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Etienne Chapon, Consul Général de France : son regard sur l’Afrique du Sud

Lepetitjournal.com de Johannesburg a eu le privilège de rencontrer Monsieur Etienne Chapon, Consul Général de France en Afrique du Sud, à Johannesburg. Monsieur Etienne Chapon est arrivé au terme de sa mission et quittera l’Afrique du Sud dans quelques jours. Il nous a accordé un entretien à cette occasion et livré son regard sur l’Afrique du Sud.

Etienne  Chapon Consul Général de France à Johannesburg Etienne  Chapon Consul Général de France à Johannesburg
Écrit par Philippe Petit
Publié le 8 juillet 2025, mis à jour le 12 juillet 2025

 

Propos recueillis par Philippe PETIT

 

L’Afrique du Sud, impressions et coups de cœur

 

Lepetitjournal.com : Connaissiez-vous ce pays avant de prendre votre poste en Afrique du Sud ? Quelle a été votre première impression en arrivant ici ? Et votre plus belle surprise ?

Etienne Chapon :  Je n’étais jamais venu en Afrique du Sud avant mon arrivée dans le pays, il y a quatre ans. Je connaissais l’Afrique pour avoir occupé des postes en Egypte, en Tunisie et en Côte d’Ivoire. Mais ma perception de l’Afrique du Sud se limitait aux mêmes éléments que beaucoup de français de ma génération : Nelson Mandela, les Springbox pour le rugby, Johnny Clegg pour sa musique universellement connue, l’héritage des Huguenots et le bon vin produit ici.

J’ai senti tout de suite en arrivant à Johannesburg que nous pourrions y être bien, ma famille et moi-même.

 

Skyline Johannesburg
                         Johannesburg - Photo Etienne Chapon

Cette très grande ville a été ma plus belle surprise. C’est une ville très photogénique. Je l’ai tout de suite vue avec les yeux du photographe amateur que je suis : ses grandes avenues verdoyantes, sa skyline, ses couchers de soleil spectaculaires, l’incroyable diversité de son architecture, y compris pour les immeubles les plus récents.  J’ai immédiatement aimé vivre dans cette ville du fait de sa qualité de vie, du bon niveau de ses infrastructures, et de la verdure omniprésente. Elle présente une facette étonnante, attachante et inattendue de l’Afrique.

Lpj: Quelle ville ou région vous a plus particulièrement touchée ?

EC :  Je suis littéralement tombé amoureux de la ville de Johannesburg, en particulier quand j’ai commencé à m’intéresser à son histoire. De sa création, avec la ruée vers l’or, jusqu’à aujourd’hui, en passant par la lutte contre l’apartheid.

C’est une ville cosmopolite qui a accueilli des migrations multiples : des Grecs, des Italiens, des Portugais, des Indiens, des Chinois… On retrouve encore aujourd’hui des marques importantes de ces populations venues d’ailleurs, qui avec le temps, se sont intégrées. C’est aussi ce qui rend cette ville intéressante et différente.

Mes activités professionnelles m’ont amené à m’intéresser aussi à l’extrême diversité religieuse. Elle se reflète dans les lieux de culte auxquels j’ai consacré une série de photographies. La grande mosquée Nizamiye est toute proche d’un temple hindou. L’église catholique Saint Charles Borroméo - qui ressemble à une soucoupe volante -, la synagogue du Lion, entourée aujourd’hui par des immeubles près de Hillbrow, sont des édifices qui soulignent bien cette diversité de religions qui se côtoient sans problèmes.

 

Saint Charles Borromeo- Johannesburg
Eglise Saint Charles Borroméo- Johannesburg. Photo Etienne Chapon

 

Et j’ai un goût particulier pour le quartier de Killarney qui compte plusieurs immeubles magnifiques du plus pur style Art Déco.

Lpj : Avez-vous des souvenirs marquants, ou une anecdote mémorable de vos visites dans le pays ?

EC : J’ai beaucoup de bons souvenirs de mon passage ici. De nombreux moments m’ont marqué, des situations difficiles pour des compatriotes, mais aussi des moments plus gratifiants, souvent vécus dans le cadre de mes fonctions de Consul Général. Je garde en mémoire les visites que j’ai faites à la communauté des descendants des Français qui s’étaient installés à Vanderbiljpark dans les années 1960, qui étaient venus ici pour travailler comme ingénieurs ou techniciens dans l’usine sidérurgique. Ils venaient de Lorraine ou du Nord de la France, sont restés ici et les descendants sont parfaitement intégrés. Je m’y suis rendu pour fêter le 80ème anniversaire de Ginette Brune, la cheffe d’îlot.

 

Avec Ginette, cheffe d'îlot

 

Lpj:  Y a-t-il des lieux que vous avez appréciés, et que vous recommandez vivement aux lecteurs de « lepetitjournal.com » ?

EC : Sans hésiter, pour moi, le lieu à découvrir et à visiter absolument à Johannesburg est la « Satyagraha House », la maison où habitait Ghandi pendant son séjour ici entre 1908 et 1910. Elle appartient d’ailleurs à une entreprise française,  Voyageurs du Monde qui l’a acquise et restaurée en 2010.

Il convient bien sûr d’y aller en respectant l’esprit du lieu, sur la pointe des pieds, pour ne pas troubler la quiétude de cet endroit magique en plein cœur de la ville. Il faut aussi absolument goûter leur cuisine locale, végétarienne bien sûr.

