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Salman Khan et la communauté Bishnoï en Inde

Voilà quelques jours à Bandra, deux hommes à moto ont tiré cinq balles en direction de l'appartement de la superstar bollywoodienne Salman Khan. Interpellés ; ils ont déclaré avoir agi sur ordre de Lawrence Bishnoi, criminel notoire, aujourd'hui incarcéré pour une série de meurtres dont celui du célèbre rappeur indien Sidhu Moose Wala.

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Les gazelles noires en Inde . Photo par formulaire PxHere
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 25 avril 2024, mis à jour le 29 avril 2024

 

Lawrence Bishnoi aurait promis que justice serait rendue aux gazelles noires tuées par Salman Khan en 1998 lors d'un tournage au Rajasthan. L'affaire avait fait scandale dans toute l'Inde et l'acteur avait finalement été condamné à cinq ans de prison pour infraction à la loi sur la protection de la vie sauvage. Mais sa peine a ensuite été suspendue en appel alors qu'il venait de passer ses premiers jours derrière les barreaux.

Pourtant, à part le nom, on voit mal le lien qui unit ce chef de gang ultra-violent à la secte profondément pacifiste des Bishnoïs pour qui les gazelles noires sont sacrées.

 

Qui sont les Bishnoïs ?

Les Bishnoïs sont les membres d'une communauté vishnouïte (branche sampradaya de l'hindouisme) créée par le gourou Jambheshwar Bhagavan, appelé communément Jambaji. Ils seraient environ 700 000 dans l'ouest de l'Inde et majoritairement présents dans l'État du Rajasthan et de l'Haryana.

Les Bishnoïs suivent 29 principes édictés par leur gourou. Le livre saint des Bishnoïs, le  =Shabda-Vânî (ou Guru-Vani), contient 120 versets dans lequel on peut lire un texte sur la volonté d'épargner et de protéger toutes les créatures, animaux (dont les hommes) et végétaux.

Dans ces chapitres transparaît l'idée que ce qui rend l’homme noble : sa capacité à reconnaître le mal qu'il fait ou peut faire et donc d'y renoncer, suivant ainsi le devoir de dévotion de l’âme envers le Dieu des dieux, Vishnou. Les Bishnoïs se caractérisent donc par leur végétarisme, leur respect strict de toute forme de vie, leur protection des animaux et des arbres. 

La gazelle noire indienne, ou chinkara, est particulièrement vénérée par les Bishnoïs car elle serait le véhicule de réincarnation de leur maître Jambaji. Ce sont les rares hindous à enterrer leurs morts car l'utilisation de bois vert (et donc vivant) pour des crémations contreviendrait à leur principe du respect du vivant. 

Suivre avec fidélité ces 29 commandements permet à l'adepte du bishnoïsme de se libérer définitivement du cycle des naissances (samsâra), des morts et de la réincarnation, en atteignant le Moshka, par la grâce du Seigneur Vishnou. 

 

Les Bishnoïs, prêts à tous les sacrifices

La confrontation entre le reste de la société indienne et la communauté bishnoïe a parfois pris une tournure dramatique. Les Bishnoïs entretiennent ainsi le souvenir du massacre de 1730, lorsque le maharaja Ajit Singh de Jodhpur envoya ses soldats couper du bois sur les terres bishnoïes. Les Bishnoïs sortirent de leurs villages et leur demandèrent de ne pas couper les arbres, expliquant que c'était contraire à leurs préceptes religieux. Le maharadja confirma son ordre et les soldats se mirent à abattre les arbres. Les Bishnoïs s'interposèrent alors en entourant chacun un arbre de leurs bras et c'est ainsi que 363 personnes furent massacrées pour avoir tenté de protéger les arbres. Le roi de Jodhpur, ayant appris l'étendue du massacre, honora le courage des Bishnoïs en ordonnant que les zones qu'ils habitaient deviennent sacrées et qu'en ces lieux, nul étranger à leur religion, ne manquerait de respect à leurs 29 commandements.

 

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