Comment décrocher un emploi en Malaisie ? Comment obtenir un permis de travail ? Quelles sont les conditions de travail ? Lepetitjournal.com vous propose un guide complet de ce qu'il faut savoir pour travailler en Malaisie
Comprendre le marché de l’emploi en Malaisie
Avec la mise en place de la Nouvelle Politique Economique (New Economic Policy, une politique économique qui ambitionne de rééquilibrer la répartition des revenus et des chances pour les Malais dits « de souche ») en 1971, un véritable décollage économique s’opère en Malaisie de 1971 à 2005 : le PIB décuple et la population passe d’environ 11 millions à 25 millions de personnes. Le niveau de vie s’améliore nettement et les taux de croissance annuels se situent entre 5 et 10%.
Puis, à partir d’automne 2008, la crise financière internationale se transforme progressivement en crise économique mondiale. La région asiatique n'y échappe pas. La Malaisie connaît un dernier trimestre 2008 avec une croissance quasi nulle (+ 0,5%), ce qui réduit déjà à 4,6% sa croissance annuelle sur 2008 au lieu des 5,7% prévus. Ses échanges commerciaux accusent, en fin d'année 2008 un net ralentissement. Employant près d'un million de salariés, le secteur industriel perd, en un an, un dixième de ses effectifs.
Le pays va reprendre doucement des couleurs. Les secteurs de la construction, de la finance, de l’électronique et du tourisme vont le porter. En 2013, la construction emploi 9,5% de la main d’œuvre malaisienne par exemple. Aujourd’hui, la Malaisie peut se vanter d’être l’une des plus grandes économies d’Asie du Sud-Est, avec de bons résultats économiques et une croissance à 4,4% en 2019, de 3,5% en 2021 (en raison du Covid-19) et un rebond estimé à 5,7% en 2023 selon le FMI. Pays industriel, la Malaisie est en passe d'atteindre le statut de pays à revenu élevé en 2025. En 2023, le taux de chômage est estimé à 3,6%.
Les secteurs qui recrutent en Malaisie
Les secteurs particulièrement dynamiques sont :
- Le secteur médical spécialisé et pharmaceutique, un marché estimé à environ 300 millions d'euros
- L'ingénierie : Il y a une demande constante d'ingénieurs en Malaisie et à Kuala Lumpur. Grâce au rythme rapide de l'urbanisation, les ingénieurs civils sont prisés pour maintenir les infrastructures publiques et privées à la pointe de la technologie.
- Le pétrole : La Malaisie fait en effet partie des plus grands exportateurs de pétrole de la planète. Les profils « pétroliers » sont donc recherchés
- Le secteur de l'éducation et la formation en langue étrangère
- Le marketing et la communication digitale, grâce à la digitalisation de nombreux services et institutions publiques ou privées
- L’automobile : Selon la CCI, l'ensemble de l'industrie automobile emploie environ 710.000 personnes et contribue à hauteur de près de 6.5 milliards d'euros au PIB du pays.
- Le BTP et l’industrie manufacturière : fin février 2023, le ministre malaisien de l'Intérieur, Datuk Seri Saifuddin Nasution Ismai déclarait vouloir soutenir le recrutement main-d'œuvre étrangère pour ces secteurs. A noter que l'industrie électrique et électronique (E&E) est le premier secteur manufacturier de la Malaisie
Trouver un emploi en Malaisie
Avant de rentrer dans le vif du sujet, sachez que la priorité du Gouvernement de la Malaisie est d’assurer l’emploi des ressortissants malaisiens. Les entreprises locales et internationales doivent donc fournir des justificatifs à l’emploi d’étrangers, - entre autres – une autorisation auprès du Bureau de l’immigration. En conséquence, sans diplômes, vous aurez de très grandes difficultés à trouver un poste ici. Il est conseillé de commencer à apprendre la langue locale (malais) pour faire la différence : les travailleurs étrangers parlent anglais mais encore peu maîtrisent la langue locale.
Avant de commencer vos recherches, préparez votre CV. Voici quelques conseils pour un CV à destination d’entreprises en Malaisie :
- Un CV de format standard est acceptable en Malaisie, sur une page
- Comme tout CV, l'information doit être à jour et correcte, en anglais ou malais
- Il est fréquent et conseillé de joindre une photo
- Ne pas utiliser d’abréviations si possible
- Les parties indispensables sont : les informations de contact, l’expérience professionnelle avec une brève description des réalisations, la formation éducative, les diplômes (précisez si vous avez reçu des honneurs spéciaux), les langues et le niveau, les compétences informatiques et les centres d’intérêt
- Parce que la priorité est donnée aux locaux, mettez en avant vos atouts différenciants (par exemple si vous parlez le malais)
Pour rechercher un emploi, plusieurs outils sont possibles :
- Les moteurs de recherche comme JobStreet, Foundit, Glassdoor ou encore Hiredly pour ne citer qu’eux
- N’hésitez pas à agrandir votre carnet d’adresses sur LinkedIn
- Les offres d’emplois ou de stages sur la CCI France en Malaisie
- Les sites des entreprises internationales diffusent des offres d’emploi (exemples Honda, Panasonic, Intel, Axa, Sodexo, Pernod Ricard…)
- Le réseau des Français en Malaisie : en 2021, environ 2.800 Français sont inscrits sur le Registre auprès du Consulat, essentiellement établis à Kuala Lumpur, Penang, Kuching et Kota Kinabalu.
Les conditions d’entrée en Malaisie
Un visa de séjour en Malaisie ne permet pas d'y travailler ou d'y être employé. Pour cela, il faut être récepteur d'un visa de travail. Il en existe plusieurs types, appelés « Employment Pass » (EP). Ils dépendent de votre salaire, de votre poste ou encore de votre visa.
