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Shock Wave, de l'action dans les tunnels de Hong Kong - ITW

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Écrit par Arnaud Lanuque
Publié le 21 avril 2017, mis à jour le 17 avril 2018

Shock Wave met en scène une énorme prise d'otage dans le tunnel séparant Kowloon et l'île de Hong Kong. Film d'action au box-office depuis une semaine, images marquantes de Hong Kong vu au quotidien, son réalisateur Herman Yau nous raconte le tournage.

Herman Yau fait partie des réalisateurs Hongkongais les plus productifs. Cette année, il sort pas moins de trois films. Le premier d'entre eux, Shock Wave, est commercialement le plus ambitieux : une grosse production d'action avec la superstar Andy Lau.

Synopsis: L'officier de déminage Cheung (Andy Lau), alors agent double, contribue à l'arrestation d'une partie d'un gang de dangereux braqueurs de banques. Le chef de la bande parvient à s'échapper et, quelques années plus tard, il revient à la tête d'une bande de mercenaires. Il réalise une prise d'otages massive dans le tunnel séparant Kowloon et l'île de Hong Kong avec l'intention de prendre sa revanche sur Cheung.

 

Herman Yau

 

Comment vous est venu l'idée de Shock Wave?

Herman Yau : Je vis à Hong Kong et, par conséquent, j'utilise régulièrement le tunnel de Kowloon à l'île de Hong Kong et vice-versa. C'est un endroit emblématique de Hong Kong et une impressionnante réussite technique. Cela a fini par faire travailler mon imagination. Je me suis dit que si le tunnel était bloqué, cela pourrait donner lieu à de nombreuses situations au potentiel dramatique fort.

Avec un budget conséquent, nous devions intéresser un maximum de gens. J'espère toutefois que l'histoire que nous avons conçue donnera matière à réfléchir au public. Mais c'est à eux de décider s'ils veulent prendre le film comme un simple divertissement ou s'ils y voient un sens caché.

 

Andy Lau est l'acteur principal mais aussi producteur sur le film. Quelle influence a-t-il eu sur le développement du scénario ?
Il n'y a pas eu de changements majeurs dans l'intrigue. Mais il a fait évoluer la relation entre son personnage et sa fiancée. Nous n'avions pas clairement défini sa nature. Andy a choisi de la rendre plus adulte : une relation où les personnages ont des sentiments l'un pour l'autre mais sont capables de se séparer à l'amiable pour d'autres raisons objectives. La dernière fois que j'avais travaillé avec Andy, c'était il y a près de 15 ans. Depuis, je pense que notre respect mutuel a encore grandi et a permis une collaboration très facile.   

 

Quel genre de recherches avez-vous fait pour préparer le film ?
Nous nous sommes énormément renseignés sur l'architecture du tunnel et les couleurs à l'intérieur pour construire un décor qui permettrait de faire illusion. Pour la prise d'otage, vu que nous faisions une fiction et qu'il n'y a pas vraiment de règles en la matière, nous nous sommes laissés une large marge de manœuvre.

 

La police apparaît comme impuissante face aux preneurs d'otages. Pensez-vous que cela se passerait ainsi si une telle situation avait lieu à HK?
Malheureusement, dans les grandes lignes, je pense que ce serait le cas. Je regarde et lis beaucoup d'informations et, tout ce que j'ai pu voir sur le sujet, me le laisse penser. Regardez la prise d'otage du théâtre de Moscou en 2002 ou celle de l'ambassade des Etats-Unis en Iran entre 1979 et 1981. Il y a peu de chances qu'une telle situation ait des conséquences différentes à Hong Kong.

 

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La séquence où Babyjohn Choi est porteur d'une bombe est particulièrement mémorable. D'où vous en est venue l'idée ?
C'est une scène que j'ai eu en tête très rapidement, avant même que nous ayons complètement développé le script. Il y a quelques années, j'avais participé à une sorte de documentaire sur les pompiers. L'un d'eux m'avait dit qu'ils se retrouvaient à risquer leur vie parfois pour sauver des gens qui étaient déjà morts. Ils devaient y aller malgré tout. C'est quelque chose qui m'est resté en tête longtemps et que j'ai pu concrétiser dans Shock Wave.

 

À un moment, la motivation du principal ennemi semble sur le point de changer. Mais vous n'allez pas complétement dans cette direction. Pourquoi?
C'est un choix qui correspond à ma vision de la réalité. Aujourd'hui, tout le monde semble penser que l'argent est une motivation essentielle.  

 

Vous vous montrez également très critique envers les tycoons.
Je pense qu'il y a un certain nombre de crimes « légaux » qui sont commis par les tycoons à HK. Comme la manière dont ils monopolisent certains services publics, ou bien les collusions qui existent entre eux et le gouvernement. Ce n'est d'ailleurs pas limité à Hong Kong, cela arrive dans tous les pays. Je n'ai pas souhaité être spécifique. Je ne pense pas que les films soient le bon média pour donner des leçons sur certaines questions sociales. Au mieux, nous pouvons partager certaines idées et inciter à la réflexion.  

 

 

 

Avez-vous pu tourner dans un des tunnels qui joignent l'île de Hong Kong et Kowloon?
Pour les plateformes piétonnes, oui, et aussi pour quelques autres images. Mais l'essentiel a été filmé dans un décor à Kwai Chung. Il a été reconstitué en partie, je ne voulais pas que ce soit uniquement des fonds verts. Je trouve ça assez ennuyeux et les acteurs ont du mal à s'investir autant qu'ils le devraient quand tout est fait en image de synthèse. Nous avons utilisé les effets digitaux uniquement pour les plans très larges. Nous avions envisagé de le construire à Shenzhen pour des questions de coût mais les voitures roulent dans le sens inverse et cela aurait été un casse-tête sans fin.

 

De quel budget disposiez-vous?
Environ 120 millions HKD pour deux mois de tournage. La reproduction du tunnel a couté environ 20 millions à elle seule. Mais je pense que nous avons utilisé cet argent au mieux et qu'il se voit à l'écran.

Pour l'action, vous avez fait appel au chorégraphe Dion Lam. Comment avez-vous travaillé avec lui ?
Notre collaboration s'est passée de manière très naturelle, nous ne nous sommes jamais engueulés. Mais je ne lui déléguais pas la réalisation pour autant. Nous travaillions ensemble et j'étais présent pour tous les plans. Je fais comme ça à chaque film.  

 

Aviez-vous une idée précise de l'action au moment du tournage ou créez-vous ces scènes essentiellement au montage ?
Au moment du tournage, j'ai quelque chose comme 80 % des plans en tête. C'est essentiel d'avoir une idée générale de ce que vous allez faire autrement, vous vous retrouvez à tourner tout et n'importe quoi et vous avez énormément de déchets au moment du montage.

 

Depuis quelques années, vous travaillez à chaque fois avec Brother Hung pour la musique de vos films.
Oui, c'est quelqu'un de très créatif et facile d'accès. Pour Shock Wave, je ne lui ai pas donné de références particulières. Je lui ai juste dit que je ne voulais pas quelque chose d'orchestral. Je pense que c'est trop stéréotypé et ça ne correspond pas à mes goûts.

Propos recueillis par Arnaud Lanuque le 21/04/2017

Arnaud Lanuque (www.lepetitjournal.com/hong-kong) - mercredi 3 mai 2017

Arnaud Lanuque
Publié le 21 avril 2017, mis à jour le 17 avril 2018

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