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Lisbonne - Exposition du dissident chinois, Ai WeiWei, jusqu'au 28 novembre

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©J. Weil
Écrit par Jonas Weil
Publié le 4 novembre 2021, mis à jour le 5 novembre 2021

Ai WeiWei, célèbre artiste chinois, présente à Lisbonne depuis le mois de juin dernier sa plus grande exposition jamais créée. Dans l'ancienne Cordoaria Nacional pas moins de 85 œuvres, sur une surface de 4000m2, peuvent être observées. Ai WeiWei, artiste à l'origine de cette exposition « Rapture » qui se termine dans 3 semaines (le 28 novembre), est connu internationalement. Cette renommée, s'il la doit à son art original et créatif, provient également d'une prise de position en opposition à la classe politique chinoise et plus particulièrement au Parti Communiste chinois.

 

Exposition Ai WeiWei à Lisbonne
©J. Weil


Ai WeiWei, derrière l'artiste, un homme de convictions

Si Ai WeiWei ne s'est jamais engagé en politique, son œuvre est, elle, éminemment politique. L'artiste manie à merveille la création et la provocation et il ne s'en cache pas. Pourfendeur de la démocratie et des droits de l'homme, ses prises de positons, à travers son œuvre, mais pas seulement, lui ont valu d'être une cible du gouvernement chinois. En 2008, il signe, avec 302 autres militants des droits de l'homme et de la démocratie, la charte 08 qui dénonce les dérives autoritaires du gouvernement de la république populaire de Chine. L'engagement d'Ai WeiWei passe aussi par internet où il publie sur des blogs et partage ses opinions, prises de positions pour la liberté d'expression notamment. En juin 2009, alors que le gouvernement veut interdire toutes commémorations du massacre de Tian'anmen (1989), l'artiste publie des messages sur twitter sur le sujet. Deux mois plus tard il est passé à tabac par la police et ses accès aux réseaux de communication sont bloqués. En 2011 il est arrêté secrètement par la police chinoise et passera plus de 80 jours en prison. Le gouvernement justifie cette arrestation en raison de questions fiscales, en réalité ce sont les actions de l'artiste qui déplaisent aux autorités. Après sa sortie de prison, il est bloqué sur le territoire Chinois, sans autorisation de sortie, jusqu'en 2015. Aujourd'hui, l'exposition « Rapture » présente des œuvres à travers lesquelles l'artiste souhaite dénoncer, passer un message. Il rejette volontairement les valeurs imposées par la société communiste, casse les codes, ou provoque en tournant en ridicule, dans certaine de ses œuvres, les services de police chinois.  Au-delà des thèmes de la liberté d'expression et des valeurs démocratiques, Ai WeiWei consacre des documentaires aux droits civils et au sort réservé aux réfugiés politiques, climatiques...

 

Ai WeiWei
©J. Weil

L'exposition « Rapture », l'art comme moyen d'expression

Lorsqu'il peut enfin quitter la Chine en 2015, Ai WeiWei s'installe en Europe, à Berlin d'abord puis à Cambridge. En 2019 c'est au Portugal et dans la région de l'Alentejo que l'artiste s'installe avec sa famille. A Lisbonne, Ai WeiWei propose sa plus grande exposition jamais créée. Celle-ci réunit les pièces les plus connues de l'artiste, comme cet enchevêtrement de centaines de vélos à l'entrée du bâtiment, mais aussi des œuvres spécialement conçues, ici au Portugal, pour l'occasion. Ce qui est étonnant avec cet artiste, c'est que s'il se revendique en opposition aux codes de la société chinoise, il s'inspire volontiers de l'histoire du pays et de sa culture, ses savoir-faire. Il utilise la soie et le bambou ou bien met en scène les douze cultures des animaux de l'astrologie chinoise. Chacune des œuvres est plus étonnante l'une que l'autre, et tous les types d'arts sont investis par l'artiste, photographies, films, courts-métrages, sculptures, structures volantes, mosaïques...  L'artiste s'est également inspiré, dans ses travaux, confectionnés au Portugal, de la culture portugaise en reprenant à son style les Azulejos. Il réutilise également des matières traditionnelles de l'artisanat portugais comme le marbre ou la céramique. Cette exposition vaut le détour notamment car la diversité des thèmes abordés et techniques utilisées est étonnante. Pour donner quelques exemples de l'engagement d'Ai WeiWei à travers cette exposition, il s'est par exemple servi de son arrestation en 2011 pour recréer sa vie en cellule, grandeur nature, sous surveillance perpétuelle des gardes. Il a ainsi dépassé ce traumatisme pour en faire une force de dissuasion, de dénonciation. Autre œuvre osée et marquante est celle d'une série impressionnante de photos, dans lesquelles l'artiste prend son « doigt d'honneur » en photo devant les plus grands monuments de chaque pays. Symboliquement, la série a commencé sur la place de Tian'anmen.

Actuellement, Ai WeiWei représente encore l'un des opposants les plus farouches au gouvernement chinois. Au Portugal, loin de Pékin, l'artiste continue de s'exprimer, pour le plus grand bonheur des amateurs d'art et des pourfendeurs des droits de l'homme, de la liberté d'expression et plus largement des valeurs démocratiques. Parallèlement, toujours au Portugal, Ai WeiWei présente actuellement une exposition à la fondation Serralves à Porto jusqu´au 5 février 2022, les œuvres qui sont exposées dans le parc y resteront jusqu´en juillet 2022.

 

Exposition de Ai WeiWei à Lisbonne
©J. Weil

 

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Publié le 4 novembre 2021, mis à jour le 5 novembre 2021

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