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TROPHÉE ENTREPRENEUR – Charles-Antoine Descotis, fondateur de Ticket to the Moon, Indonésie

Charles-Antoine DescotisCharles-Antoine Descotis
Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 6 mars 2014, mis à jour le 19 mars 2014

 

A 46 ans, Charles-Antoine Descotis, fondateur de Ticket to The Moon, est le gagnant du trophée Entrepreneur des Français de l'étranger, parrainé par Humanis. Après quelques années de bohème en Inde et en Thaïlande, il fait escale à Bali en 1996. Depuis il n'en est jamais reparti. C'est là qu'il a créé sa société de hamacs en toile de parachute, avec très peu de moyens. Aujourd'hui, il emploie 120 personnes, est distribué dans 35 pays et est devenu leader dans son domaine. Sa société lui permet par ailleurs de faire fonctionner une ONG : Ticket to the Moon Foundation

Les clients de Tcket to the Moon sont principalement localisés en Scandinavie et dans l'est de l'Europe. Cela étant, Ticket to The Moon s'est aussi implanté dans le reste du monde, exception faite des Etats-Unis où le marché a été plus difficile à pénétrer. ?La concurrence nous laissait peu de place et les Américains ne voulaient pas travailler avec des marques asiatiques, d'autant plus avec des entreprises tenues par des Français. Ils sont venus, ont acheté quelques exemplaires du hamac parachute et l'ont fait produire ailleurs avant de lancer une offensive marketing. De mon côté, je n'ai pas pu protéger mon prototype en déposant un brevet, car sans support de la France et avec des moyens financiers limités, cela m'était quasiment impossible?. Mais même sans toucher cette part de marché, sa société atteint aujourd'hui deux millions de chiffre d'affaires annuel.

Ticket to The Moon, c'est une production 100% locale. Deux usines situées à Bali et 120 employés qui travaillent à temps plein ?dans des conditions de travail optimales? comme le souligne Charles-Antoine. Depuis 16 ans, cette entreprise ne cesse de croître, en augmentant chaque année ses vente de 25 à 30%. Le produit rencontre en effet un réel engouement : ?nous ne faisons que répondre aux demandes, nous n'avons pas encore eu à rechercher de nouveaux clients? ajoute Charles-Antoine.

La France il y rentre chaque été, mais Bali, c'est ?sa maison, son travail, sa famille, ses attaches, sa vie" comme il le dit. Pour lui, cette île l'a adopté.  

Lepetitjournal.com : De Bordeaux à l'Inde, d'où est venue l'idée de créer des hamacs en toile de parachute ?

Charles-Antoine Descotis : Depuis tout petit, j'ai une profonde passion pour les hamacs. En Inde, j'ai commencé à créer des hamacs en polyester mais je n'avais pas encore trouvé la toile parfaite. L'Inde était plus une façon de vivre alors que s'implanter à Bali permettait de développer un business rentable.

Vous dirigez une société éthique ou par ailleurs la gestion du personnel est très occidentale. Pourquoi était-ce important et incontournable pour vous?
Cela reflète les valeurs que j'ai apprises en grandissant, c'est mon côté français qui ressort! Je pense sincèrement que les valeurs sociales sont fortes en France et je voulais reproduire le modèle social français dans mon entreprise. C'est grandement apprécié de mes employés et cela permet de développer une communauté sociale unique au sein de l'entreprise. Je ne vends pas des hamacs uniquement pour faire de l'argent. J'ai voulu, et je fais tout encore aujourd'hui, pour rester en accord avec mes valeurs éthiques et morales. Les conditions de travail ne sont pas évidentes pour toutes les entreprises en Indonésie, je ne suis pas seulement venu exploiter les ressources que possède l'Indonésie, c'est du donnant-donnant et il n'y a rien de plus normal.

