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SECOND TOUR - Anne Genetet, le terrain avant tout

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 13 juin 2017, mis à jour le 13 juin 2017

Anne Genetet obtient 54 % des votes comme candidate de la République en Marche pour le 1er tour des législatives dans la 11ème circonscription. Malgré cette majorité, elle affrontera Thierry Mariani au 2nd tour en raison d'une participation insuffisante. Elle commente dans une interview pour notre édition les résultats, la campagne qu'elle mène et revient sur les enjeux du vote.

Anne Genetet, les résultats pour la République en Marche sont très bons dans cette onzième circonscription. Vous avez au total 54%, et sur Hong Kong même, 63%. Avez-vous un commentaire particulier à faire ?
Les électeurs qui sont allés aux urnes ont clairement compris le projet que propose Emmanuel Macron et qu'il y avait un enjeu très fort pour la France de se transformer et d'arriver enfin à trouver des solutions pérennes à des problèmes que le pays rencontre depuis une trentaine d'années.

On voit bien tout l'avantage qu'on a d'être à l'étranger, cela nous donne un regard très rénové, très différent, très ouvert sur la situation de la France. 

Mon deuxième commentaire, c'est qu'hélas, la participation est extrêmement faible. Le problème, c'est qu'il y a dans l'ensemble une difficulté d'accès au vote. Soit parce qu'on ne peut physiquement pas y aller, soit parce qu'on a pas pu faire sa procuration ou un vote électronique. Mais aussi parfois parce qu'on n'a pas compris l'enjeu, on se sent loin de la France et pas légitime à aller voter, on ne comprend ou on ne sait pas qu'on a les structures et les élus pour porter nos projets et nos attentes à l'Assemblée. Avec cette participation au premier tour, on mesure tout le travail qu'il reste à faire après ces cinq premières années de la fonction de député des Français de l'étranger.

C'est un travail de lien avec la communauté, avec les Français qui résident hors de nos frontières, pour leur faire comprendre l'importance des élus et ce que ça peut leur apporter à eux directement ou à la présence de la France à l'étranger.

Je voudrais souligner que notre circonscription a l'un des meilleurs taux de participation, nous sommes le moins mauvais élève ! Malgré le fait que certains électeurs soient très loin des bureaux de vote? ça montre qu'il y a quand même un attachement à la France.

Des éditorialistes s'interrogent déjà sur le bien fondé de la fonction de député de l'étranger, compte tenu de la faible participation?
C'est à nous de relever le défi et de montrer qu'on est utile. J'en suis convaincue, sinon je ne me serais pas lancée dans ce parcours. Maintenant, il faut rester raisonnable, nous avons un député seulement depuis cinq ans. Si nous avions des députés depuis la Constitution de 1958, comme on a des sénateurs des français de l'étranger, là, avec une participation comme celle-ci, il serait effectivement légitime de se poser la question de l'utilité du député.

Aujourd'hui, nous n'avons que cinq années de recul et c'est tout à fait insuffisant. A Hong Kong notamment, la communauté française bouge beaucoup, avec des gens qui sont arrivés il y a peu et qui n'ont peut-être aucune idée de l'existence d'un député pour les représenter. 

C'est très original ! Pratiquement aucun pays de l'étranger n'a ça ! Prenons les Philippines ou l'Australie, où 10% de la population est expatriée. Ni l'un, ni l'autre, n'a de représentation de ses citoyens hors de leurs frontières. Nous, on est loin des 10% de français à l'étranger. 

Nous avons cette position à défendre, et ne jetons pas la pierre au système, il n'a que cinq ans. 

Que pouvez-vous dire sur ce résultat « raz-de-marée » pour la République en Marche ?
Je réfute totalement l'expression « raz-de-marée », qui n'est pas adaptée. Nous avons un vote, et un ensemble d'électeurs qui se sont majoritairement prononcés en faveur de la République en Marche, c'est vrai. Mais il faut rester humble, compte tenu de la participation. 

Il y a un élan, effectivement la République en Marche et les différents candidats ont progressé par rapport au score d'Emmanuel Macron. Tandis que Les Républicains ont baissé par rapport au score de François Fillon dans plusieurs circonscriptions des Français de l'étranger.

Cette tendance pour la REM est certainement poussée par les premières semaines du mandat de Macron qui ont été totalement remarquables et qui ont donné confiance à un certain nombre d'électeurs.

