

Avec 600 espèces différentes d'eucalyptus, qui s'adaptent à presque tous les climats chauds à tempérés de la planète, l'eucalyptus est certainement l'arbre à fleur (Angiosperme) le plus représenté actuellement et le Portugal en est un bon exemple
(Photos : M.J. Sobral)
Les origines de l'eucalyptus
Originaire d'Australie et de Tasmanie, symbole de cette dernière depuis 1962, les Anglais l'introduisirent dans leurs possessions asiatiques à partir de la fin du XIXº siècle. En France, il sera ramené par l'expédition d'Entrecasteaux (1737-1793), en 1791, sous la direction du botaniste La Billardière (1755-1834) qui ramena également l'arbre à pain. Cinquante ans plus tard, on trouvait des eucalyptus à prospérer sur la côte d'Azur.
Les premières plantations d'eucalyptus au Portugal

Au Portugal, les premières introductions d'eucalyptus furent d'abord à des fins ornementales, à Lisbonne en 1866, par l'intermédiaire du botaniste et jardinier suisse Jacob Weiss, qui était chargé du Parc Gertrude (future Fondation Calouste Gulbenkian), et dont l'un d'eux a été classé, en 2006, comme "arbre notable".
Les premières plantations à plus grande échelle datent également de cette année-là, dans les environs de Coimbra, sur les rives du Mondego, dans l'intention de mieux contrôler les caprices du grand fleuve et d'éviter l'érosion des berges. On utilisera l'eucalyptus dans les premiers temps aussi en zone marécageuse pour faciliter le drainage des terres. En effet, le système racinaire très puissant de cet arbre lui permet de se développer rapidement, faculté inégalée chez les autres végétaux, sinon pour le bambou.

En plantant un pied jeune, on obtiendra au bout de trois ans un individu de 6 mètres de hauteur avec un tronc relativement droit et sans n?ud. Il devra consommer 50 á 70 litres d'eau/jour et une fois adulte autour de 100 litres. Son système racinaire exceptionnel assure ainsi un taux de survie égal à presque 100% après plantation et permet aussi à l'eucalyptus de «renaître de ses cendres» après un incendie. En effet, cette plante peut être considérée comme «pyrophyte», puisque le feu lui permet d'éliminer ses concurrents éventuels et de repartir de sa base en créant de nouveaux rejets, même en ayant le tronc principal totalement calciné.
Outre son caractère ornemental du début, il est depuis toujours reconnu pour ses vertus médicinales, grâce à son huile qui contient l'eucalyptol, un décongestionnant et antiseptique très efficace pour ses propriétés antibactériennes.
Un ennemi de l´environnement
Cependant, la politique forestière privilégiant cet arbre ne fera que s'intensifier au cours du XXº siècle, au Portugal comme ailleurs, avec les conséquences environnementales que l'on connaît bien maintenant: épuisement des nappes phréatiques à long terme d'où déshydratation progressif des terres, qui entraînera plus tard une érosion des sols (appauvrissement et instabilité), un potentiel élevé d'incendies en période estivale, l'eucalyptus étant même favorable au passage du feu, véritable "mauvaise herbe géante", ces plantations sont d'une biodiversité très appauvrie, car bon nombre d'animaux ne s'y plaisent guère par la difficulté d'y trouver de la nourriture et un refuge, aucun oiseau n'y faisant son nid et même le bétail, qui aime généralement se frotter aux arbres, s'en tient éloigné.
Un "pétrole vert" favorable à la croissance d´une industrie

Ainsi, l'eucalyptus est la troisième production sylvicole portugaise, après le pin sylvestre et le chêne-liège, accompagnée d'une grande dépendance envers les entreprises multinationales liées à l'industrie de la pâte à papier. Dans ce domaine de production, le Portugal est à la quinzième place mondiale et à la sixième au niveau européen.
Les exportations de ce secteur représentent 4,6% du total des exportations portugaises, les principaux pays en bénéficiant étant l'Allemagne, l'Espagne, la France et l'Italie. La production des industries forestières a augmenté de 15% depuis 1977 et celle du papier de 55% et pourtant les industriels du secteur se plaignent de ne pas avoir assez de "matière-première" suffisante pour assurer la demande, un "pétrole vert" dont dispose le pays avec 64 % du territoire couvert par les espaces forestiers. Cette industrie fournit également du travail à 190 000 personnes, selon l'Institut National de Statistique (INE).

Un arbre qui s´adapte à l´environnement Urbain
En zone urbaine, l'eucalyptus se développe tout aussi bien, car il a la capacité de résister à la pollution ambiante en rénovant son écorce, faculté comparable à celle du platane. En été, pendant les heures les plus chaudes, ses feuilles s'orientent parallèlement au soleil pour limiter leur évaporation, faculté positive pour l'arbre en lui-même, mais qui fait diminuer l'ombre qu'il pourrait proportionner. Ses racines profondes ne nuisent nullement aux chaussées, ni aux canalisations et à son développement maximal adulte, on peut reconnaître que son port est bien élégant. A Lisbonne, on ira voir ceux du jardin de la Fondation Gulbenkian pour s'en assurer, ou bien dans le jardin de Campo Grande avec deux ou trois espèces différentes, ou encore au jardin tropical de Belém également riche en eucalyptus de différentes sortes.
André Laurins (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mercredi 25 avril 2012
Technicien agronome (laurins.andre@gmail.com)
En savoir plus : visite au jardin de la Fondation Gulbenkian ce samedi 28 avril (Agenda)
Samedi 28 avril; Jardin de la Gulbenkian
Samedi 19 mai; Jardin de Campo Grande
Samedi 2 juin; Jardin tropical de Belém