 

Satyagraha, maison de Ghandi à Johannesburg
       Satyagraha House - Johannesburg. Photo : Voyageurs du Monde

 

Je conseille aussi de visiter le KwaZulu-Natal, une province magnifique, et notamment le Zulu Land qui est pour moi la quintessence de l’Afrique du Sud.

 

La population, les gens, en Afrique du Sud

 

Lpj : Quel trait de caractère des Sud-Africains vous restera ?

EC : Je suis très touché par l’amour viscéral qu’ils portent à leur pays, la relation charnelle qu’ils entretiennent avec leur terroir. Ils sont à la fois très accueillants pour les étrangers et très fortement attachés à leur pays, sans tomber dans le chauvinisme.

 

Lpj : Quels aspects de leur façon de vivre vous ont agréablement marqué ?

EC : L’Afrique du Sud est un pays d’une diversité inouïe, qui est aussi une grande richesse. Je ne pense pas que l’on puisse parler d’une façon de vivre unique. Il y en a autant que de groupes sociaux. J’aime chez eux un trait commun : la simplicité dans les rapports humains. Ils échangent facilement, sont très ouverts à la discussion.

 

La culture, les arts, la gastronomie en Afrique du Sud

Lpj : Avez-vous découvert des créateurs locaux dont vous garderez les œuvres, ou un bon souvenir ? En avez-vous personnellement rencontrés ?

EC : Je suis fan d’un photographe nommé Leon Krige. Il photographie la ville la nuit, en utilisant des techniques datant de l’époque de l’argentique. Il utilise des pellicules et produits périmés, fait des prises de vues panoramiques, avec de longs temps de pause. Je l’ai rencontré, j’ai même fait le discours d’ouverture de l’une de ses expositions à Wits.

Je pars avec plusieurs œuvres de lui, dont une prise à Hillbrow que tout le monde trouve magnifique.

 

Le photographe Leon Krige.
Leon Krige, photographe.  Photo : Etienne Chapon

 

LpJ : Avez-vous un plat ou une boisson d’Afrique du Sud à conseiller, ou une expérience culinaire ou gastronomique inoubliable ?

EC : Johannesburg est un melting-pot culinaire. Je conseille de découvrir les restaurants italiens, portugais, grecs, indiens…  Le choix est large.

Mais au final, j’avoue que je reviens toujours au pain de « Sweet Baguette » ou aux fromages de Fabienne, à Morningside, ces expatriés Français que les lecteurs de « Lepetitjournal.com » connaissent bien.

On ne se refait pas.

 

La communauté française en Afrique du Sud

LpJ : Comment décririez-vous les Français vivant en Afrique du Sud ? Quels ont été vos rapports avec eux ?

EC : La communauté des Français en Afrique du Sud a quelque chose de spécial : du dynamisme, de la bienveillance, de l’ouverture sur notre pays d’accueil et sur le monde.

Je me suis tout de suite senti à l’aise parmi eux, et j’ai trouvé leur regard très positif, avec un grand intérêt pour l’Afrique du Sud, ce qui donne le sentiment d’être privilégié d’être ici et d’y être bien accueilli.

La communauté française est bien intégrée dans ce pays et elle s’y sent bien. Elle est aussi très diverse géographiquement et socialement, eu égard aux divers niveaux d’ancienneté dans le pays.

 

A l'Alliance Française de Johannesburg
Etienne Chapon, à l'Alliance Française de Johannesburg, avec Frédérique Martinez, fondatrice de WITC et Gevrise Emane, championne de Judo 

LpJ : Vous avez toujours été très proche des Français vivant ici, notamment des associations et organisations actives sur place. On vous retrouvait souvent présent aux évènements qu’ils organisaient. Et ils étaient nombreux à venir assister à ceux que vous avez proposés. Quel regard portez-vous sur leurs activités et leur impact ?

EC : Oui, j’ai eu la chance de participer tout de suite à un « Forum des Associations » organisé par Jo’bourg Accueil.  Je trouve au sein des associations actives une double complémentarité ; avec le travail du Consulat et entre elles : elles ont respectivement un rôle social, professionnel, business, festif, sportif; elles sont tournées vers les Français pour certaines et vers les Sud-Africains et l’Afrique du Sud pour d’autres.

Leur point commun est l’engagement sans compter le temps et sans attendre quoi que ce soit en retour.

 

Le  départ d’Afrique du Sud est proche

LpJ : Quel souvenir symbolique de l’Afrique du Sud emporterez-vous ?

EC : De mon point de vue, l’Afrique du Sud est un pays où se jouent beaucoup des enjeux contemporains essentiels pour l’avenir de notre planète : la lutte contre la pauvreté et contre les inégalités, le dépassement d’une histoire parfois douloureuse, la mise en place de politiques qui sont compatibles à la fois avec le développement et avec la lutte contre le changement climatique, la réforme de la gouvernance mondiale…

J’emporterai un portrait de Nelson Mandela. Je le considérais comme une figure tutélaire du pays avant mon arrivée ici. Et cette image reste aujourd’hui intacte.

 

Nelson Mandela

 

LpJ : Que souhaitez-vous faire absolument ici avant de partir vers votre nouvelle mission ?

EC : J’irai prendre un dernier café au Pantry, en face du Consulat !

Non seulement parce que leur café est le meilleur, mais surtout pour dire au revoir aux serveurs dont la gentillesse m’a permis de vivre des bons moments pour bien commencer la journée.

Rien que d’y penser, j’en ai les larmes aux yeux.

 

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