A Singapour, un site Internet appelle à un débat avec le député sortant, Thierry Mariani?
Je n'ai pas pour habitude de me faire dicter ma conduite par quelques tweets ou par un site qui est d'ailleurs un annuaire professionnel. Les raisons pour lesquelles j'ai décidé de ne pas débattre avec le candidat Mariani sont les suivantes.

D'abord, il y a cette problématique d'espace, dix fuseaux horaires, 36 pays sur 49 qui votent, et aucun moyen ni technique ni physique de porter la parole d'un débat ayant pour objectif d'informer les électeurs. La campagne se gagne au contact des électeurs et c'est ce que j'ai privilégié. Le débat, je le tiens avec eux, en réunions publiques, c'est la priorité numéro 1.

Ensuite, à ce que je sache, Mr. Mariani n'a pas sollicité de débat avec Mr. Villard (PS) en 2012. Il n'en est donc pas question.

Il faut que j'incite les gens à aller voter. Le 54%, c'est aussi un handicap ! Beaucoup de gens pensent que c'est gagné et qu'il n'y a pas de deuxième tour.

La semaine dernière, j'étais à Taipei, puis à Bangkok. Cette semaine, je pars en Inde? C'est du contact, et du concret. Je n'ai pas d'autres moyens pour toucher mes électeurs, je n'ai pas de tracts ni d'affiches dans la rue. Le contexte est totalement différent. Je ne vois vraiment pas ce qu'apporterait le débat. 

Avez-vous un commentaire pour vous différencier vis-à-vis des idées portées par le candidat Les Républicains ? 
La raison pour laquelle j'ai adhéré au mouvement d'Emmanuel Macron, c'est que nous avons une approche qui est de défendre nos idées, et non pas de détruire celles des autres ou les attaquer et les dénigrer.

M. Mariani a un bilan, je rappelle que c'était le premier à « essuyer les plâtres », donc il n'est pas question de critiquer son bilan, d'ailleurs c'est un des députés qui étaient le plus présents à l'Assemblée Nationale. Tout en étant dans l'opposition, ce qui est problématique pour faire avancer ses idées. 

J'appelle à la cohérence, à donner une majorité à la présidence, de façon à être pleinement efficace, au service de la France, et pour la 11ème circonscription. 

Je voudrais souligner le fait que M. Macron a immédiatement mis en oeuvre des choses qu'il avait dites dans son programme, sans attendre, notamment la réduction du nombre de collaborateurs dans les cabinets. Ce qu'il a fait avec Mme. Merkel, d'annoncer après une conférence de presse qu'ils envisageaient de reconsidérer les traités européens, tous les présidents avant Mr. Macron en auraient rêvé ! Avec Donald Trump, la façon dont il s'est imposé, la façon dont il s'est comporté avec Vladimir Poutine? je pourrais citer tout un tas de choses. Quand je vois cette façon de travailler, c'est exactement ce qu'on défend : on agit et on fait ce qu'on a annoncé ! 

Ces mesures ont certainement eu un impact sur les résultats aux législatives? Certains disent qu'il y a un engouement, un effet d'aubaine. Avez-vous un commentaire là-dessus ?

Ca s'est vu dans toutes les élections présidentielles ! Le président Hollande comme Mr. Sarkozy ont eu la majorité tout de suite après leurs élections. Les électeurs sont cohérents et ont compris qu'il était important de donner cette majorité au président élu juste avant pour pouvoir faire avancer le pays. 

Donc non, ce n'est pas un effet d'aubaine, c'est surtout l'intelligence et la cohérence des électeurs.

Pour gouverner, il faut une majorité à 289 députés. Que ce soit à 289, 350 ou 400 députés, c'est une majorité. Si les autres partis ont envie d'exister, c'est comme dans une classe lorsque seulement quelques élèves peuvent faire porter leur voix. Ce qui compte, ce n'est pas le nombre, c'est la qualité des députés. 

Comment va se dérouler la suite de votre campagne ? 
Il y a les déplacements dont je parlais et je fais beaucoup de visioconférences, ça permet d'utiliser les outils d'aujourd'hui et d'avoir des coûts de campagne raisonnables. Et c'est tout aussi bien par rapport à notre empreinte carbone... Je continue avec la même énergie.

Je suis humble, je veux garder la tête froide. Je sais qu'un match n'est jamais gagné !

Antoine Vergnaud - Marc Schildt (lepetitjournal.com/hong-kong) - mardi 13 juin 2017 

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Publié le 13 juin 2017, mis à jour le 13 juin 2017

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