Fraude ou élections légitimes ? L’opinion des politiques français

Fraude ou élections légitimes ? Dictature ou démocratie ? Voilà le débat qui divise l’Amérique latine depuis ce lundi 29 juillet, suite aux résultats annoncés par le Conseil National Électoral (CNE), proclamant Nicolás Maduro réélu président du Venezuela.

Les réactions des pays de la région sont très variées. D’une part, l’Argentine, le Chili, le Costa Rica, le Pérou, le Panama, la République dominicaine et l’Uruguay ont exprimé de vives préoccupations quant à la transparence des résultats, certains allant jusqu’à qualifier ces derniers de frauduleux.

Le ministre péruvien des Affaires étrangères, Javier González-Olaechea, a même annoncé que son pays reconnaîtrait le leader de l’opposition, Edmundo González Urrutia, comme le véritable vainqueur des élections.

D’autre part, un autre groupe de pays a opté pour adopter une position plus consensuelle. C’est le cas du Brésil, de la Colombie et du Mexique, qui, bien qu’exigeant une transparence totale dans le décompte des voix, n’ont pas pris une attitude de rupture envers le gouvernement vénézuélien. En effet, ils se sont abstenus lors d’un vote à l’Organisation des États américains (OEA) concernant une résolution demandant aux autorités vénézuéliennes de publier immédiatement les procès-verbaux des élections.

Enfin, un dernier groupe de pays a soutenu le gouvernement vénézuélien, comprenant les habituels alliés du régime : la Bolivie, le Guatemala, Cuba et le Nicaragua, entre autres.

Mais qu’en est-il de la France ?

C’est la question que plusieurs personnes se posent. En effet, le manque de réactions de la part des différents représentants du spectre politique français semble s’expliquer par leur concentration sur d’autres sujets, tels que les Jeux Olympiques ou les commentaires d’Emmanuel Macron sur le Sahara Occidental.

Toutefois, le gouvernement français a bien exprimé une position officielle à travers le Ministère des Affaires Étrangères, qui a appelé à la “publication intégrale des procès-verbaux et des résultats des centres de vote” pour “assurer la transparence du scrutin et le respect de la volonté des électeurs”.

De même, plusieurs messages dispersés de députés ou de représentants politiques ont été prononcés, mais ils semblent davantage relever d'initiatives personnelles que d’une position officielle du parti. C’est ainsi que le Premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure, a reposté sur le réseau social X le message du président chilien, Gabriel Boric, dans lequel il critique la décision unilatérale du gouvernement vénézuélien de rompre les relations diplomatiques avec son pays et appelle à une "transparence totale des résultats". Du côté opposé, Marion Maréchal, députée européenne du parti d’extrême droite CRE, a également publié sur son compte X un message qualifiant les résultats de "fraude électorale massive".

Cependant, ceux qui ont été particulièrement actifs sur ce sujet sont la députée et les anciens députés, ainsi que les habituels candidats pour la deuxième circonscription des Français établis hors de France.

Réactions des anciens députés de la circonscription

Éléonore Caroit est actuellement députée de la deuxième circonscription des Français établis hors de France. Elle a été récemment réélue lors des élections législatives de 2024 pour un troisième mandat consécutif. Elle fait partie de Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, et, lors de ses déclarations, elle s’est alignée avec la position du gouvernement concernant la réélection de Nicolás Maduro. Elle n’a pas reconnu le résultat des élections et a demandé une “transparence des résultats” ainsi que le “respect du vote des Vénézuéliens”.

Sergio Coronado, membre du parti Europe Écologie Les Verts (EELV), a été le premier à être élu pour représenter la circonscription des expatriés français en Amérique latine après sa création en 2012. Il s'est ensuite représenté pour une réélection en 2017, mais a perdu face à Paula Forteza. En 2024, il a de nouveau tenté sa chance sous le label du Nouveau Front Populaire (NFP), mais, malgré sa victoire au premier tour, il a été vaincu au second par Éléonore Caroit. Coronado s’est exprimé sur son compte X où il a salué la position des gouvernements de gauche en Amérique latine, en particulier celle du président chilien Gabriel Boric, pour son refus de féliciter Nicolás Maduro et sa demande de “transparence sur les opérations de vote”.

Finalement, Paula Forteza, élue députée en 2017 pour cette circonscription sous l'étiquette de La République En Marche (LREM), devenu depuis Renaissance, ne s'est pas prononcée publiquement sur le sujet.

Réactions des candidats récurrents à la circonscription

Christian Rodriguez, membre de La France Insoumise, a été candidat aux élections législatives de 2022 ainsi qu'aux élections partielles de 2023 pour la NUPES dans la deuxième circonscription des Français établis hors de France. Lors de ses deux candidatures, il a perdu au second tour. Tout au long de la période électorale, Rodriguez s’est montré très actif sur ses réseaux sociaux, où il a publié de nombreux messages en apportant son soutien au gouvernement chaviste et en diffusant des fake news.

Après la publication des résultats ce lundi 29, le membre de LFI a reconnu la “légitimité” des résultats et a affirmé que, sur les réseaux sociaux, il s’était inventé une “réalité alternative” visant à présenter le régime vénézuélien comme violent, tricheur, et antidémocratique.

Bertrand Dupont a été candidat pour cette circonscription en représentant Les Républicains (LR) lors des élections législatives de 2022, des élections partielles de 2023, et des élections de 2024. Il n'a jamais réussi à gagner, mais il a obtenu une troisième place lors des deux premières élections et a terminé quatrième lors de la dernière. Dupont a été catégoriquement critique envers le gouvernement vénézuélien sur les réseaux sociaux, où il a qualifié les élections de “frauduleuses”, affirmé que la victoire revenait à l’opposition, et dénoncé Maduro comme un “dictateur”.

Pascal Drouhaud a été candidat pour l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) lors des élections de 2017, où il a terminé troisième. Après l'annonce des résultats, il a été invité par de nombreux médias, tels que France 24 et LCI, pour être interviewé en tant que spécialiste et expliquer les enjeux autour des élections au Venezuela. Lors de ces émissions, bien qu'il ait maintenu un profil académique et neutre, il a tout de même déclaré qu'il existait des raisons de susciter d'énormes doutes quant à la transparence de ces élections, citant l'interdiction d'observateurs, les intimidations contre María Machado, et d'autres irrégularités.

Raquel Garrido, candidate pour le Front de Gauche lors des élections législatives de 2017 et actuellement membre de La France Insoumise, ne s'est pas encore prononcée sur le sujet.