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Sweney Chanie : "Je suis tatoueuse à Hong Kong"

C’est dans un petit studio de tatouage à deux pas de la station Tin Hau que j’ai rendez-vous ce jour-là. Au douzième étage de l’immeuble se trouve le lieu de travail de Sweney, tatoueuse de 29 ans au parcours inspirant et aux ambitions marquées par le courage et la détermination. Avec plus de 5,000 abonnés sur Instagram, Sweney est tout aussi douce que l’art qu’elle poste sur ses réseaux sociaux. Passionnée par les voyages et la nature, son style de tatouage noir et gris aux lignes fines s’inspirent de ses nombreuses évasions à l’étranger. Récapitulatif de notre entretien.

Sweney tatoueuseSweney tatoueuse
Dessins par Sweney Chanie
Écrit par Marion Piat
Publié le 5 octobre 2024, mis à jour le 11 octobre 2024

Je me suis reconvertie dans le tatouage

Pourquoi devenir tatoueuse à Hong Kong ? 

Sweney: J'ai grandi à Hong Kong. A 18 ans, j'ai loué mon premier studio de maquilleuse professionnelle avec mes propres économies. Mes parents n'étaient pas convaincus. S'en est suivi une vie de jeune entrepreneuse au rythme soutenu. Je développai mon business de maquillage pour effets spéciaux au fil des demandes. A 22 ans, les longues heures de travail me semblaient trop pénibles et infructueuses. J'étais jeune, je voulais voir le monde et je n’avais rien à perdre. J'ai également étudié l’art à l'université, j'ai donc tenté une reconversion professionnelle vers le monde du tatouage. 

J'aime particulièrement les motifs fleuris

D'où vous viens l'inspiration lorsque vous dessinez ? 

Lorsque j'étais à la recherche d'une formation de tatoueuse il y a six ans, le style fin en noir et gris était peu présent jusqu’alors dans les studios de tatouages hongkongais. Les gens à Hong Kong ont tendance à préférer les grosses pièces détaillées sur la manche entière. J'ai quitté le territoire pour me former sous l'aile d'une connaissance à Taiwan. J'ai beaucoup apprécié vivre là-bas et j'ai pu commencer mon aventure avec le style "fineline". Maintenant que je suis professionnelle depuis plus de 6 ans, j'ai essayé à plusieurs styles. Toutefois, je me sens toujours connectée avec la nature et les animaux, j'adore dessiner des motifs fleuris et mignon. Par ailleurs, je collabore deux à quatre fois dans l'année avec des studios de tatouages à travers le monde. J'aime travailler avec d'autres artistes, dans d'autres conditions et avec une clientèle différente. Je me rend en Nouvelle-Zélande d’octobre à novembre.

Un tatouage n'a pas besoin de signification

Quel est le profil de votre clientèle ? 

Ma formation universitaire et mon intérêt pour la peinture me permet de m'adapter à la volonté de mes clients. Je tatoue majoritairement des femmes entre 18 et 35 ans. J'ai rencontré de nombreux parcours inspirant et j'apprécie que mon art devienne part intégrante de chaque corps. Je mène tous mes projets avec la même attention aux détails que si c'était sur moi. C'est pour cela que je ne tatoue que deux clients par jour, ça me permet de me concentrer. On me demande souvent qu'elle est le sens de mes tatouages. Je ne pense pas qu'un tatouage doit nécessairement avoir une signification. Que le projet ait une portée symbolique ou simplement esthétique tel un accessoire de mode, ce qui m'importe est la satisfaction de mes clients en tant qu'artisane.

J'aide des gens à se réapproprier leur corps

Quelles sont vos perspectives pour l'avenir ?

Après une période de burn out intense au milieu de ma vingtaine due au surmenage, je me suis intéressée à la santé mentale et à l’industrie des retraites spirituelles à travers l’art. J'aimerais collaborer avec des psychologues professionnels afin d’animer ma propre retraite d’art thérapie d’ici peu. En parallèle avec le tatouage de motifs mignons, petits et originaux qui reste une partie importante de mon travail, je collabore depuis quelques temps avec un chirurgien pratiquant des opérations de reconstruction mammaire à Hong Kong. J'aide ainsi certaines de mes clientes à se réapproprier leurs corps après un cancer du sein en leur tatouant des tétons réalistes sur les prothèses implantées.

Vous avez récemment exposé votre dans une galerie, quel était le lien avec votre travail de tatoueuse ? 

Après ma rupture amoureuse compliquée l’année dernière, je me suis dit que c'était le moment de me lancer dans un nouveau projet. J'ai travaillé six mois sur cette exposition intitulée “célébrations”. J'avais déjà de nombreuses peintures florales, portraits équestres et projets tatouages accumulés depuis des années. C'était enfin un travail pour moi mettant à l’honneur les leçons apprises pendant ma vingtaine.  

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