Devant un parterre de Français réunis à l'Hotel Mandarin Oriental dans le centre de Jakarta mercredi 29 mars, François Hollande a conclu sa visite indonésienne par un discours résumant sa visite éclair dans le pays aux 17 000 îles, qui n'avait pas reçu de Président français depuis 1986. En voici les extraits significatifs.
La position de la France par rapport à l'Asean
« C'est toute l'Asie du Sud-Est qui doit être regardée par la France comme un domaine et une zone, un espace où nous avons beaucoup d'intérêts et beaucoup de communautés de pensée. L'Asie du Sud-Est, c'est l'ASEAN, ce sont des pays extrêmement dynamiques, avec des croissances très fortes, avec des populations nombreuses (?) et nous avons, entre l'Europe et l'ASEAN, tout intérêt à avoir des partenariats privilégiés.
(?) Et si nous voulons regarder notre avenir, (?) mais il faut qu'il y ait une projection de l'Europe vers le monde. Et précisément, ici, l'Europe est attendue et l'ASEAN dont je parlais veut avoir une relation particulière avec l'Europe. »
Une nouvelle orientation diplomatique de la France et de l'Europe
« Il se trouve que je m'exprime au moment où un président aux Etats-Unis remet en cause les décisions qui ont été prises lors de l'Accord de Paris sur le climat et où il y a des tentations protectionnistes. Alors, qu'est-ce que nous devons faire, la France, l'Europe, les pays du sud-est asiatique ? Devons-nous aller de l'avant, aller de l'avant pour mettre en ?uvre les décisions et les engagements qui ont été pris à Paris, mais aller de l'avant aussi sur le commerce ? Parce que si nous cédons à cette tentation qui n'existe pas qu'aux Etats-Unis, que nous voyons aussi en Europe, si nous cédons, si nous nous enfermons, si nous nous replions, alors c'est une croissance potentielle qui va s'évaporer (?). Mais nous devons penser que la croissance de demain, elle sera tirée du commerce mondial et notamment avec cette partie-là de la planète. »
Le rôle mondial de la France et de l'Indonésie
« C'est très important que nous puissions rappeler, l'Indonésie et la France, quels sont les principes qui nous gouvernent et qu'est-ce que nous voulons faire, chacun à notre place, du monde dans lequel nous sommes. »
L'étoffement du partenariat stratégique signé entre la France et l'Indonésie en 2011
Le partenariat maritime
« Nous avons ajouté deux autres dimensions au cours de cette visite. D'abord, un partenariat en matière maritime. Il se trouve que l'Indonésie et la France ont des espaces maritimes considérables. (?) Donc, nous avons convenu d'un partenariat qui puisse, entre l'Indonésie et la France, mobiliser toutes les communautés maritimes de nos deux pays en matière notamment de lutte contre les pêches illégales, en matière d'observation, en matière de prévisions météorologiques, en matière d'investissements portuaires, en matière de construction de bateaux, bref, une vraie politique maritime commune parce que la mer est comme le disait très bien monsieur Louis-Dreyfus l'avenir de la Terre. »
Le partenariat culturel
« Puis nous avons ajouté une dimension culturelle et il y a eu cet après-midi une mise en valeur de l'économie créative. Nous avons pu ainsi avec nos amis indonésiens montrer que, non seulement nous sommes pour la diversité culturelle, c'est-à-dire de faire référence et de faire appel à tout ce qui contribue à la création, mais que nous pouvons en plus mener ces politiques ensemble. »
La lutte contre le terrorisme
« L'Indonésie est le pays qui compte le plus de musulmans au monde, qui a été capable de développer un islam modéré, un islam qui est, on le voit bien, compatible avec la démocratie et qui a fait de la neutralité religieuse un principe constitutionnel. L'Indonésie qui a été frappée comme nous, la France, par le terrorisme, qui lutte contre le fondamentalisme, contre l'extrémisme et qui participe avec nous d'un certain nombre d'objectifs que nous poursuivons à l'échelle du monde. Alors il était important qu'à la fois nous puissions regarder le modèle indonésien et en même temps que nous puissions ensemble dire que nous n'acceptons pas les discriminations, les stigmatisations et la mise en cause d'une religion en l'occurrence l'islam. »
Un dernier message avec en filigrane l'appel à ne pas céder au Front National
« Quand la France est frappée, vous l'avez vu, hélas, ces dernières années, c'est le monde qui s'est rassemblé autour de la France parce que c'est la France, parce que vous êtes la France. Nous devons être à chaque fois conscients de nos responsabilités, sûrs aussi de ce que nous représentons, également fiers de nos atouts, il y en a de nombreux, capables de vendre notre excellence française, et aussi d'être sûrs de notre destin, de n'avoir peur de rien. Vous qui vivez à l'étranger vous avez sûrement encore moins peur et vous ne devez surtout pas cultiver ce sentiment. Nous devons à chaque fois représenter l'espoir parce que la France c'est son message. La France ne s'est jamais mise à renoncer à être elle-même et quand elle l'a été, hélas, saisie par cette terrible tentation elle s'est perdue. Alors faites en sorte au-delà de ma présidence puisqu'il y en aura d'autres - je veux ici vous rassurer ou vous inquiéter mais il y en aura d'autres - de porter l'espoir qui est le message de la République française. »
(www.lepetitjournal.com/jakarta) vendredi 30 mars 2017