Le festival de street art HKwalls a été distingué du prix Art in the City décerné par Bouygues Construction dans le cadre du Grand Prix France-Hong Kong 2025. Jason Dembski, son fondateur, revient sur la genèse du festival, son impact dans la ville et sa collaboration avec la scène artistique française. Dix ans d’engagement pour embellir l’espace urbain… et faire émerger une nouvelle génération d’artistes.


Donner aux artistes un espace de liberté
Comment est né HKwalls ?
Je suis simplement un grand fan de street art et de graffiti. J’ai commencé par documenter ce que je voyais dans les rues de Hong Kong, puis j’ai rencontré Stan, un artiste local, et Maria, ma compagne. Ensemble, on s’est dit qu’il fallait créer un festival pour donner aux artistes l’occasion de peindre légalement. À l’époque, il y avait très peu d’opportunités dans la ville. On voulait combler ce vide. C’était en 2014.

Dix ans et plus de 300 oeuvres peintes
Le prix Art in the City récompense le festival ? Comment le ressentez-vous
C’est le festival dans son ensemble qui est reconnu. Je crois que c’est surtout le fait que cela dure depuis dix ans, que chaque année on contribue à embellir la ville. C’est une belle manière de dire : regardez tout ce qu’on a accompli depuis 2014. Si on ajoute les portes, les camions, les installations éphémères comme celle de Hopare à PMQ cette année, on dépasse les 300 œuvres réalisées à Hong Kong. Nous sommes très fiers de cette reconnaissance.
Pendant la pandémie, on a investi Sai Kung
Quels ont été les moments marquants de ces dix années ?
Le COVID a évidemment été un gros défi. En 2020, on a dû annuler. En 2021, on a organisé une édition avec uniquement des artistes basés à Hong Kong. Comme les gens redécouvraient les espaces extérieurs, on en a profité pour faire le festival à Sai Kung, ce qu’on rêvait de faire depuis longtemps. C’était presque une réunion de famille artistique. En 2022, rebelote, restrictions trop fortes. Mais depuis 2023, le festival n’a cessé de grandir. L’édition 2025 est peut-être la plus grande que nous ayons jamais faite.

Mélanger les artistes chaque année
Vous avez une forte dimension internationale… certains artistes reviennent souvent ?
Pas tant que ça. On essaie de mélanger les artistes chaque année. Certains reviennent, comme Hopare, qui était déjà venu en 2015 et est revenu cette année avec une installation exceptionnelle à PMQ. Mais en général, on privilégie le renouvellement pour garder la fraîcheur du festival.
L’Alliance Française et le Consulat nous accompagnent
La France est très présente dans votre festival. Pouvez-vous en dire plus ?
Oui, depuis des années on travaille avec des consulats et institutions culturelles, y compris l’Alliance Française, le Goethe-Institut, les consulats tchèque, italien, belge, irlandais, et bien sûr français. Ils nous aident à inviter des artistes de leurs pays. Parfois ce sont des subventions communes, parfois des aides individuelles. C’est grâce à eux qu’on peut enrichir le festival avec des talents internationaux.

Former la relève artistique hongkongaise
Vous développez aussi un volet éducatif. En quoi cela consiste-t-il ?
On a lancé un programme de mentorat jeunesse en 2021, juste après le COVID. Des artistes confirmés de Hong Kong accompagnent de jeunes artistes pendant cinq à six semaines, pour les aider à apprendre, à se professionnaliser, à comprendre comment passer du papier au mur. À la fin, les jeunes créent souvent leur premier mural dans le cadre du festival. C’est un moyen de renforcer la scène locale.
On explore de nouveaux formats
Cette installation de Hopare à PMQ semble marquer un tournant. Envisagez-vous d’autres formats à l’avenir ?
Oui, c’était la première fois qu’on réalisait une œuvre aussi grande sur tissu, et non sur un mur permanent. Cela nous pousse à repenser notre manière de faire : peut-être que l’avenir du street art passe aussi par l’éphémère, par d’autres matériaux. On restera toujours dans l’espace public, mais sans se limiter à la peinture.

Une dynamique renforcée par le Grand Prix
La reconnaissance par Bouygues Construction, dans le cadre du Grand Prix France-Hong Kong 2025, marque une nouvelle étape pour HKwalls. « Ce prix nous encourage à poursuivre notre travail, mais aussi à tisser de nouveaux liens avec des entreprises engagées dans la ville. L’objectif est de créer des partenariats durables, au-delà de l’événementiel », souligne Jason Dembski. De son côté Marie-Laure Janson, Directrice des Ressources Humaines de Bouygues Construction à Hong Kong a déclaré : "Bouygues Construction est fier de sponsoriser le prix « Art in the City », une initiative qui redéfinit le paysage urbain de Hong Kong grâce à une collaboration audacieuse entre HK Walls et des artistes de rue français. Cette initiative incarne notre vision et notre engagement intergénérationnel, illustrant que la véritable beauté réside dans la fusion de l'art et de la vie au sein de l'espace urbain".
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