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REDISTRIBUTION : Vers une expropriation des terres des Blancs ?  

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Écrit par Adrien Filoche
Publié le 1 mars 2018, mis à jour le 2 mars 2018

Réparer les injustices de l’apartheid. Voilà le fer de lance de Cyril Ramaphosa, président sud-africain récemment élu. Le Parlement sud-africain a ouvert la possibilité d’une révision de l’article 25 de la Constitution Principale conséquence envisagée, l’expropriation légale des terres arables, sans compensation, au profit de la majorité noire. 

C’est désormais acté. Mardi 27 février, le Parlement national a voté une motion mettant en place une commission chargée de réviser l'article 25 de la Constitution. Une mesure significative qui rendrait légale l’expropriation, sans compensation, des terres agricoles au profit de la majorité noire sud-africaine. 

 

 

L’expropriation des terres, un sujet sensible 

Rien n’est encore fait. Pourtant, en votant en faveur de la révision, les parlementaires ont pris une sérieuse option sur la mise en place d’une réforme agraire de grande envergure. Au total, 241 des 324 députés présents ont voté en faveur du projet. Parmi les principaux défenseurs du texte, Julius Malema, leader de l’Economic Freedom Fighters s’est exprimé peu après l’adoption de la motion. « Le temps des réconciliations est terminé. Maintenant, place à la justice. Nous parlons ici de notre dignité. Nous ne souhaitons pas une revanche… Tout ce que notre peuple a jamais voulu, c’est récupérer ses terres dans lesquelles est enracinée sa dignité (News 24). »

Le sujet de la redistribution des terres agricoles est très sensible en Afrique du Sud, dont l’histoire est toujours marquée au fer rouge par l’apartheid. Et si 1994 entérine la fin du régime discriminatoire, les inégalités, elles, ne se sont pas volatilisées en un coup de baguette magique. Une étude récente, reprise dans de nombreux médias nationaux sud-africains, rappelle que la majorité des terres (73 %) sont encore détenues par la minorité blanche. Vingt-quatre ans plus tôt, 85 % des terres arables étaient aux mains de cette minorité. Paradoxalement, celle-ci représente aujourd’hui environ 9 % de la population totale.

 

 

La grogne de l’opposition

Les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir. Pieter Groenewald, meneur du Freedom Front Plus a annoncé que cette réforme causera « des conséquences imprévisibles qui sont contraire à l’intérêt de du pays ». L’Alliance démocratique, principal parti de l’opposition, s’est aussi opposé à la motion. « Nous voulons faire clairement comprendre que la Democratic Alliance est totalement engagée à redresser l'histoire de la dépossession violente des terres en Afrique du Sud », a déclaré le parti dans un communiqué. « En plaidant pour l'expropriation sans compensation, l'ANC justifie son propre échec. L'expropriation sans compensation minerait gravement l'économie nationale, ne faisant qu'affaiblir encore plus les Noirs pauvres. Nous ne pouvons donc pas soutenir une telle approche. » 

La soif d’expropriation de Julius Malema ne séduit pas l’ensemble de la population sud-africaine. Depuis plusieurs années, le dirigeant de l’EFF exhorte régulièrement ses troupes à « s'emparer des terres », des propos qui lui ont valu des poursuites devant les tribunaux pour « incitation à l'effraction ». Aucune condamnation n’a été pour autant retenue contre lui. En 2015, le militant avait aussi défrayé la chronique en menaçant menacé de siéger en sous-vêtements au Parlement. Sur le sujet de l’expropriation des terres, difficile d’établir clairement les conséquences d’une éventuelle réforme agraire de grande ampleur. Dans les années 2000, le voisin zimbabwéen avait lancé un projet similaire et très offensif, qui est aujourd’hui loin d’avoir tenu toutes ses promesses… 
 

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