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Valerie Hirsch, une personnalité de Johannesburg

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Écrit par Maeva Dewas
Publié le 29 mars 2023, mis à jour le 30 mars 2023

Journaliste free-lance, expatriée en Afrique du Sud depuis 27 ans, Valérie Hirsch est une femme engagée et une personnalité incontournable de Johannesburg. Auteur du livre «Les Sud-africains » et responsable du programme de mentorat Sizanani depuis 15 ans, Valérie raconte son histoire au petitjournal.com

Une histoire d’amour qui la mène en Afrique du Sud

Valérie est née et a grandi à Bruxelles. En 1984, elle obtient un diplôme en journalisme de l’université libre de Bruxelles. Commence alors pour elle une carrière passionnante. Que ce soit pour les publications dirigées par le correspondant du journal Le Monde à Bruxelles, pour « Le Vif L’Express » un hebdomadaire lié à l’Express en Belgique francophone, pour la radio Belge, c’est sur l’Union européenne et l’Afrique qu’elle se spécialise surtout. Pour ses reportages, elle est amenée à voyager sur ce continent africain et elle se verrait bien y vivre. En 1993, dans un petit avion assurant la liaison entre Bujumbura et Entebbe, elle rencontre quelqu’un qui vit à Johannesburg et qui, comble du hazard, a étudié dans la même université qu’elle, à la même époque, et avec qui elle a des amis en commun. Ils échangent une correspondance régulière et se revoient finalement en Belgique, après plus de deux ans. Quelques mois plus tard, Valérie quitte la Belgique pour rejoindre son amoureux en Afrique du Sud et prendre la température de cette nouvelle vie en terre inconnue. Ce choix osé se verra couronné de succès avec la naissance de ses deux filles : l’une seulement onze mois après son arrivée, l’autre en 1998. Elle s’installe également en tant que journaliste indépendante, et travaillera en tant que correspondante pour plusieurs médias belges, français et suisses.

La publication d’un livre incontournable : les Sud-africains

En 2015, parait le livre qu’elle a écrit « Les Sud-africains », de la collection « lignes de vie d’un peuple ». Installée en Afrique du Sud depuis plus de 15 ans lorsqu’elle accepte ce projet de livre, Valérie connait à présent bien son pays d’accueil. Dans ce livre, elle partage les complexités de ce pays marqué par 360 ans de colonialisme et par la politique de l'apartheid ; elle explore les paradoxes présents partout dans la société sud-africaine. Une expérience d’écriture passionnante pour elle, au travers d’entretiens, de reportages et de rencontres.  

couverture du livre les sud-africains

Valérie Hirsch : Une femme engagée

D’abord Installée à Sandton, Valérie remarque très vite les inégalités sociales existantes en Afrique du Sud. Ayant une fibre sociale développée, elle s’implique au coté de son mari dans un projet qui vient en aide à un orphelinat du township de Soweto. Ils s’y rendent régulièrement, apportant de la nourriture. Après avoir découvert le manque d’honnêteté des personnes impliquées dans la gestion de cet orphelinat, elle décide de changer d’angle d’approche. Plutôt qu’une aide sous forme de dons matériels, elle choisira dorénavant une contribution éducative et collaborative.

Le programme de mentorat Sizanani et son évolution

En 2007, Valérie devient donc mentor de deux garçons, dans le township d’Alexandra, sous l’impulsion d’une amie française. Un an plus tard, elle reprend la coordination du programme de mentorat avec Lou Cosson, une autre mentor. Ce qu’ils proposent aux jeunes mentorés, ce sont d’abord des sorties et des divertissements. Ce n’est pas suffisant, alors le projet qui prend de plus en plus d’ampleur, va se diversifier et proposer de nouvelles activités à ces jeunes de quartier, notamment pour les aider à choisir leurs filières d’étude.  En 2013, le programme devient une ONG officielle et  reçoit ses premières subventions venant de la RATP, puis en 2014, de Wallonie Bruxelles international.  

Emanuel Macron et un mentee

Prenant de l’importance d’année en année, Valérie consacre de plus en plus de temps à ce beau programme. Récemment, elle a cédé la couverture de l’actualité pour ses médias à des collègues et ne fera plus que des reportages ponctuels.

Sizanani : une ONG d’importance dans le paysage sud-africain d’aujourd’hui

375 jeunes du township d’Alexandra, de 13 à 18 ans, sélectionnés par le programme « Ikusasa Lethu », de l’école privée St Mary  suivent des cours de soutien scolaire au sein de cette école. Le programme de mentorat Sizanani recrutent des mentors, parmi des professionnels locaux et expatriés. Environ une fois par mois, ces derniers organisent des sorties individuelles avec leur(s) mentee (s). Ils peuvent également leur apporter, s’ils le souhaitent, une aide aux devoirs, le plus important restant de les aider à améliorer leur confiance en eux, à s'ouvrir sur le monde extérieur. En 2022, 107 mentors (principalement des femmes sud-africaines) ont encadré 137 élèves.

moment festif a Alexandra

Au-delà du mentorat, Sizanani offre un panel d’activités enrichissantes pour l’ensemble des 375 jeunes. Des visites d’entreprises, des workshops, des présentations de métiers, des ateliers divers sont organisés, ainsi qu’un «talent show », qui les aide à prendre confiance en eux. De plus, chaque élève de terminale  est épaulé par un coach ou une organisation qui le guide dans ses choix d’études supérieures et/ou professionnels.

En 2023, grâce à une donation de la Principauté de Monaco et de Puma, un programme de « thérapie par l’art» a été mis en place. Quinze jeunes par niveau, sélectionnés en fonction de leur besoins émotionnels, participeront à 4 sessions de deux heures, qui leur donneront des outils pour travailler sur eux même. Actuellement, 10 étudiants sont aussi en formation pour devenir « conseillers» à l’écoute de ceux de leurs pairs qui ont besoin d’une aide psychologique. La donation de la Principauté de Monaco a également permis la mise en place de cours de français pour 15 élèves de quatrière et troisième (13 à 14 ans). Pour motiver ces derniers, Sizanani souhaiterait recruter plus de mentors francophones, ayant dans l’idéal un enfant du même âge, et développer des partenariats avec un collège ou une association en France afin de permettre des échanges interculturels.

photo de groupe

A la fin de leur scolarité, les jeunes qui continuent leurs études à l’Université ont la possibilité de recevoir des bourses complètes ou partielles (50 étudiants, l’année passée) financées par des sponsors de Sizanani comme le groupe Kasada, Bombela operating company, Saint-Gobain, Paymentology et Telkom. Loin d’être livrés à eux-mêmes, des coachs restent présents pour aider les diplômés à construire leur CV, rechercher du travail, préparer des entretiens professionnels. Les jeunes qui ne peuvent pas aller à l’université sont également soutenus pour trouver des apprentissages, fonder leur micro-entreprise….

Finalement un réseau social s’organise, l’information circule, l’entraide est au rendez-vous. Nombreux sont les ancien mentees, insérés dans le monde professionnel, qui veulent à leur tour devenir mentors et venir en aide à ses jeunes qu’ils étaient eux aussi.

Actuellement, Valérie et certaines bénévoles françaises de retour sur le territoire, cherchent une association française qui accepte de les héberger fiscalement et de développer un projet local en partenariat avec le programme de mentorat sud-africain..

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