Dans une entrevue accordée au Petit Journal Lima, Stéphanie Carpentier, Première Secrétaire de l’Ambassade de France au Pérou, nous en dit davantage sur ce Prix.


Le Prix des droits de l’homme « Javier Pérez deCuéllar » 2023 met l’accent cette année sur la promotion, la défense et la protection des droits des enfants au Pérou.
Qu’est-ce que le Prix « Javier Pérez de Cuéllar » ?
« Fondé par l’Ambassade de France au Pérou en 2012, le prix des Droits de l’homme « Javier Pérez de Cuéllar » récompense différentes organisations et associations qui mènent des actions pour aider la société péruvienne. Le Prix a été intitulé ainsi en hommage à l’illustre carrière du diplomate péruvien Javier Pérez de Cuéllar, qui a été Ministre des Relations extérieures du Pérou et également le cinquième Secrétaire Général de l’ONU, et qui est décédé en 2020. Le Prix a comme objectif de récompenser le travail des associations et des ONG au Pérou qui œuvrent pour la diffusion, la promotion, la défense et la protection des droits de l’Homme ».
La diplomate rappelle qu’il existe plusieurs Prix des droits de l’homme portés par la France à l’international, diffusés non seulement par l’Ambassade de France à Lima, mais également par l’ensemble des ambassades françaises dans le monde : « nous avons par exemple le Prix Franco-allemand des droits de l’homme, le Prix Simone Veil pour l’égalité entre les femmes et les hommes ou encore le Prix des droits de l’homme de la République française de la Commission Nationale Consultative des droits de l’homme. Comme l’a rappelé l’Ambassadeur de France Marc Giacomini lors de la dernière cérémonie de remise du Prix Javier Pérez de Cuéllar, la France accorde une grande importance au respect et à la promotion des droits de l'Homme. La France est particulièrement attachée à l'abolition universelle de la peine de mort, à la lutte contre l'impunité, contre les arrestations arbitraires et les disparitions forcées, contre le recrutement des enfants-soldats, au respect des droits des femmes, ainsi qu'à la lutte contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle ».
A la différence des autres prix, Mme Carpentier précise toutefois que « le Prix Javier Pérez de Cuellar est vraiment spécifique à l’ambassade de France au Pérou, il n’existe dans aucun autre pays et témoigne de l'engagement particulier de cette ambassade sur la thématique des droits humains ».
Quelles sont les conditions pour candidater au Prix « Javier Pérez de Cuéllar » ?
Concernant les conditions pour candidater, Mme Carpentier explique que « chaque année, l’ambassade de France au Pérou définit une thématique pour le Prix Javier Pérez de Cuéllar qui lui paraît prioritaire en matière de droits humains, et oriente sa sélection vers des candidats - organisations, associations ou même entreprises œuvrant pour la diffusion, la promotion, la défense et la protection des droits de l'Homme au Pérou - dont le projet correspond au sujet proposé.
Trois associations maximum peuvent être chaque année récipiendaires du Prix Javier Pérez de Cuéllar selon son règlement. Cette Ambassade a fait le choix de revaloriser l’enveloppe consacrée à ce Prix, passée de 4000 à 5000 euros en 2022, et maintenue à ce nouveau montant en 2023. Cette somme peut donc être allouée à une seule association, ou être répartie entre 2 voire 3 associations. En pratique, la troisième association lauréate reçoit généralement une distinction honorifique, afin que les deux premières associations puissent bénéficier d’une somme plus conséquente.
Il faut savoir qu’une association peut candidater et présenter plusieurs dossiers sur des thématiques différentes. Une association qui a gagné un prix les années précédentes peut également postuler de nouveau.
Les candidats doivent remplir un formulaire et présenter des justificatifs d’existence légale : une attestation de RUC pour les associations péruviennes, ou pour les associations françaises qu’elles soient enregistrées auprès du registre national des associations. Un compte bancaire au nom de l’organisation, des documents d’identité et toute information complémentaire pouvant être utile au regard du projet sont aussi demandés ».

Quel est le déroulé une fois les candidatures reçues ?
« Une fois les candidatures reçues, l’Ambassade de France procède à leur étude et les synthétise, puis les présente au Jury à l’occasion de une réunion à la Résidence de l’Ambassadeur. Présidé par l’Ambassadeur de France, le jury comprend les représentants de l’Ambassade d’Allemagne, de la Defensoría del Pueblo, de la Coordinadora Nacional de Derechos Humanos, et d’autres organisations pertinentes en fonction du thème retenu. Le jury choisit alors souverainement le ou les lauréat(s) du Prix, qui en sont ensuite informés par l’Ambassade de France.
La cérémonie de remise du Prix a lieu chaque année à la Résidence de France autour de la date du 10 décembre, qui marque la célébration de la Journée internationale des droits de l'homme. La ou les associations lauréates se voient alors remettre le ou les prix, en présence des membres du jury et d’acteurs de premier plan dans la défense et la promotion des droits humains au Pérou.
