Édition internationale

El Niño et ses conséquences pour l’Afrique du Sud

En 2023, les principales agences océanographiques mondiales s’accordaient pour dire que le phénomène climatique El Niño était bel et bien de retour. Les experts sud-africains du climat mettaient en garde le pays et notamment ses agriculteurs, contre ce phénomène climatique et la grande sécheresse qu’il pourrait entraîner dans la région. Qu’en est-il finalement en ce début d’année 2024 ?

El Niño en Afrique du SudEl Niño en Afrique du Sud
Écrit par Maeva Dewas
Publié le 5 février 2024, mis à jour le 9 mai 2024

Pas de sécheresse marquée pour les régions agricoles de l’Afrique du Sud au cours des mois d’été 2023/2024. Toutefois, l'effet El Niño pourrait encore se manifester au cours des prochains mois et modifier les prévisions de précipitations pour le milieu et la fin de l'été…

El Niño : un phénomène climatique redouté

Si El Niño est craint, il passionne également les scientifiques qui l’étudient pour son rôle majeur sur le climat. Sécheresse en Amérique centrale ou en Afrique australe, précipitations intenses sur les côtes du Pérou et de l'Équateur, température moyenne à l'échelle du globe anormalement élevée … Le phénomène El Niño ne passe pas inaperçu!

El Niño et son pendant La Niña sont des phénomènes océaniques à grande échelle du Pacifique équatorial, affectant le régime des vents, la température de la mer et les précipitations. El Niño et La Niña correspondent aux deux phases opposées du phénomène couplé océan/atmosphère appelé ENSO (El Niño Southern Oscillation).

Les événements El Niño apparaissent d'une manière irrégulière, tous les 2 à 7 ans. Ces épisodes débutent en général en milieu d'année et durent de 6 à 18 mois en moyenne ; toutefois, ils peuvent parfois s’étendre sur plusieurs années. De par leurs ampleurs (augmentation de température de l'ordre de 1 °C ou plus des couches océaniques superficielles dans le rail équatorial pendant plusieurs mois) et l’étendue de la zone concernée (au niveau de l'équateur, le bassin pacifique tropical s'étend sur une zone large de plus de 10 000 km), ils affectent le climat mondial dans son ensemble.

En Afrique du Sud, El Niño entraîne généralement des sécheresses, en particulier dans les régions centrales et orientales, une augmentation des vagues de chaleur et des incendies de forêt qui y sont associés.

mais asséché

Cependant, Willem Landman, professeur de météorologie à l'université de Pretoria, déclarait que s'il existe une relation bien comprise entre Enso et les conditions météorologiques extrêmes en Afrique du Sud, l'ampleur de l'impact peut considérablement varier. Du même avis, le Dr Ramontsheng Rapolaki, expert en agrométéorologie et en modélisation climatique au Centre de recherche agricole expliquait "En général, les événements El Niño ont tendance à apporter des conditions plus sèches que d'habitude en Afrique du Sud, en particulier dans la région des précipitations estivales. Toutefois, il est important de noter que cette relation n'est pas toujours évidente. Si plusieurs événements El Niño coïncident avec des conditions sèches, tous ne conduisent pas à de graves sécheresses".

La « discrétion » d’El Niño, une aubaine pour l’agriculture sud-africaine

Les prévisions alarmistes selon lesquelles le système météorologique El Niño entraînerait la sécheresse dans de vastes régions agricoles de l'Afrique du Sud au cours des mois d'été ne se sont pas encore concrétisées.

"Alors qu'El Niño est généralement synonyme de sécheresse, cette année, c'est tout le contraire : il y a eu des pluies", déclarait Wandile Sihlobo, économiste en chef de la Chambre des entreprises agricoles.

Les conditions agricoles actuelles ont été qualifiées d'excellentes. La Chambre des affaires agricoles s'attend à des rendements favorables dans tout le pays, même dans le nord-ouest où les précipitations n'ont pas été aussi importantes que dans d'autres régions. Bonne nouvelle également pour le consommateur, cela signifiant que la pression sur les prix des denrées alimentaires devrait s’atténuer, du moins à court terme.

champs agricoles bien vert

Selon le dernier rapport du Pietermaritzburg Economic Justice and Dignity Group, le coût d'une année sur l'autre du panier moyen d'aliments auxquels les ménages accordent la priorité a augmenté de 4,9 % en janvier, loin du pic de 17,4 % atteint en février de l'année dernière. Et si les prix continuent de grimper, ils le font beaucoup moins rapidement.

Il faut toutefois rappeler que ce n’est pas parce que le manque de précipitations attendu ne s'est pas encore produit qu'il ne se produira pas. La sécheresse pourrait commencer aux alentours du mois de mars, déclarait M. Sihlobo, en se référant aux estimations du Service météorologique de l'État. Toutefois, il ajoutait que si cela se produisait après la période de pollinisation du mois de février, cela n'aurait qu'un impact négatif minime sur la récolte.

Affaire à suivre…….

 

Maeve dewas
Publié le 5 février 2024, mis à jour le 9 mai 2024
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