et de rencontres ».

Linda Mesnel met l'accent sur la sensualité qui se retrouve dans le spectacle. Une sensualité singulière car elle est authentique. Paula, qui joue dans la pièce, nous livre que « tout est basé sur des vrais souvenirs. Des souvenirs de choses qu'on a vécues, qui sont théâtralisés ».

Jean-Denis Monory décrit la pièce comme « une histoire de femmes de tous âges, d'une seule famille féminine, qui vit des moments féminins. Ce sont des tantes, des mamans, des cousines, des filles, qui racontent leurs vies et qui au fur et à mesure de leurs souvenirs nous transportent dans leurs vies. De l'accouchement, au jeune enfant qui est malade et qu'il faut rassurer, en passant par le premier amant, le premier baiser, les souvenirs des voyages en famille... ». L'accent est donc mis sur la féminité et les liens familiaux qui en découlent. « Le fil conducteur est la jeune fille qui n'a jamais eu d'enfant, et qui est suivie par sa mère, sa tante, ses cousines, jusqu'à ce qu'elle soit enceinte, qu'elle accouche et qu'elle parte avec sa copine au Mexique ».

Au fil de ces souvenirs, le spectateur est amené à se promener dans l'histoire : « Il y a différentes époques parce que les souvenirs ne datent pas forcément d'hier, ils peuvent aussi être d'il y a 50 ans. Donc les costumes sont mélangés ».


Création originale

Ce qui renforce la singularité de « Je me souviens... », c'est que la pièce est entièrement composée par les histoires des comédiennes elles-mêmes. Elles ont écrit la pièce à l'aide de Jean-Denis Monory.

« C'est une écriture à 8 mains. Il y a une écriture de certains textes, et d'autres ce sont juste des trames qui sont écrites, des phrases phares à dire. Mais l'originalité de ce travail, et je n'ai jamais fait ça, c'est de proposer un spectacle où la moitié est improvisée ». Cette pièce est donc une improvisation dirigée.  

Paula précise que « c'est surtout nous [les comédiennes] qui avons écrit et Jean-Denis nous a aidé, dirigé, dans certains passages d'écriture. Il a fait en sorte de tenir compte de nos personnalités à chacune et de ce qu'on lui amenait. Il a trouvé des passages qui correspondent à chacune parce que ce sont des moments qui nous correspondent personnellement ».

En fait, ces jeunes comédiennes ont débuté le théâtre il y a un an. Au début Jean-Denis Monory les dirigeait à l'occasion d'ateliers. Et l'écriture a débuté dès le départ. « Il nous faisait faire des improvisations qui sont maintenant dans la pièce, mais nous on le savait pas » nous confie Paula. Sa partenaire de scène Christelle confirme : « Il nous lançait sur des impros mais nous on ne savait pas qu'il réfléchissait déjà à une pièce. L'écriture en tant que telle a commencé en septembre ».

Le metteur en scène explique qu'il s'est basé sur les récits des comédiennes et qu'ensuite il les a mis en scène. « La théâtralité c'est mon job, de faire les tableaux scéniques qui correspondent à la pièce ».


Féminités et amateurisme

Le point fort de la pièce est qu'elle relie la féminité à l'amateurisme. Les comédiennes ne sont pas professionnelles, et sont toutes des femmes. « On a commencé le théâtre en avril. Ça fait un an qu'on joue toutes ensembles » nous dit Paula.  

Cet amateurisme était un pari puisque les comédiennes ne sont pas sélectionnées au préalable. Et pour cette troupe, la bienveillance et le respect se sont installés naturellement comme mots d'ordre. Christelle explique que « C'est une belle aventure. Je me suis fait des vraies copines pour la vie. On se comprend beaucoup, on ressent les choses, les souvenirs touchent les autres ce qui a permis de créer de vrais liens ».

La relation entre les comédiennes et le metteur en scène est saine et chaleureuse. Les deux comédiennes racontent : « On a une très bonne relation, Jean-Denis est excellent. Il a une patience formidable. Il est plein de bienveillance. C'est vrai qu'il y a des moments où on éclate de rire sans raison. Mais on pleure beaucoup aussi. Que ce soit quand on pleure ou qu'on rigole, il a toujours le mot, le geste pour nous apaiser ».

Et ceci est partagé par le metteur en scène, qui trouve de nombreux avantages à travailler avec des femmes amateurs. « L'avantage avec les amateurs en général c'est le fait qu'ils sont authentiques. Il y a une matière première géniale, et avec moi ils ne trichent pas. Ce qui est intéressant, c'est que le théâtre leur permet d'être elles-mêmes, et c'est toute l'essence de la discipline. Etre sincère, être simple, être regardé et se laisser regarder. Un amateur quand il débute, est tout tordu. Ce qui est formidable c'est que tout d'un coup il parle, il est moins timide, il sort des choses qu'il avait jamais sorti de sa vie ».