Au-delà de l’aide financière octroyée par l’Ambassade de France à cette occasion, ces associations bénéficient également de la visibilité que leur confère la campagne de communication de l’Ambassade autour de cet évènement ».
Quelle était la thématique retenue par l’ambassade l’an dernier, et quelles ont été les associations lauréates ?
« L’année 2022 ayant été marquée au Pérou par des statistiques alarmantes en matière de féminicides, la thématique prioritaire était la lutte contre les stéréotypes et les violences de genre, et la promotion des actions visant à améliorer l'accès des victimes à la justice.
Trois associations ont été lauréates l’an dernier :
- l’association « Juntas » pour son projet « Yo Educo » (« j’éduque »), qui vise à promouvoir une éducation complète à la sexualité ;
- l’association « Cabani Salud » pour son projet « Sanando heridas » (« guérison des blessures »), qui finance des opérations de chirurgie esthétique pour les femmes marquées au visage suite à des violences sexistes ;
- l’association « Somoss » pour son projet « Rompiendo mitos y estereotipos LGBTI » (« Briser les mythes et les stéréotypes LGBTI »).
Pour la cérémonie de remise du Prix 2022, nous avons eu l’honneur d’avoir la présence, entre autres invités, de deux personnalités péruviennes de premier plan : Salomon Lerner Febres, Président de l’Institut pour la démocratie et les droits de l’homme de l’Université catholique pontificale du Pérou, également ancien Président de la Commission de la Vérité et de la Réconciliation du Pérou, et l’historien Manuel Burga, actuel Directeur du Lieu de mémoire de tolérance et d’inclusion sociale (LUM). Nous avons organisé l’an dernier un évènement de plus grande envergure en raison du dixième anniversaire de la création du Prix ».
Cette année, le concours porte sur le thème des droits de l'enfant
« Cette année, nous avons décidé de retenir la thématique de la promotion, de la défense et de la protection des droits des enfants au Pérou, en privilégiant les associations qui mènent des actions sur ces thématiques. Le champ couvert est large, puisqu’il peut s’agir, par exemple, du droit à l’éducation, à la santé, à l’alimentation, ou encore la lutte contre les violences dont les enfants sont victimes. Des articles sont régulièrement publiés par la presse péruvienne, qui rappellent tristement que des enfants sont quotidiennement victimes de maltraitances ou d’abus sexuels.
La thématique des enfants avait déjà été mise en avant lors de précédents prix Javier Pérez de Cuéllar, qui avait récompensé entre autres l’association Terre des Hommes pour son projet d’alternative aux peines de prison chez les jeunes, ou l’association Qosqo Maki basée à Cusco pour son projet éducatif au bénéfice des enfants de la rue.
La France a adhéré à l’ensemble des textes internationaux qui protègent et qui promeuvent les droits de l’enfant, au premier rang desquels la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée par l’Assemble Générale des Nations Unies en 1989. Les droits des enfants sont donc une thématique importante, considérée comme prioritaire dans notre diplomatie », explique Stéphanie Carpentier.
La Convention internationale des droits de l’enfant est aujourd’hui ratifiée par plus de 197 Etats, soit le traité relatif aux droits de l’homme le plus largement ratifié de l’histoire. Cette convention a contribué à transformer la vie des enfants dans le monde entier. Elle énonce les droits que les Etats s’engagent à faire respecter vis-à-vis des enfants tels que le droit d’aller à l’école, le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation, le droit d’être protégé contre toutes les formes de discrimination, ou encore le droit d’être soigné, protégé des maladies, et d’avoir une alimentation suffisante et équilibrée.
« Or ces droits ne sont pas toujours respectés et il est important de se mobiliser pour leur pleine réalisation » souligne la diplomate, qui rappelle que « les enfants sont l’avenir de nos sociétés et doivent être traités avec dignité. C’est pour cela que l’Ambassade de France a retenu cette thématique cette année, afin de contribuer à renforcer l’action d’associations qui œuvrent pour les enfants au Pérou ».
En conclusion, Mme Carpentier invite les associations à candidater d’ici le 29 septembre : « Il ne faut vraiment pas hésiter à envoyer son dossier. Tous seront regardés avec bienveillance, et même si certains ne sont pas retenus cette année, cela permet aux associations de se faire connaître et, qui sait, peut-être seront-elles lauréates dans le futur? ».
Toutes les informations concernant le concours " Javier Pérez de Cuéllar " se trouvent sous les liens suivants :
Site internet de l’ambassade de France au Pérou en espagnol :
https://pe.ambafrance.org/Convocatoria-Este-premio-en-homenaje-a
Site internet de l’ambassade de France au Pérou en français :
https://pe.ambafrance.org/Prix-des-droits-de-l-homme-Javier-Perez-de-Cuellar-2023