Certains de vos employés sont-ils là depuis le début ?
Quasiment tous les employés qui ont commencé lors de la création de l'entreprise travaillent toujours ici. Personne n'a jamais été licencié même lorsqu'il y a eu des vols au sein de l'entreprise. J'ai voulu faire venir un sorcier (une pratique courante dans la culture indonésienne) qui, lors d'une véritable cérémonie, a jeté un sort dans les locaux pour éliminer toutes les mauvaises consciences. Le lendemain, trois lettres de démission étaient posées sur mon bureau.

En 2009 vous avez décidé de créer une fondation, qu'est-ce qui a été le moteur de cette envie?
Au début, les hamacs parachute c'était pour moi et mes amis, une façon de faciliter nos voyages entre amis. Au fil des années, Ticket To The Moon est devenue une vraie société, avec un chiffre d'affaires en croissance constante. J'ai donc voulu donner un sens à ce développement, ne pas me contenter de gagner de l'argent, mais rendre à Bali ce que cette île m'a offert. J'aime l'Indonésie, j'aime Sumba, c'est un endroit qui a de réels besoins et ce qui est motivant c'est qu'avec de petits budgets et de l'entraide, on peut réaliser de grandes choses ici.

Par le biais de la fondation, vous aidez la tribu des Kodi, sur l'île de Sumba, qu'est-ce que cela évoque pour vous ?
Sumba c'est une île magnifique, une grande île même, presque deux fois plus étendue que Bali. Cependant c'est un endroit complètement oublié du tourisme et de l'économie : Il n'existe aucune route marchande et les tribus qui y vivent n'ont pas changé leur mode de vie depuis des millénaires ! D'ailleurs, la tribu Kodi est de loin la tribu la plus sauvage de toute l'ile. Je suis sûrement le premier occidental à être venu à leur rencontre, à avoir voulu aider les enfants en leur donnant des vitamines, des moustiquaires, en mettant en place des dépistages de malaria et en installant tout un système d'accès à l'eau. Faire de l'humanitaire en Indonésie tombait sous le sens pour moi, je ne me suis pas posé de questions à partir du moment où j'avais les moyens de le faire. Et puis tout devient plus facile lorsqu'il s'agit de faire de l'humanitaire au paradis !

Sumba semble se développer et ne plus être aussi anonyme, n'avez-vous pas peur que le tourisme finisse un jour par défigurer cette île?
Je fuis le tourisme. Sumba est une des rares îles chrétiennes et cela attire beaucoup d'investissements étrangers. Cependant, l'île n'est pas encore prête pour le tourisme et j'espère que cela nécessitera des années, car le tourisme est souvent destructeur lorsqu'il est mal géré.

Comment envisagez-vous l'avenir? Quelles perspectives de développement ou d'évolution avez-vous?
Les possibilités de développement sont énormes. Les marchés de l'outdoor et du loisir sont en pleine expansion. Le hamac parachute a créé une vraie alternative au camping traditionnel : bien plus léger, plus facile à installer et plus respectueux de l'environnement, il a révolutionné le marché. Nous devons aussi notre succès à la crise financière que connaît le monde aujourd'hui. En effet, les gens s'éloignent des hôtels, des bungalows, premièrement pour des raisons financières, mais également parce qu'ils recherchent un vrai retour à la nature, à la tranquillité, à la simplicité; une rupture avec leur vie quotidienne. 

Pourquoi vous êtes vous présenté aux Trophées des Français de l'Etranger ?
Et bien parce que j'étais sûr de gagner ! En fait, j'ai reçu un mail de l'ambassade me proposant de participer aux Trophées des Français de l'Etranger, j'ai cliqué sur le lien et je me suis dit pourquoi pas !

Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Gagner ce trophée permet de donner un peu plus de visibilité à Ticket To The Moon, et pour moi, cela représente un véritable sentiment d'accomplissement et de reconnaissance.

Reportage réalisé par France 24

Alexandra Le Vaillant (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) vendredi 7 mars 2014
Découvrez les parcours exceptionnels de l'ensemble des lauréats 2014
Lire aussi : news-banques.com : Humanis décerne le « Trophée de l'Entrepreneur » à Charles Antoine Descotis

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Publié le 6 mars 2014, mis à jour le 19 mars 2014

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