Chercheur insatiable des artistes européens ayant peint l'Indonésie, Didier Hamel a collectionné patiemment les oeuvres de Léa Lafugie, artiste-peintre française décédée en 1972. Il détient aujourd'hui de nombreux dessins, aquarelles, pastels, peintures de l'aventurière et exploratrice qui passa un an en Indonésie en 1930. Il expose et vend cette collection entre les murs de Duta Gallery qui fête également ses 30 ans d'existence cette année.
Léa Lafugie est française, elle fait les Beaux-Arts à une époque où peu de femmes avaient la chance de faire des études, de 1915 à 1922. Dans le Paris des Années Folles, Léa Lafugie s'émancipe et devient une jeune femme aux cheveux courts que l'aventure attend. A 34 ans, célibataire, elle part et devient une voyageuse insatiable à une époque où le voyage est synonyme d'exploration. Après une incursion au Moyen-Orient, c'est l'Asie que Léa rejoint en bateau avec des moyens très limités. Elle y passe 5 années, organise deux expéditions à dos de cheval au Tibet. Et Léa Lafugie se transforme en peintre-explorateur : là où d'autres auraient écrit des récits de voyages, Léa peint ce qu'elle voit, surtout les gens, les costumes traditionnels. Partout où elle passe, Léa est accueillie par les autorités coloniales et la haute société locale, en Inde, en Chine, au Japon? Elle finance ses expéditions grâce aux commandes de portraits et aux expositions organisées en son honneur. En 1930, Léa Lafugie arrive à Jakarta. Elle passe une année à Java, est reçue par les sultans de Yogyakarta et de Solo, expose deux fois : en 1930 à Jakarta et en 1931 à Surabaya. Elle voyage également à travers le pays, de Bornéo à Bali, de Sulawesi aux Célèbes.
Il en reste de nombreux dessins, aquarelles et pastels que Didier Hamel de Duta Gallery à Kemang a patiemment collectés à travers le monde et les ventes d'arts. L'artiste-peintre, qui avant les Beaux-Arts a étudié aux Arts Décoratifs à Paris, s'est intéressée aux tissus, aux vêtements et à la danse traditionnelle. Hormis les paysages tropicaux classiques qu'elle a peint, vous découvrirez une série de dessins d'études sur les danseurs traditionnels. Léa a mis son talent au service de l'anthropologie et le résultat donne un beau témoignage de l'Indonésie des années 30.
Didier Hamel a écrit un livre sur le parcours de Léa Lafugie, qui sera en vente à partir de la semaine prochaine. Au cours de son enquête minutieuse, il a retrouvé les héritiers de Léa qui s'est mariée sur le tard, à 42 ans et n'a pas eu d'enfants. Grâce à cette rencontre avec les petits-neveux de Léa, on a des photos de quelques voyages de l'aventurière et l'on découvre une femme aux traits affirmés, ayant l'air très sûre d'elle et qui ne devait pas s'en laisser compter durant ses voyages. Cela se ressent dans sa peinture : « il y a de la force dans les tableaux de Léa, je dirai même de la virilité. » conclut Didier Hamel dont nous attendons avec impatience le résultat de ses prochaines quêtes sur les artistes étrangers en Indonésie.
Amélie Heim (www.lepetitjournal.com/Jakarta) mardi 4 octobre 2016
Crédit Photos : M. Dassonville, C. Feder, P. Grenouilleau, V. Ouvrard
Vernissage de l'exposition mardi 4 octobre 2016 à 19H Duta Fine Arts Fondation Jl. Kemang Utara 55A Jakarta Selatan Exposition jusqu'au 7 novembre 2016 tous les jours de 10H à 19H Dimanche et Lundi : 11H à 16H www.dutafinearts.com