En visitant la Maison de la Littérature Péruvienne, située au centre ville de Lima, juste à côté du Palais du Gouvernement, une exposition sur la littérature "non écrite", cette littérature propre aux peuples indigènes du Pérou.
Lorsque nous pensons aux civilisations et cultures de l’époque préhispanique, la littérature ne nous vient pas en tête.
Un ensemble de récits et d’expressions culturelles aussi diverses comme des pièces de théâtre, des poèmes ou des contes ont étés transmisent et rédigés avant l’arrivée des européens sur le continent américain. Néanmoins, toute cette richesse patrimoniale est relativement inconnue aux yeux du grand public.
La civilisation quechua (ou Inca) était de tradition orale, aucun système d’écriture (autre que les kipus qui permettaient de recenser les productions agricoles et de transmettre de courts messages) ne fut mis en place. Par conséquent les récits historiques étaient transmis de générations en générations (et certains jusqu’à nos jours) et pouvaient être interprétés sous la forme de représentations théâtrales lors de célébrations importantes (comme les fêtes religieuses).
Les thématiques privilégiées étaient celles concernant les guerres et affrontements avec d'autres peuples de la région ou les récits des prouesses militaires du Qhapac Inka (l’empereur).
Pour faire part de cette richesse culturelle nous pouvons prendre comme exemple la pièce appelée "Ollantay" Il s'agit d'un récit épique racontant l’histoire d'un personnage mythique nommé Ollanta et de ses péripéties.
Ollanta était un valeureux général en chef de l’Antisuyu d’origine modeste, dont le courage et les habilités étaient reconnus dans les quatres coins du Tawantinsuyu.
Le Qhapac Inka Pachakutik avait une très grande estime pour lui et pour le récompenser des nombreux exploits dont il avait fait preuve lors des nombreuses campagnes militaires menées par l’empereur, l’éleva au rang de la noblesse de privilège.
Néanmoins, Ollanta désirait se marier avec la ñusta (princesse) Kusi Qoyllur, fille de Pachakutik. Or, les lois interdisent ce mariage puisque seul quelqu’un provenant d’un lignage Inka (noblesse de sang) pouvait se marier avec une princesse. Bravant tous les interdits, il se maria en secret avec sa bien aimée. Seulement la Ccoya Anarhuaqui (la reine mère) était au courant de cette union.
Contre l’avis du Huillac Uma (le prêtre suprême), il demanda à Pachakutik de reconnaître officiellement son mariage. Gravement offensé par l’audace de son général, il décida d’enfermer sa fille dans un Acllahuasi (lieu ou les “vierges du soleil” étaient recluses pour pratiquer le culte au dieu Inti) pour expier ses fautes. Dans ce couvent, Kusi Qoyllur donna naissance à la fille de Ollanta et nommée Ima Sumaq (qui signifie en quechua: Quelle beauté!).
Désespéré d’apprendre la nouvelle de la réclusion de son épouse, Ollanta se réfugia dans la vallée sacrée, dans un lieu connu aujourd’hui comme Ollantaytambo. Il prit les armes et se souleva contre l’autorité du Qhapaq Inka.
Pour mater la rébellion, Pachakutik envoya son général Rumiñahui affronter Ollanta. Mais Urqu Waranqa, général fidèle à Ollanta repoussa les troupes de l’Empereur en leur tendant une embuscade.
Pendant près de 10 ans, le "status quo" fut maintenu.
Néanmoins, l'Inka Pachakutik mourut et laissa le trône à son fils aîné Túpac Yupanqui. Celui ci, imagina un stratagème pour remporter la victoire face aux rebelles: Rumiñahui fit semblant d'être gravement blessé, raconta à Ollanta -qui le recueillit- qu'il avait été torturé par le nouvel Inka et qu'il était venu se réfugier auprès de lui. Ollanta et ses fidèles ne virent que du feu et organisèrent une fête en son honneur.
Rumiñahui profita de l'état d'ébriété des troupes rebelles pour ouvrir les portes de la ville d'Ollantaytambo aux armées impériales. Tous les frondeurs furent fait prisonniers et amenés à Cusco.
Ollanta fut jugé par la cour impériale. Rumiñahui, qui avait la réputation d'être un homme de fer demanda la peine de mort, alors que le grand prêtre, le Huillac Uma (ancien protecteur d'Ollanta) demanda clémence pour le prisonnier.
Initialement convaincu par Rumiñahui, Túpac Yupanqui fit finalement preuve d'une grande générosité et pardonna l'ancien général de son père et le nomma même Général en chef des armées impériales. Urku Waranqa fut quant à lui choisi par l'Inka pour devenir le nouveau gouverneur de l'Antisuyu (la région amazonienne du Tawantinsuyu).
Peu de temps après, Ima Sumaq, la fille d'Ollanta et de Kusi Qoyllur, soeur de l'Inka, s'échappa de l'Acllahuasi et accourut au Palais de Túpac Yupanqui pour lui faire part du fait que sa mère était toujours enfermée. L'empereur, surprit par l'audace et le courage de sa nièce, se précipita alors à l'Acllahuasi pour libérer sa sœur.
Après plus de 10 ans, les époux séparés purent enfin être réunis sous l'égide protecteur de l'Inka qui bénit leur mariage.
Tel des contes enfantins dignes de Charles Perrault, l'histoire se termina sur une note positive.
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