A Johannesburg, Work In The City (WITC) est un réseau professionnel francophone incontournable. Lepetitjournal.com a rencontré son actuelle présidente, Frédérique Martinez, une femme pleine de ressources, sachant rebondir et se renouveler. Voici son portrait.
Une femme aux multiples casquettes
Frédérique Martinez est diplômée d’une école supérieure de commerce avec une spécialité en gestion des ressources humaines. Après ses études et une première expérience de vie à l’étranger, en Argentine, elle rejoint une société de travail temporaire dont elle sera d’abord adjointe de direction pour la région Normandie puis directrice d’agences. Sa carrière est lancée. Pourtant son conjoint est bientôt muté en Tunisie pour son travail. C’est donc la deuxième expérience d’expatriation qui commence et qu’elle vit comme un vrai bol d’air frais, une pause professionnelle nécessaire. Dans ce pays naît son deuxième enfant. Elle s’y sent bien, en profite pour prendre le temps dont elle a besoin pour ses enfants, sa famille mais aussi pour elle. Il faut pourtant rentrer en France lorsque le contrat de son mari prend fin, 2 ans et demi après. C’est donc en région parisienne qu’elle et sa famille s’installent pour 9 ans. Pour rester en lien avec le monde professionnel et se remettre à jour, elle reprend des études et obtient un master 2 en ressources humaines, un certain challenge pour une mère de famille, qu’elle accepte avec détermination. C’est un carton plein puisque qu’elle rejoint ensuite une entreprise industrielle française au service recrutement corporate du groupe. Un souci de santé lui fait tout arrêter, encore. Qu’à cela ne tienne, Frédérique, pleine de ressources, choisit de s’investir dans la création de bijoux, challengée par une amie créatrice. Toutes deux organisent des ventes privées, et ça marche !
Une expatriation au Japon qui fait sens
En septembre 2013, deuxième expatriation, au Japon. Ça tombe bien, s’installer au Japon est un vieux rêve d’étudiante qu’elle partage avec son mari, tous deux japonophiles. C’est un véritable projet de famille qui prend vie. Commence alors une période d’adaptation un peu déroutante qui cède la place, au bout de quelques mois, à une vie « fantastique », du fait de la richesse des découvertes en tout domaine. A défaut de pouvoir travailler dans ce pays, Frédérique s’implique très vite dans diverses associations. Pour « les amis de langue française » elle s’occupe des visites culturelles avec une japonaise notamment, ce qui lui permet de s’immerger un peu plus dans la culture japonaise. Elle reprend également la création de bijoux et les vend sur les petits marchés de quartiers.
Ce nouveau succès fait naitre un projet : celui de fédérer toutes les créatrices françaises autour de la création d’évènements. C’est l’occasion pour Frédérique de mettre en place des ventes privées, et cerise sur le gâteau, d’organiser le premier marché de noël de l’Institut Français, rassemblant plus de 30 créateurs et artistes sur 3 jours. Pourtant cette expatriation est aussi source de questionnements sur sa vie, notamment professionnelle, avec une inquiétude sous-jacente quant aux trous sur son CV. Son implication dans l’association « Femme Active Japon », un réseau professionnel, va tout changer ! Assez rapidement, elle rejoint l’équipe « atelier » et met à leur service ses compétences RH. L’année suivante, elle devient vice-présidente de cette association, et dans une ambiance d’équipe très dynamique, développe de nouveaux projets. C’est la force de l’intelligence collective, véritable boost de créativité. Grâce à cet engagement bénévole, elle retrouve du sens. Se sentir utile pour les autres, avoir sa place, travailler en équipe, tout cela lui permet de reprendre confiance en ses compétences et de retrouver une identité professionnelle.