Cette pièce de par son style d'écriture et les comédiennes qui l'incarnent se trouve à la croisée du réel et du théâtre. Cette force rend la pièce pleine de simplicité tout en étant profonde, naturelle et authentique, puisque comme le dit Jean-Denis Monory : « Elles peuvent raconter tous les jours les souvenirs qu'elles ont vraiment vécu ».


Mélange de genres

« Je me souviens... » met à l'honneur toutes les formes de théâtre. Il y a de la danse, du texte et du chant. « Le chant c'est pour couper le rythme de la pièce » explique Christelle.

Cette partie chantée semble importante pour la pièce mais aussi pour les comédiennes, comme Paula le confie : « Il y a des moments très lourds émotionnellement, donc le fait qu'il y ait de la musique, ça casse, ça calme ».

Jean-Denis Monory nous livre qu'à l'origine, il voulait que tout le monde chante. « Mais je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire chanter des gens qui ne savent pas chanter. On aimerait monter une comédie musicale à terme, mais c'est un autre projet ».


Un théâtre thérapeutique

Pour ces nouvelles comédiennes, le théâtre a eu un effet proche de la thérapie. Il permet de se libérer, d'affronter ses peurs, de s'affirmer. « La première improvisation que j'ai faite, je n'ai pas réussi à parler, j'ai commencé par pleurer. Ça a un petit côté thérapeutique pour apprendre sur soi et sur sa relation à l'autre » se souvient Paula.  

Cet aspect ne semble pas étonnant quand on sait que Jean-Denis Monory a pour projet d'aller plus loin dans ce pan du théâtre. « J'ai des projets de théâtre curatif. J'ai un diplôme de réflexologie et d'énergétiseur donc j'aimerais travailler l'art avec cet aspect de guérir le public ». Pari gagné pour l'instant, avec les comédiennes qu'il dirige.

L'objectif est donc d'atteindre purement la catharsis, cet aspect du théâtre qui a pour but de purger le spectateur de ses émotions.


La France et le Portugal réunis

Dans le contexte actuel de Fête de la Francophonie et de Saison France-Portugal 2022, cette pièce s'inscrit parfaitement dans la promotion des deux cultures, qui sont pleinement réunies dans « Je me souviens... ».

« Cette pièce c'est nous, et nous on est ça. Ce serait formidable que le multiculturalisme se développe encore dans le théâtre, c'est une façon d'ouvrir l'esprit des gens sur une autre culture. Les Français qui viendront voir la pièce vont apprendre sur la culture, l'histoire portugaise, parce que c'est ce qu'on a vécu personnellement » nous dit Paula.

Pour une première édition du festival, l'association remplit son objectif celui de rallier la culture française à la culture portugaise, et vice-versa. « C'est vraiment franco-portugais. Et ça fonctionne bien ! » témoigne Linda Mesnel en parlant de la nature de Theatralis.

Mais comment Jean-Denis Monory fait pour coordonner toutes ces cultures réunies par le théâtre ? Venu au Portugal par amour, il explique : « Je parle un petit peu portugais. Je parle au maximum en français, le plus lentement possible. Je parle en italien aussi un petit peu. Mais le but c'est que tout se fasse en français principalement. Les actrices qui ne parlent pas très bien français disent leurs répliques dans leur langue et les autres répondent en français. C'est pareil que dans les familles recomposées multiculturelles, on parle en français, on répond en portugais ! »


Carton plein

« Je me souviens... » créé un grand engouement dans la communauté franco-portugaise. La salle sera complète samedi soir mais il reste quelques billets pour la représentation de dimanche après-midi.

Christelle conclut en invitant qui veut découvrir cette pièce inédite : « On est belles ! Ça va de 19 à 60 ans, on est drôles, belles et intelligentes, venez-nous voir ! »

« Je me souviens... » une pièce créée de toute pièce par la troupe féminine de Theatralis, mise en scène par Jean-Denis Monory, c'est samedi 19 et dimanche 20 mars, au théâtre A Comuna, à Lisbonne !

 


« Je me souviens... »
théâtre A Comuna, praça de Espanha
Dimanche 20 mars à 19h
Réserves : contact@theatralis.org tel. 925420904

 

Publié le 18 mars 2022, mis à jour le 18 mars 2022

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