

Au forum économique mondial à Davos, la délégation sud-africaine menée par le président Zuma a tenté de vendre les mérites du pays aux organisations étrangères malgré un bilan de l’année très mitigé. L’occasion pour un parterre d’investisseurs de questionner le chef de l’état sur sa politique économique et financière et sa préparation à l’avenir.

La réunion annuelle du Forum Economique Mondial qui a lieu à Davos en Suisse chaque année s’est tenue du 21 au 23 janvier. Le thème annoncé, « maîtriser la 4ème révolution industrielle », laissait présager des débats autour des enjeux liés aux nouvelles technologies digitales, ses conséquences sur le travail et la concurrence. Les représentants Sud-africains ont lancé un message simple : "Open for business". S’adressant aux entreprises dans le domaine de la production, de l’investissement et du commerce, l’Afrique du Sud a promis de faciliter l’entrée sur son marché aux étrangers en simplifiant la paperasserie exigée. Et ils ont rencontré « un vif succès » - selon leur propre analyse ! La délégation a communiqué ses objectifs très ambitieux à l’horizon 2030, en cohérence avec le plan national de développement (NPD) : une croissance du PNB de 5% - très au-dessus de la croissance de 0,7% prévue par le FMI pour 2016 ; une réduction du chômage à 6% de la population, alors qu’il est actuellement à 25%.
« Le fait, que des multinationales comme Mercedes-Benz, BMW, Johnson & Johnson et Marriott continuent d’investir en Afrique du Sud, indique qu’un sentiment positif existe à l’égard de notre pays » a déclaré Rob Davies, ministre de l’industrie. « Nous disons aux investisseurs que malgré les immenses défis qui pèsent sur le pays, dont la plupart sont liés aux crises globales, nous sommes résilients » poursuit-il. Les affres économiques de cette fin d’année (limogeage surprise du très respecté ministre des finances, grèves dans tous les secteurs et sécheresses sévères) étaient précédés de pénuries d’électricité à répétition qui ont gelé le pays sur 2015. Les investisseurs potentiels réunis par la délégation ont interrogé le président à propos du "Nenegate" - du nom du feu ministre des finances démis de ses fonctions en décembre. Zuma s’est exclamé : « Le président a le droit de changer ses ministres. Compte tenu des vives réactions, j’ai rétabli la situation très vite en demandant à Pravin Gordhan (ancien ministre lui aussi respecté) de prendre le poste. »
Moins 74% d’investissements
Le forum s’est tenu alors que les Nations Unies pour le Commerce et le Développement (UNCTAD) venaient de publier un chiffre inquiétant sur le commerce. Selon son rapport, les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique du Sud ont plongé de 74% en 2015 par rapport à 2014. L’organisation explique ce recul par la baisse du prix des matières premières, et la fin de ce qu’elle appelle le super-cycle des matières premières. Les IDE représentent les mouvements internationaux de capitaux qui servent à créer ou développer une filiale à l’étranger ou à exercer le contrôle sur la gestion d'une entreprise dans le pays cible. Au niveau international, les IDE ont augmenté de 36%, en faveur des Etats-Unis (le premier destinataire), de la Chine, et de l’Europe. Les IDE des pays émergents ont augmenté dans l’ensemble de 5%. Ces investissements représentaient 1,5 milliard de dollars en Afrique du Sud en 2015, soit deux fois moins que ceux à destination du Nigéria.
Pour autant, les investisseurs étrangers semblent garder leur confiance en l’Afrique du Sud. Vue de loin, elle garde sa place de locomotive économique du continent, qui lui-même reste un réservoir incontournable de marchés à conquérir – qu’ils soient de la première ou de la dernière révolution industrielle.
![]() Anheuser-Busch InBev, leader mondial du marché de la bière, rachètera bientôt SAB Miller, fleuron de l’industrie sud-africaine et deuxième brasseur mondial. D’un commun accord, les deux entreprises ont annoncé leur mariage en novembre dernier. Avant de procéder à la fusion, le brasseur belgo-brésilien venu à la conquête de l’Afrique s’est introduit en bourse à la Johannesburg Stock Exchange (JSE) le 15 janvier 2016. Toutes ses actions ordinaires sont maintenant disponibles à l’achat en cotation secondaire pour les investisseurs locaux, sans crainte de dévalorisation liée au taux de change. Ce mastodonte est entré avec une capitalisation initiale de 3,1 billions de rands - soit le double du PIB du Mozambique, de la Namibie, du Zimbabwe et du Botswana réunis. La valeur totale des capitaux du JSE a grimpé de 15%. AB InBev prend ainsi la première place à la bourse Sud-africaine devant British American Tobacco. La fameuse Leffe belge serait bientôt produite dans la région du Cap. Le lot de consolation pour voir partir la très patriote Castle sous un autre drapeau. Carlos Brito CEO de AB InBev a qualifié cette nouvelle cotation comme un « vote de confiance significatif en faveur de l’Afrique du Sud en tant que destination d’investissement ». |
Lisa Binet (www.lepetitjournal.com/johannesbourg) Mercredi 27 janvier 2016.
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Crédit photos : Photo du haut, de droite à gauche : Président Jacob Zuma avec le ministre des finances Pravin Gordhan, le ministre de l'industrie Rob Davies and ministre de la Présidence Jeff Radebe durant the Business Interaction Group on South Africa au Forum Economique Mondiale à Davos, Suisse. (Photo: GCIS), Photo de l'encadré : Quinn Dombrowski/flickr




