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Rencontre avec Huu Bac : Le Maestro du Jazz Canadien en Concert à Lima

Ayant fui avec sa famille le Vietnam à l’âge de 1 an, le jazziste canadien Huu Bac a fait de son histoire sa principale source d’inspiration musicale.

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Écrit par Lancelot Soumache
Publié le 3 juin 2024, mis à jour le 4 juin 2024

Incorporant une large diversité de culture musicale dans ses compositions, il revisite le jazz américain avec une approche créative qui lui est propre. Dans le cadre de l’anniversaire des 80 ans des relations diplomatiques entre le Canada et le Pérou, il réalisera un concert avec son quintet au Théâtre national de San Borja le 5 juin. A l’occasion, il nous a accordé une interview.

 

Comment décririez-vous votre musique ?

Mes compositions c’est un dialogue de plusieurs cultures, un instrument vietnamien le Dan Bau, un chinois à 2 cordes le Erhu. Dans la base de mes compositions, le vocabulaire et très jazz et j’y rajoute des influences de plusieurs pays comme le Vietnam, la Chine, le Pérou mais aussi de l’Inde. Mais dans ma musique j’essaye surtout de raconter mon histoire de la façon la plus honnête possible.

 

Vous dites vouloir raconter votre histoire, est-ce que vous pouvez expliquer un peu cette histoire ?

Moi je faisais partit des « boat people », les réfugiés qui ont dû fuir le Vietnam dans les années 80.

Au Canada, j’ai grandi dans une sorte de dichotomie culturelle. À la maison c’était très traditionnel asiatique et dès que je sortais c’était complètement occidental.

Jusqu’à mes 22 ans je jouais que de la guitare puis à cette âge-là j’ai eu un mouvement de retour aux sources où j’ai voulu redécouvrir mes origines asiatiques.

En revenant au Canada j’ai commencé à apprendre une grande variété d’instruments asiatiques comme le Erhu et le dan nhi. J’ai également fait une rencontre musicale très importante ici au Pérou avec le jazziste Lucho Quequezana qui m’a fait découvrir les instruments péruviens comme le Quena, la cajon ou le charango. Et après j’ai voulu créer un projet où je pouvais raconter toute mon histoire, c’est là où j’ai commencé à composer en 2011.

 

Le 5 juin vous allez performer avec un quintet (ensemble musical composé de cinq musiciens) Comment avez-vous formé votre groupe ? Quels sont les différents instruments joués dans votre quintet ?

Ça a commencé en 2011. Le groupe il s’est formé assez naturellement au gré des rencontres musicales que j’ai faites dans le monde comme avec la violoniste du groupe qui est mon ancienne professeure de violon à Shangaï.

Les instruments que l’on joue sont le piano, le violon, la contrebasse, la batterie, tandis que moi je joue les différents instruments asiatiques et péruviens.

Après avoir commencé nos premiers concerts à Montréal en 2013, on a fait des tournées aux Etats-Unis, en Corée et aussi en Afrique. Et là c’est la 1ère fois que l’on va jouer au Pérou, un évènement très spécial pour moi après tout le temps que j’ai passé ici avec Lucho.

 

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Vous unissez des éléments de la musique traditionnels vietnamiennes, chinoises et même péruvienne au jazz américain. Comment faites-vous pour faire fonctionner ce mariage d’instrument si surprenant?

Le secret est dans la composition. Mais aussi c’est dû au fait que j’ai passé de nombreuses années à étudier chaque instrument que j’ai joué dans des ensembles traditionnels, pour comprendre la culture musicale de ces différents instruments.

C’est cet apprentissage qui permet de voir les ponts, les terrains de jeux communs où les musiques peuvent se complémenter. Par exemple, la musique traditionnelle chinoise est peu rythmique (plus mélodique) alors que la musique péruvienne et d’avant tout rythmique. Et après on essaye ces zones de complémentarités, des fois ça marche des fois ça marche pas.

 

Il y a une quinzaine d’années vous avez voyagé au Pérou et rencontrer le jazziste de renom Lucho Quequezana. Qu’est-ce que cela représente pour vous de revenir performer vos propres compositions ici ? Mais également qu’est-ce que vous aviez retiré musicalement de ce passage au Pérou ?

J’ai vraiment hâte de présenter mes compositions au public et à tous mes amis ici, ainsi que de pouvoir montrer aussi comment le Pérou a influencé mes compositions.

Ce qui est frappant dans la musique péruvienne c’est à qu’elle point elle reflète la diversité culturelle du Pérou, avec les influences des Andes, de la côte et de la jungle. Et il y a une telle richesse de rythmes aussi, des Andes, afro-péruviens et créoles. Sinon l’instrument qui m’a vraiment influencé ici c’est le Quena qui a des sons très proches de la nature et que j’utilise dans plusieurs compositions.

 

L’amour de la musique a toujours dirigé ma vie. Je dirais que c’est la seule constante.
 

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Vous avez beaucoup voyagé à travers le monde, puisé votre inspiration dans une multitude de cultures musicales différentes, et participé au programme interculturel Sonidos Vivos de Lucho Quequezana. Quelle importance accordez-vous au mélange des cultures dans la musique ?

Cela n’a jamais vraiment été important pour moi dans le sens où cela n’était pas intentionnel. Moi ce qui m’a toujours porté c’est l’amour de la musique et ma volonté de raconter mon histoire à travers elle.

Je n’ai jamais eu l’idée de vouloir créer un truc original en mêlant plusieurs cultures. C’est vrai que par fois on me fait un peu l’ambassade du multiculturalisme dans la musique, mais pour moi il n’y avait rien de prémédité. Mais si cela apporte du bon et de l’espoir dans le monde, j’en suis très heureux.

 

Huu Bac va performer 3 concerts lors de son séjour à Lima : Le 5 juin au Théâtre national de San Borja. Le 9 juin au Centro Cultural Ricardo Palma, de Miraflores. Ainsi que le 11 juin au bar la Noche de Barranco.

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