Expatrié en Afrique du sud et désormais romancier indépendant, Philippe Petit transforme ses souvenirs d’ailleurs en récits littéraires singuliers. Depuis Haïti jusqu'en République du Congo, en passant par l’Afrique du Sud, il écrit des histoires de rencontres, de pertes et de découvertes. Lepetitjournal.com l’a rencontré pour parler de ses livres, tous autoédités, et profondément ancrés dans les terres qu’il a foulées.


“Ces trois livres m’ont permis de raconter des souvenirs sur des pays que je connaissais de l’intérieur mais aussi de partager ce qui étonne…et de garder trace.”
Philippe Petit, une plume du blog au roman
C’est en Haïti que l’aventure d’écriture de Philippe Petit commence. Il y tient alors un blog où il partage ses impressions quotidiennes : les lieux, les individus, les beautés et les drames. Très vite, une idée germe, plutôt tenace: “J’avais en tête l’histoire d’un roman pendant près de dix ans. Une histoire de disparition, de recherche et de retour en Haïti à l’époque du tremblement de terre de 2010” nous confie-t-il pour raconter ses débuts de romancier. Il faut donc attendre un peu plus de 10 ans pour que l’expatrié l’écrive d’une traite. L’ouvrage intitulé Le Fils d’Ariane raconte le retour d’un ancien volontaire 25 ans après son premier séjour dans le pays. “J’avais déjà toute l’histoire en tête, il me manquait juste la fin, et un jour elle est venue.” Philippe s’auto-édite, se charge de la mise en page, de la couverture, de la publication. Un choix motivé par des propositions éditoriales décevantes.

C’est un livre un peu fou, mais qui m’a permis de raconter beaucoup d’histoires. Invisibles pour le commun des mortels, ils voyagent à Cuba, aux États-Unis, en Haïti, au Congo…
La plume reprend pour un roman qui fait voyager entre la terre et le ciel
Son deuxième roman, 777 Porte Dorée, écrit entre 2020 et 2021, prend des accents plus mystiques. Il s’agit cette fois d’une rencontre entre un Français et une docteure congolaise dans une île des Caraïbes qui vire au cauchemar quand un tremblement de terre détruit l’hôtel. Les deux protagonistes tombent dans le coma et leurs âmes se retrouvent devant une porte dorée numérotée 777 – celle d’un au-delà pas encore prêt à les accueillir. Chaque nuit, alors que le portail céleste reste clos, ils redescendent sur Terre pour visiter les lieux qu’ils n’ont jamais pu découvrir de leur vivant. “C’est un livre un peu fou, mais qui m’a permis de raconter beaucoup d’histoires. Invisibles pour le commun des mortels, ils voyagent à Cuba, aux États-Unis, en Haïti, au Congo…” L’histoire dure 7 jours, avec 7 histoires successives. “Et puis le 7e jour, le message s'affiche…” conclut l’auteur très mystérieux. A-t-il visité tous les pays que visitent les âmes protagonistes ? “Oui, sauf Cuba. Ils vont voir le concert de Rolling Stone avec un million de personnes.”
"C’est un roman par correspondance. Le jeune expatrié découvre le pays, râle beaucoup. Un jour il rencontre une femme congolaise, Marguerite, qui lui fait voir les choses autrement.”

Lancé dans l’écriture, Philippe Petit publie un troisième livre Lettres d'un Mundele en 2024, où il change de ton. Cette fois, c’est un jeune Français, André, muté malgré lui à Brazzaville, qui découvre l’Afrique par le prisme des lettres qu’il envoie à sa maman restée en France et réfractaire aux nouvelles technologies. "C’est un roman par correspondance. Le jeune expatrié découvre le pays, râle beaucoup. Un jour il rencontre une femme congolaise, Marguerite, qui lui fait voir les choses autrement.” Le Congo en lettres et en tendresse… Les personnages finissent par se marier… avant que Marguerite ne parte travailler en Afrique du Sud. “La suite, peut-être dans un prochain livre”, glisse-t-il, sourire aux lèvres, lui qui vient de déménager il y a quelques mois en famille à Johannesburg.
“Le vrai défi, ce n’est pas d’écrire ni même d’imprimer. C’est de faire voyager les livres jusqu’à leurs lecteurs”.

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L’écriture de Philippe Petit en mouvement, inspiré par l’expatriation
Si ses histoires sont fictives, les lieux, eux, sont bien réels : “J’écris toujours sur des endroits où j’ai mis les pieds”, souligne Philippe Petit. De Brazzaville à Port-au-Prince, il marche, observe, collecte. Certains passages de ses livres sont d’ailleurs directement tirés d’anciens articles écrits pour des journaux ou son blog, adaptés sous forme de lettres ou de récits.
Installé aujourd’hui à Johannesburg, Philippe Petit poursuit son chemin d’écriture. Il a repris la direction des éditions lepetitjournal.com Le Cap et Johannesburg après avoir créé l’édition de la République du Congo. Loin des circuits traditionnels, il vend ses livres par bouche-à-oreille, lors de signatures dans des salons littéraires ou en glissant des exemplaires dans les valises d’amis en déplacement. “Le vrai défi, ce n’est pas d’écrire ni même d’imprimer. C’est de faire voyager les livres jusqu’à leurs lecteurs”. Pour lui, l’expatriation est une source d’inspiration inépuisable. “ces trois livres m’ont permis de raconter des souvenirs sur des pays que je connaissais de l’intérieur mais aussi de partager ce qui étonne…et de garder trace.” Trois romans, trois tonalités, et toujours beaucoup de sincérité.
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