Le café péruvien mis à l’honneur : patrimoine, économie et culture

Une semaine de fête pleine de sens : l’importance du café au Pérou

Comme tous les ans depuis 2008, un arôme familier a embaumé les allées et les parcs des grandes villes péruviennes.

Peut-être vous êtes-vous laissé tenter par une dégustation au détour d’un stand ?
Si ce n’est pas encore le cas, pas d’inquiétude : l’agenda caféiné se poursuit ce week-end avec le festival Café para Todos, organisé au Círculo Militar de Jesús María à Lima. Plus de 50 marques y seront réunies pour la grande finale du premier Tournoi latino-américain de filtrados. Deux jours intenses et gourmands, entre ateliers et dégustations. L’occasion d’échanger avec des producteurs et productrices pour qui ce petit fruit rouge représente bien plus que l’expresso servi dans votre tasse.

Car au-delà de l’expérience culinaire, ces festivités rappellent l’importance d’un secteur clé : le café péruvien fait vivre aujourd’hui plus de 223 000 familles de petits producteurs, soit près de 855 000 emplois dans des régions souvent reculées. Plus de 90 % du café est cultivé par de petits exploitants sur des parcelles de moins de cinq hectares, principalement à Cajamarca, San Martín, Junín et Amazonas.

L’histoire de cette filière s’enracine au XVIIIᵉ siècle, lorsque les premiers cafetales furent introduits par les jésuites dans les montagnes andines. Au fil des siècles, la culture du café est devenue bien plus qu’une source de revenus fiable : elle incarne désormais un patrimoine vivant, riche de traditions, de savoir-faire et d’innombrables variétés.

Aujourd’hui, le café péruvien est reconnu internationalement pour sa qualité, régulièrement médaillé dans des concours comme la Taza de Excelencia.

Des initiatives variées au-delà de la semaine du café

Le café péruvien brille à l’international mais reste parfois un trésor caché pour ses propres habitants. Pour y remédier, une idée originale a vu le jour : le Pasaporte del Café Peruano, un carnet de route à compléter au fil de 39 cafés de spécialité de Lima et Callao.

Pour cinq soles, ce carnet vert guide les consommateurs sur les pas du véritable café grâce à une carte interactive accessible sur Instagram. Valable jusqu’au 20 décembre 2025, il offre des réductions dans chaque établissement et la chance de participer à des tirages au sort — dont un abonnement de six mois à Café 3.0 pour celui qui complète son carnet le premier.

Mais le Pasaporte n’est pas qu’un outil ludique pour les consommateurs : il devient aussi une vitrine pour les établissements indépendants.

Comme l’explique Patricia Escobar, co-fondatrice de La Colibrí :

« El pasaporte nos ayuda mucho. » (Le passeport nous aide beaucoup.)

Installée dans un local à l’ambiance printanière à Lince, elle développe :

« La filosofía siempre es darle visibilidad y protagonismo a los y las involucradas en toda la cadena productiva del café. Y a La Colibrí tratamos de que sean mujeres las que estén detrás de nuestros cafés. »
(La philosophie a toujours été de donner visibilité et protagonisme aux acteurs de toute la chaîne du café. Et à La Colibrí, nous essayons que ce soient des femmes qui soient derrière nos cafés.)

Ici, tout est fait maison, accessible et simple. Pour Patricia, la traçabilité et la qualité des ingrédients sont tout aussi essentielles que l’originalité des recettes. Ainsi, les gourmands peuvent accompagner leur café d’une focaccia caprese au pesto maison, ou d’une galleta New York. Mais le protagoniste principal reste son café, acheté directement auprès de ses productrices — un staff 100 % féminin — sans intermédiaires et avec un vrai gage de qualité bio.

Elle évoque notamment sa collaboration avec une productrice de Los Chilchos, à Chachapoyas :

« La acompañamos desde hace dos años. Gracias a las capacitaciones y el seguimiento, la calidad de su café ya ha mejorado, y toda su cosecha se compra a un precio justo. »
« Nous l’accompagnons depuis deux ans. Grâce aux formations et au suivi, la qualité de son café a déjà progressé, et toute sa récolte est achetée à un prix juste. »

Pour elle, c’est cette relation directe qui donne tout son sens à la tasse servie :

« Cada café cuenta una historia de trabajo justo y de mejora continua. »
« Chaque café raconte une histoire de travail équitable et d’amélioration continue. »

 

Bien plus qu’un joli carnet, le Pasaporte del Café Peruano, bientôt disponible aussi à Cusco, est une invitation à découvrir et soutenir un café équitable de qualité. Il suffit de le demander dans une cafétéria partenaire… et de se laisser surprendre, tasse après tasse.