Le 4 octobre, journée mondiale des animaux, est l’occasion de nous intéresser à un petit primate originaire du Pérou, le « saimiri boliviensis peruviensis ».
Instaurée le 4 octobre 1929, grâce à une initiative de l'Organisation mondiale pour la protection des animaux, dans le cadre d'un congrès tenu à Vienne (Autriche), la journée mondiale des animaux avait dans un premier temps pour objectif principal de générer une solution au problème des espèces menacées d'extinction.
La date du 4 octobre a été choisie pour célébrer les animaux parce que c’est aussi la fête de Saint François d'Assise qui est considéré comme l’un des premiers défenseurs de la cause animale. Pour lui, chaque animal, en tant que créature de Dieu, méritait le respect de l’homme. C'est pour cette raison que dans plusieurs pays du monde, dont le Pérou, sont célébrées des rites de bénédiction d’animaux de compagnie dans les paroisses lors de cette journée. De plus, différentes organisations mènent également des activités diverses afin de sensibiliser les gens à l'importance de protéger et de respecter les différentes espèces animales, notamment celles qui sont en danger d'extinction.
« Saimiri boliviensis peruviensis »
Le singe écureuil du Pérou, aussi appelé Sapajou à tête noire, Saimiri sciureus, ou plus localement « Frailecillo », est un petit primate vivant dans les grandes forêts pluviales de l’Amazonie (Équateur, Colombie, Venezuela, Brésil et Guyanes). Au Pérou, on peut le voir dans les régions de San Martín et Loreto, en Amazonie péruvienne, sur la rive nord des fleuves Marañón et Amazone.
Les saïmiris du Pérou évoluent souvent le long des cours d’eau, principalement dans ce qu'on appelle des forêts galeries : des zones où la canopée se rejoint au-dessus d'une zone humide temporaire ou d'un courant (fleuve ou rivière). On peut également les trouver aux abords de forêts tropicales car ils apprécient tout particulièrement les zones inondables.
Arboricoles et omnivores, les saïmiris du Pérou s’activent le jour, mangeant des insectes (surtout des vers et des chenilles) mais aussi des fruits, des fleurs et des graines. Ils se déplacent sur de fines branches dans la canopée basse, ne descendant que très rarement au niveau du sol.
Ce petit singe sud-américain se reconnait facilement à son pelage jaune au niveau des pattes. La particularité du saïmiri du Pérou est qu'il a les sourcils arqués comparé aux autres espèces (il existe 5 espèces de saïmiris). Il mesure environ 30 cm avec une queue encore plus longue (36 cm), pesant, à l’âge adulte, de 700 gr. à 1 kilo selon le sexe, les mâles étant plus gros. Leur espérance de vie est d’une quinzaine d’années. Ces primates font partie de la famille des Cébidés qui a pour particularité d'avoir un cerveau très développé et des ongles plats (au lieu de griffes).
La structure sociale des saïmiris du Pérou : une hiérarchie de domination
Les saïmiris du Pérou vivent en groupes sociaux mixtes de plusieurs dizaines d’individus, mâles et femelles mélangés. Très sociaux, ils établissent des hiérarchies avec différents niveaux de dominance (plus marquée chez les mâles que chez les femelles). Les mâles juvéniles forment des petits clans et essayent de s’intégrer dans des groupes existants pour renverser le pouvoir des plus anciens. Dans le groupe, ce sont cependant les femelles qui dominent. Chez les saïmiris on pratique l’allomaternage, c’est-à-dire que les femelles coopèrent pour élever les petits en communauté.
Plusieurs spécificités propres aux saïmiris
Les saïmiris ont une curieuse habitude : ils pratiquent le toilettage à l'urine. Ils s'enduisent ainsi les mains et la queue de leur propre urine afin de laisser des marques olfactives sur les chemins qu'ils empruntent. Cela leur permet de retrouver ces chemins et d'indiquer à leurs congénères par où ils sont passés. Une autre particularité des saïmiris est qu'ils ont un panel de vocalisations très important. En effet, ils communiquent énormément entre eux et même avec d'autres espèces dont ils partagent l'habitat comme les capucins. Et enfin un dernier point qui les caractérise est la capacité de perception des couleurs, qui est très rare dans le règne animal.
La protection de l’espèce saïmiri
Bien que les populations de saïmiris du Pérou soient en baisse, leur statut UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) reste de « Préoccupation mineure », c’est-à-dire non menacé. Au-delà des nombreux prédateurs potentiels (grands oiseaux, serpents, félidés…), les principales menaces pour l'espèce sont la dégradation de l'habitat avec la déforestation et la chasse, notamment avec les cas de captures pour être vendus sur le marché des animaux de compagnie ou encore pour être utilisés comme cobayes en laboratoire. Les saïmiris du Pérou sont listés en annexe II de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction). Le commerce international de cette espèce est donc autorisé mais minutieusement contrôlé afin de ne pas mettre en danger l'espèce.
Signée dans le cadre de la première conférence de haut niveau des Amériques sur le commerce illicite des espèces sauvages, organisée par le Service National des Forêts et de la Faune Sauvage (SERFOR) en octobre 2019 au Pérou, la déclaration de Lima a fixé les bases de la lutte contre le commerce illégal d'espèces sauvages. Malheureusement, il a été reconnu que cette activité a considérablement augmenté pendant la période de pandémie du Covid-19. Un atelier national sur les crimes contre la faune sauvage au Pérou vient d’avoir lieu les 27 et 28 septembre dans le but d'aborder ce problème et d'identifier les processus qui nécessitent un renforcement dans le suivi et la pénalisation efficaces des commerçants illégaux.