L’Atlantide, île mythique disparue lors d’un cataclysme, est aujourd’hui symbole d’un monde englouti, une civilisation perdue. À Hong Kong il n’y a pas un, mais trois mondes engloutis, trois régions disparues : la première du côté de Lantau, la deuxième à Plover Cove et la dernière à Sai Kung. Lepetitjournal.com vous fait plonger dans le passé de ces villages submergés.
Pénurie d’eau à Hong Kong
Dans les années 50, après la victoire du parti communiste en Chine continentale, un grand nombre de réfugiés commencent à affluer à Hong Kong. Les maigres ressources en eau du territoire s’avèrent insuffisantes pour une population qui ne cesse d’accroitre. C’est une époque de rationnements où l’on doit faire de longues files avec des bidons à la main devant les robinets publics pour un approvisionnement d’eau qui ne durait que quatre heures tous les quatre jours.
Face à cette pénurie, le gouvernement met en place la construction de nouveaux réservoirs. Le premier sera érigé dans la vallée de Shek Pik Heung à Lantau. Mais cette vallée n’est pas inhabitée, quatre hameaux s’y trouvaient : Shek Pik Tai Tseun, Fan Pui Tsuen, Kong Pui Tsuen et Hang Tsai Tseun. Les habitants sont forcés de quitter leur maison pour être relogés à Tsuen Wan dans ce qu’on appelle aujourd’hui Shek Pik New Village.
Le savoir-faire français vient en aide à Hong Kong
En 1959, la Société française d'entreprises de dragages et de travaux publics, devenue Dragages depuis, entreprend la construction du barrage de Shek Pik, un chantier qui durera trois ans.
En 1963, lors d’une cérémonie franco-britannique le gouverneur de Hong Kong inaugure le réservoir de 24 millions de mètres cubes sous lequel, quatre villages disparurent. Dans une vidéo datant de 1962, on constate le rôle des entreprises françaises en Asie, notamment à Hong Kong (minute 1:50) lors de la construction du réservoir de Shek Pik.
Dans cette autre vidéo, on parle des villages submergés de Shek Pik et de la relocalisation de leurs habitants dans les Nouveaux Territoires
Villages Hakka disparus sous l’eau
L’histoire se répète dans les années 60, avec le réservoir de Plover Cove et dans les années 70 avec celui de High Island. Pour ces deux constructions, des travaux gigantesques sont faits pour fermer des baies entières à l’Est et au Nord de Sai Kung, mais de nouveau, la terre la mieux adaptée à son développement était une zone habitée, des villages Hakka sont inondés et l’eau emporta avec elle, leur passé séculaire.
Pour la construction du premier réservoir à Plover Cove, un grand nombre de logements ont été édifiés à Tai Po le long de Lam Tsuen River, où les villageois ont été relogés, l’un des quartiers à avoir été façonné par le besoin en eau potable à Hong Kong.
Construction du High Island réservoir, le plus grand de Hong Kong
L’histoire du réservoir de High Island commence après la coupure d'eau de la Chine continentale pendant les émeutes de 1967 à Hong Kong. Le gouvernement répond avec la création du réservoir à High Island, le plus grand de Hong Kong, qui de par sa construction, a délogé près de 500 villageois. En 1970, des terres sont récupérées sur la baie à côté de Sai Kung town, juste en face du temple historique de Tin Hau, pour y bâtir dix immeubles de cinq étages pour héberger les nouveaux arrivants.
Constatant que le feng shui du temple avait été dérangé, les résidents du Sai Kung ont protesté contre cet aménagement. Le gouvernement a donc réarrangé l’espace en créant un chemin entre le temple et la mer. Aujourd’hui cet ensemble d’immeubles connu sous le nom de Man Yee Wan/Sha Tsui New Village est au cœur de Sai Kung town.
L’épithète de « nouveau » porte en lui le souvenir de ces anciens villages, disparus sous l’eau.
Quelques vestiges de ces villages submergés sont exposés dans le Man Yee Wan Village Recreation Centre à Sai Kung, où l’on peut trouver photos, cartes, meubles, objets artistiques et cérémoniels ainsi que des objets de la vie quotidienne des communautés Hakka au sein des villages.
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