Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ESCAPADE A MALACCA – La vie cachée des trishaws

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 23 janvier 2013, mis à jour le 23 janvier 2013

Malacca continue de charmer les touristes qui, le temps d'un week-end, choisissent d'échapper à la bruyante capitale pour se plonger dans un univers plus pittoresque. Le folklore de la ville s'observe partout, et en particulier au détour d'une balade en trishaw - ces pousse-pousse fleuris et bariolés qui diffusent à longueur de journée les hits du moment?

 

Respirer l'air chargé d'histoire, errer au gré des envies entres ruelles étroites et galeries d'art? Et lorsque les pieds sont trop fatigués, grimper dans un trishaw et se laisser emmener par un guide chevronné aux mollets musclés. Un tri-quoi ? Trishaw, rickshaw, tricycle ou pousse-pousse, ces moyens de locomotion précaires mais fort pratiques se retrouvent un peu partout en Asie du Sud-Est. Toutefois, ceux de Malacca sont un peu particuliers : décorés outrageusement, ils déambulent dans les rues en diffusant les hits  du moment. La plupart des trishaws sont couverts de fleurs artificielles de toutes les couleurs ; toutefois, certains originaux optent pour des thèmes plus précis comme les papillons, ou encore Hello Kitty.

De tous âges et de toutes confessions, les profils des chauffeurs de trishaws sont aussi variés que les couleurs qui habillent leurs véhicules. M.Lee, qui souhaite préciser que tout le monde l'appelle "Cowboy Lee", conduit un trishaw depuis quarante ans. A 62 ans, le sympathique Baba-Nyonya transporte encore à la force de ses jambes les touristes et passants qui le hèlent tout au long de la journée, de 9h à 18h. "Parfois, c'est difficile vous savez. Je ne suis plus tout jeune. Je songe à la retraite, mais après, finalement, je me dis que la situation est plus stable comme ça. Et puis je suis mon propre patron, je suis indépendant. Si je veux arrêter, je le peux? Mais je crois que je ne le veux pas? pas encore ! ". Treize fois grand-père, l'homme au sourire édenté a passé les trois quarts de sa vie à pédaler. Aujourd'hui, il rêve de voyages en Australie pour le futur, et se souvient du passé avec malice. Lorsqu'on lui demande de nous raconter une anecdote sur son métier et sur ses passagers, il répond, avant de rire bruyamment : "Je ne sais pas, je ne sais pas ! Tout ce que je sais, c'est qu'on se rappelle? de moi ! "

Les trishaws fourmillent à Malacca, tout comme fourmillent en parallèle les histoires qui accompagnent ces moyens de locomotion si

spéciaux. Il est très rare de monter dans un trishaw flambant neuf, car le coût d'un véhicule neuf s'élève à plus de 3000 ringgit". Généralement, les chauffeurs héritent de leurs trishaws ou les achètent d'occasion à "un-ami-d'untel-qui-connait-untel ". Après achat, le conducteur personnalise sa monture en ajoutant des fleurs, des feuilles, des insectes en plastique. Celui-ci  présente un scorpion géant sur le toit du side-car, celui-là est orné de poupées, tandis qu'un autre, d'un style plus sobre, vous dépasse sur le refrain de la chanson "Gangnam Style".

Danur, ancien barman reconverti depuis 2005 en chauffeur de trishaw, a choisi de quitter son île natale de Bornéo pour suivre un mode de vie plus sain. ?Quand j'étais barman, j'étais saoûl beaucoup trop souvent. Conduire un trishaw, c'est plus sain !?. Il explique que les trishaws proviennent d'une longue tradition de porteurs du 17ème siècle. Avec le temps, la tradition a évolué et les chaises à porteurs sont devenues pousse-pousse, et les pousse-pousse ont finalement laissé place aux vélos et tricycles ou trishaws. Son vélo orné de motifs en fer forgé date d'il y a une  trentaine d'années. "La plupart des vélos attachés aux trishaws sont déjà bien vieux. C'est moins cher de réutiliser d'anciens tricycles ", d'autant plus que le gouvernement n'aide en aucune manière les nouveaux chauffeurs sur le marché. "D'un côté, c'est bien. On est indépendant, on est notre propre patron, on n'a pas de lignes à suivre".

Mais mis à part le folklore, est-il rentable d'être conducteur de trishaw ? Danur cherche ses mots, et finit par expliquer que le métier comporte de nombreux aléas. "Parfois, on va gagner 100 ringgits dans la journée ; parfois rien du tout. Pour un jour comme aujourd'hui, si je gagne 10 ringgits, ce sera déjà bien !". Le job dépend aussi des saisons touristiques ou des évènements autour de Malacca. Sur sa carte, Danur cumule les activités en trishaw : tours historiques, excursions, cérémonies, festivals, évènements promotionnels, films, etc? "Je ne fais pas ce boulot pour l'argent, ce serait bête. Moi, j'aime rencontrer des gens, partager des moments. Et puis, ça me permet de temps en temps de rencontrer des blondes aux yeux bleus? Avec mon job, qui sait ? J'aurai peut-être un rendez-vous galant ce soir ! ".

Avec un sourire aux coins des lèvres qui laisse apercevoir un bridge doré, le jeune homme relève ses lunettes de soleil et ajoute à l'attention des lecteurs : "Vous serez toujours bienvenue à Melaka ! Oubliez les French toasts et goûtez du keropok lekor !". Intrigués, nous lui demandons ce que c'est, et le malin répond avec un clin d'?il : "Ah, vous ne connaissez pas ? Eh bien, à vous de découvrir par vous-même? Ou bien, je peux vous emmener dans un bon restaurant pour vous le faire découvrir, avec mon trishaw ! ".

Au-delà d'une ville aux influences asiatique et européenne, Malacca ravira aussi les touristes par le charme de ses attachants chauffeurs de trishaw pleins de vitalité et d'authenticité !

Noëmie Sor (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) Jeudi 24 Janvier 2013

 

logofbkl
Publié le 23 janvier 2013, mis à jour le 23 janvier 2013

Sujets du moment

Flash infos