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Les produits russes à la mode en Chine ?

Le succès d’un nouveau magasin de produits russes à Shenzhen symbolise le dynamisme du commerce entre les deux puissances voisines. La Chine achète de plus en plus de marchandises « made in Russia ».

Produits russes ShenzhenProduits russes Shenzhen
Dans ce magasin de produits russes de Shenzhen, on peut trouver de nombreux produits originaux.
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 2 octobre 2024, mis à jour le 9 octobre 2024

Un air de Moscou à Shenzhen

« Si russe, si slave ; si s’lave, si s’nettoie ; si ce n’est toi, c’est donc ton frère » : chacun en France connaît ce célèbre calembour. En Chine, le consommateur pourrait faire sien un slogan similaire « si russe, c’est donc ton frère », tellement il semble aujourd’hui familier avec les produits d’outre-fleuve-Amour. Pour s’en rendre compte, il suffit de descendre à la sortie A de la station « Shopping Park » sur la ligne 1 du métro à Shenzhen, et de marcher quelques dizaines de mètres dans la galerie commerciale souterraine « Link City ». Là, peu après le discounteur Leasher et le spécialiste de vêtements Baleno, le regard est forcément attiré par un magasin flambant neuf aux couleurs bleu-blanc-rouge de la Russie, gardé par une poupée gigogne de grande taille et une enseigne en cyrillique. Une traduction rapide de ces lettres russes en alphabet français permet de deviner un nom effectivement typique de Moscou : Medvedev. Le magasin n’a apparemment rien à voir avec le tennisman ou le vice-président du conseil de sécurité, mais son design aux allures de la mère-patrie Russie suffit pour attirer les clients.

Chocolat Staline et bouteilles en forme d’AK47

A l’intérieur, en effet, les acheteurs chinois se pressent. Attirés aussi bien par le large choix que par les prix raisonnables, ils peuvent repartir avec une large gamme de produits du quotidien. Les paniers se remplissent aussi bien de cornichons à 9,9 yuans (soit 10,9 HKD ou 1,26 euros) que de bouteilles de vodka à 60 degrés vendues 59,9 yuans les 500 ml, de Linzer Tortes moscovites à 35,8 yuans, de bouteilles de ketchup à 4,9 yuans ou de saucissons, sortis d’un réfrigérateur, à 29,9 yuans pièce.

L’enseigne propose en effet un rayon frais, notamment des glaces ou des bières, mais aussi des produits d’hygiène ou encore des spécialités bien plus originales que les simples miels et pains mis en têtes de gondoles. En effet, le packaging offre parfois quelques surprises, comme la tête et le nom de Napoléon sur des plaques de chocolat ou des paquets de café. Plus surprenant encore pour l’œil occidental, une autre plaque de chocolat est ornée des portraits de Lénine et Staline. Enfin, un alcool « Armenian » est vendu dans une bouteille verre sculpté en forme d’AK47 ou de Kalachnikov, l’une et l’autre étant livrées avec leurs boîtes en bois, répliques des coffrets d’armes vus dans les films d’espionnage.

Nouveau débouché pour la Russie

Ce magasin symbolise à lui-seul les nouveaux liens commerciaux qui unissent Moscou et Pékin. En 2023, le commerce total entre la Chine et la Russie a bondi à 240 milliards de dollars. C’est le double de 2018, et bien plus que l’objectif de 200 milliards qui avait été fixé par le premier ministre Mikhaïl Michoustine au mois de mai 2023 lors d’un forum économique à Shanghai.

La Chine est ainsi devenue le premier client de la Russie dans le secteur énergétique. Pour Moscou, cela compense en partie l’arrêt du commerce avec l’Europe, à la suite des sanctions de l’Union européenne. Mais le commerce de la fédération de Russie progresse aussi dans d’autres domaines. Par exemple, les producteurs russes de porc, qui n’exportaient pas en Chine jusqu’en février 2024, viennent d’afficher l’objectif de conquérir une part de marché de 10% dans les importations de viande porcine dans l’empire du Milieu, alors que ce marché est pour l’instant dominé à 51% par l’Union européenne. Dans l’autre sens, Pékin vend notamment des machines-outils et des voitures en Russie, trouvant ainsi un marché de substitution alors que les Etats-Unis et l’Europe viennent d’augmenter leurs droits de douane. Pour les consommateurs des deux pays, cela se traduit par des nouveautés dans les rayons, ce qui ne peut que les ravir.

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