- Le permis de travail « normal » : il permet aux employés étrangers de travailler dans le pays pour une durée supérieure à 12 mois. Il est délivré aux expatriés ayant des compétences spécifiques dans un domaine spécifique, généralement pour des emplois techniques ou de direction. Pour obtenir ce permis de travail, vous devez recevoir une somme mensuelle supérieure à 3000 RM, voire plus en fonction du secteur d’activité. C’est votre entreprise qui demande à obtenir ce visa de travail. Les employeurs préfèrent recruter (lorsque cela est possible) une personne ayant déjà une carte de résidence. Il existe différentes catégories, classées selon le salaire et la durée : EP1 (pour des postes supérieurs, d’une durée maximale de 5 ans), EP2 (d’une durée de validité inférieure à 2 ans) et EP3 (une durée équivalente ou inférieure à 1 année)
- Le permis de travail « temporaire » : Il est destiné aux employés semi-qualifiés dans des domaines spécifiques (construction, agriculture, plantation, fabrication, services et les aides domestiques étrangères). Il permet de travailler en Malaisie pour une durée inférieure ou égale à 12 mois. Attention, en tant que ressortissant français vous n’avez pas droit à ce visa de travail, car réservé à certains ressortissants de pays asiatiques (Bangladesh, Cambodge, Inde, Indonésie, Kazakhstan, Laos, Myanmar, Népal, Pakistan, Philippines, Sri Lanka, Thaïlande, Turkménistan, Ouzbékistan et Viêtnam)
- La carte de visite professionnelle : Un peu comme le portage salarial, vous devez disposer d’un contrat de travail avec une entreprise de votre pays d’origine et fournir vos services à une société malaisienne, par le biais de l’entreprise du pays d’origine, d’une durée maximale de 12 mois.
Que savoir sur le contrat de travail en Malaisie
En Malaisie, la Loi sur l’Emploi de 1955 régit les contrats de travail. Tout emploi qui dure plus d’un mois doit être formalisé par un contrat écrit. Celui-ci doit spécifier l’emplacement du travail, les missions, le salaire, les avantages, les congés, les dispositions de santé et de sécurité.
Les contrats peuvent être à durée déterminée ou indéterminée. La Loi de l’Emploi de prévoit pas de période de probation maximale mais généralement celle-ci dure trois mois au maximum. La clause de non-concurrence est difficile à appliquer mais les employeurs peuvent exiger des anciens d’employés de ne pas partager d’informations confidentielles.
Le délai de préavis en cas de résiliation dépend de l’ancienneté : les employés de moins de 2 ans ont généralement 4 semaines de préavis, ceux de 2 à 5 ans ont 6 semaines de préavis et ceux de plus de 5 ans ont 8 semaines de préavis.
Un employeur peut congédier un employé sans préavis en cas de faute grave, mais la Loi sur l’Emploi ne définit pas de manière exhaustive ce qui constitue ou ne constitue pas une faute grave. Les conflits peuvent se résoudre par un arbitrage privé ou via le tribunal industriel de la Malaisie.
Connaître les conditions de travail en Malaisie
La Loi sur l'Emploi établit la semaine de travail maximale de 48 heures en Malaisie et jusqu’à six jours de travail par semaine, avec une durée moyenne de 8h par jour. Le nombre de congés payés par an est de 8 jours si vous avez travaillé 1 à 2 ans, 12 jours si vous avez travaillé 2 à 5 ans et de 16 jours si vous avez travaillé plus de 5 ans. Le congé maternité est de 90 jours. Les employés ont droit à 14 jours de congés maladie par année civile, 18 jours s’ils ont travaillé entre 2 et 5 ans et 22 jours s’ils ont travaillé plus de 5 ans.
La Malaisie utilise des tranches d’imposition en fonction du salaire et du statut fiscal d’un employé. Généralement, les employés qui travaillent pendant 182 jours ou plus sur un an sont considérés comme des résidents fiscaux.
Par ailleurs, les employeurs doivent contribuer à la sécurité sociale d’un employé par le biais du Fonds de Prévoyance des Employés (FPE) de la Malaisie et de l’Organisation de la Sécurité Sociale (OSS). Les travailleurs locaux, les travailleurs étrangers, les travailleurs indépendants et les conjoints des travailleurs indépendants sont exemptés de la contribution à la FPE et à l’OSS. La Malaisie dispose d’un très bon système de santé.
Qu’en est-il de la culture professionnelle malaisienne ?
La population malaisienne est le fruit d’une immigration Indienne et chinoise. S’ajoutent les différentes nationalités qui arrivent, l’environnement de travail est naturellement multiculturel ! Si l'anglais est la langue officielle pour communiquer au bureau, il n'est pas rare d'entendre des langues différentes au quotidien.
Un mot d’ordre, relativiser ! Le bureau est souvent considéré comme un lieu d’échange, d’entraide et de bonne ambiance. Les Malaisiens sont chaleureux et conciliants. La hiérarchie est importante, respectez les processus de décision. Il ne sert (strictement) à rien de s’énerver, la confrontation est à éviter, et tout désaccord doit se régler en privé, car la culture « saving face » est très importante (sauver les apparences, éviter toute gêne ou inconfort, surtout en public). La confiance et la loyauté sont des atouts majeurs pour obtenir une promotion. Les heures supplémentaires sont plutôt bien vues.
En tant que pays plutôt conservateur, la tenue vestimentaire doit être correcte et ne doit pas attirer les regards (pour les femmes notamment). De plus en plus d’entreprises mettent en place des « casual Fridays » où la tenue peut être plus décontractée, toujours sans choquer.