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Que représente la Journée mondiale des Océans pour le Pérou ?

Que représente la Journée mondiale des océans pour le Pérou ?Que représente la Journée mondiale des océans pour le Pérou ?
© Oceana Peru
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 8 juin 2022, mis à jour le 9 juin 2022

Commémorer cette date, ce n’est pas seulement remercier les pêcheurs pour un bon ceviche. Le Pérou veut pouvoir associer la protection de l’environnement à l'alimentation durable de demain.

 

Plus de dix ans se sont écoulés depuis que l'Assemblée générale des Nations Unies a créé cette commémoration. Des phénomènes tels que le changement climatique et l'utilisation excessive des ressources marines obligent l’humanité à repenser la mer comme source de nourriture durable pour des millions d'habitants sur la planète.

Associer la protection de l'environnement à l'alimentation durable de demain ne coule pas forcément de source, et encore moins quand on pense à la mer, perçue majoritairement comme un espace de loisirs. Pourtant, en cette Journée des Océans – célébrée chaque 8 juin depuis 2009 – il est crucial d’expliquer pourquoi il faut prendre soin de la mer tout en pensant à nourrir une population mondiale qui, selon les Nations Unies, aura augmenté de 33% en 2050. Par conséquent, notre survie dépendra, en partie, de la protection des ressources marines.

 

"Lutter contre la pollution, la surpêche, la pêche illégale et la pêche « accessoire »"

Le Péruvien Juan Carlos Sueiro, économiste, expert de la pêche, artisanale et industrielle, qui a été consultant pour la FAO et la Banque Mondiale, explique « qu'il est possible d'augmenter l'abondance des océans – et bien évidemment de la mer péruvienne – ​​grâce à l'utilisation de critères scientifiques pour lutter contre la pollution, la surpêche, la pêche illégale et la pêche « accessoire » (quand la pêche se concentre sur une espèce, et que d'autres types de poissons, d'oiseaux ou de mammifères marins sont capturés accidentellement). Y parvenir n'est pas si difficile : seuls 29 pays en plus de l'Union européenne sont responsables de 90 % des captures mondiales ».

Pourtant le scénario est inquiétant, les données publiées par la FAO indiquent que la moitié des stocks de poissons mondiaux sont surexploités. Les différentes entités gouvernementales et non gouvernementales cherchent donc à inverser cette tendance à la surexploitation. « Les gouvernements des pays côtiers, comme le Pérou, doivent s'engager à réaliser la récupération des ressources hydrobiologiques, par une gestion avec une approche écosystémique, c'est-à-dire qui considère l'interaction entre toutes les composantes de l'environnement et qui s'adapte aux variations de l'état des ressources et du climat. Selon les chiffres projetés par l’ONG « Oceana » : depuis 1996, il y a eu une diminution de la pêche mondiale de 14% par an, un chiffre qui pourrait être inversé et même atteindre une croissance de 15% grâce à la récupération de la mer en tant que source de nourriture naturelle ».

« Il existe des exemples positifs qui nous montrent la voie à suivre. Par exemple, au Japon, en protégeant l'habitat du chalutage, les prises de crabe des neiges ont augmenté de 240 %. Sous un autre angle, une interdiction totale des rejets de poissons indésirables a été mise en place en Norvège, augmentant de 18 % par an la récupération du cabillaud dans l'Arctique. Et enfin, aux États-Unis, des limites de capture ont été établies sur la base de critères scientifiques. Résultat : la surpêche est passée de 38 % à 16 % entre 2000 et 2015 ».

S’il n'est donc pas courant d'appréhender la Journée des Océans du point de vue économique et social, il est pertinent de rappeler que les produits de la mer représentent une source essentielle d'alimentation et fournissent de l'emploi à environ 820 millions de personnes sur la planète. Par conséquent, au Pérou, commémorer cette date doit permettre d’impliquer les acteurs qui travaillent à grande échelle avec la mer et d'exiger un engagement actif contre la pêche illégale, contre la pollution plastique dans l'océan Pacifique et contre les dommages collatéraux de la pêche qui réduisent progressivement l’avenir potentiellement prospère de ce pays côtier.

 

Que représente la Journée mondiale des océans pour un pays côtier comme le Pérou ?
© Silas Baisch - Unsplash

 

La protection des ressources marines au Pérou : lutte contre la pêche illégale

Le Pérou vient de franchir une nouvelle étape dans sa lutte contre le trafic illégal d'espèces sauvages ce 27 avril 2022. La Commission de la justice et des droits de l'homme a approuvé à l'unanimité un projet de loi visant à inclure le trafic illégal des animaux dans le champ d'application de la loi contre le crime organisé.

Si la décision finale reviendra au Congrès de la République, ce projet de loi marque une étape décisive dans la lutte contre le trafic illégal d'espèces au Pérou, incluant la problématique de la pêche illégale. Cette loi permettrait de lutter contre un crime aussi nuisible que profitable pour les mafias qui opèrent au niveau national et international : le trafic illégal d'espèces sauvages est le quatrième commerce le plus lucratif de la planète et est considéré comme un crime organisé dans le monde (ce n'est donc pas encore le cas au Pérou).

Au Pérou, la pêche illégale représente environ 500 millions de dollars américains par an, selon le ministère de la Production. De même, entre 2000 et 2018, plus de 80 000 animaux sauvages vivants ont été saisis. Malgré cela, les autorités péruviennes n'ont pas les outils juridiques pour persécuter, démanteler et punir les mafias qui opèrent derrière elles, d’où l’importance d’un tel projet de loi pouvant faire que le trafic illégal d'espèces sauvages soit considéré comme du crime organisé.

 

Que représente la Journée mondiale des océans pour un pays côtier comme le Pérou ?
© Giancarlo Revolledo - Unsplash

 

L’océan, la quatrième région du Pérou

Les enfants péruviens apprennent tous à l’école que le Pérou est divisé en trois grandes régions : l’Amazonie (« Selva »), les Andes (« Cordillera ») et le littoral (« Costa »). Pour autant, dans ce pays côtier qui compte 3 000 km de côte, l’océan est bien présent, telle une quatrième région dont la protection et l’exploitation sont primordiales pour l’économie du pays.

La confluence des eaux froides et chaudes fait de la mer du nord péruvien un lieu magique et privilégié, avec une diversité biologique unique qui doit être protégée. Les scientifiques considèrent même cette zone comme un "lieu d'espoir" pour le reste du monde. Par ailleurs, plus de 60% des poissons consommés au Pérou en provient.

Prenant pour axe une journée de la vie d'un pêcheur artisanal, le documentaire réalisé par Oceana Pérou « Mar Nuestro » articule les réflexions et les doléances de plus de 20 personnes directement et indirectement impliquées avec la mer, sachant que le prédateur le plus agressif pour l’océan, c’est l’homme !

 

 

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