Retour en France, nouvelles possibilitées
Le retour en France, 3 ans plus tard, est, comme souvent, délicat, avec de nombreuses incertitudes, un enfant qui rentre en terminale et un autre au collège : cela nécessite une bonne année de réadaptation. Frédérique songe un moment à entreprendre une formation de coach interculturel, mais ce projet de reconversion ne verra pas le jour. Elle retourne finalement vers ce qui la fait le plus « vibrer », le milieu de l’artisanat en retrouvant l’univers des créatrices et artistes, en cette période florissante pour créer des pop-ups et autres évènements artistiques. S’impose finalement à elle une évidence : cette compétence qu’elle a de créer du lien entre les personnes, monter des projets et aider les autres à développer leur business, elle pourrait en faire son métier. Elle prend donc le statut de consultante free-lance : Business développeur et manageur d’évènements pour les artistes et les artisans.
L’Afrique du Sud et Work In The City
La mutation de son mari en Afrique du Sud viendra une nouvelle fois la stopper dans son élan. Elle décide d’accepter le challenge pour sa famille, mais pas sans avoir pris la température de ce qui se fait déjà sur place, à Johannesburg. Elle se renseigne sur l’existence d’un réseau professionnel et prend connaissance de l’existence de Work In The City (WITC), une association créée en 2016 par Bénédicte Champenois Rousseau, sociologue de formation, pour aider les Français en recherche d’un emploi.
Elle la rencontre à Paris et celle-ci va l'encourager à reprendre le flambeau. Ce qui sera chose faite en septembre 2019. Avant le départ, une phase active de prise de contacts, préparation et anticipation de son projet d’expatriation commence. Arrivée à Johannesburg, elle rassemble une équipe autour de son projet, avec Stéphanie Lamotte, présente en Afrique du Sud depuis déjà 8 ans et bien connue de la communauté des expatriés français. Le projet de WITC pour la communauté francophone est alors défini avec des activités centrées sur la recherche d’emplois, le lancement d’un club entrepreneur et d’un programme de mentorat. Le maître mot de l’association c’est le networking, faire en sorte que les gens se rencontrent et apprennent à connaitre l’Afrique du Sud par le biais du prisme économique et social, pour y trouver leur place professionnellement.
Pendant le confinement de 2020, l’association prend un nouveau tournant : elle bascule dans le digital « pour garder le lien ». Conférences et autres formations sont organisées en ligne pendant plus d’un an et demi. A présent, présentiel et distanciel coexistent au sein de WITC. Les objectifs définis par Frédérique et son équipe pour assoir le développement de WITC seront atteints en un peu plus de trois ans de mandat. L’association est devenue incontournable pour tout francophone expatrié ou conjoint suiveur en recherche d’un réseau professionnel. WITC obtient également son statut de NPO sud-africaine en août 2020, et ouvre son compte bancaire. Elle gagne aussi une reconnaissance et une légitimité auprès de la «Team France » à savoir les différents acteurs de la diplomatie, de l’économie et de la culture françaises … Depuis plus d’un an, avec les difficultés accrues d’obtention d’un visa de travail, l’accent a été mis sur la formation et le bénévolat (enrichissants et valorisables en termes d’expérience, cf le passeport bénévole), pour accompagner les gens dans leurs réflexions, les informer, et les aider à prendre du recul et à s’accomplir d’une façon ou d’une autre. Pour Frédérique, convaincue de l’impact de l’intelligence collective, la richesse de ce réseau est immense : « Nous sommes tous d’univers différents que ce soit en termes d’âge, de secteur d’activité, d’expérience en expatriation. C’est une superbe expérience humaine : tu construis, tu t’adaptes, tu te réinventes, tu rebondis sur des solutions alternatives ou inexplorées" nous confie-t-elle.
Aujourd’hui, enrichie par cet engagement de 4 ans, Frédérique va quitter son poste de présidente de WITC lors de la prochaine Assemblée Générale en juin et se réjouit que l’équipe se renouvelle et poursuive cette belle aventure humaine pour la communauté francophone. Lepetitjournal.com lui souhaite le meilleur pour ses nouveaux projets.