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LEGISLATIVES - Interview de Dimitri Sawosik, candidat de la France Insoumise

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 31 mai 2017

Dimitri Sawosik est le quatrième candidat de la 11e circonscription que nous rencontrons, pour ces législatives. A 20 ans, l'étudiant originaire de l'arrière-pays niçois a été investi par les militants de la France Insoumise. Paix, écologie, éducation, le jeune moscovite revient sur ses propositions et sur le rôle du député des Français de l'étranger.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel et de votre arrivée en politique ?

J'ai 20 ans, je suis étudiant depuis un an à l'Académie Présidentielle de Moscou qui est une sorte de Sciences Po ou ENA en Russie, c'est ce qui me rattache à la 11° circonscription. 

J'ai été impliqué en politique depuis très jeune car j'ai cotisé assez rapidement. Mais c'est à partir de 16 ans que j'ai commencé à militer pour le Parti Communiste. J'ai intégré la jeunesse communiste à Nice, puisque j'étais lycéen là-bas. Après le lycée, j'ai quitté Nice et le PC par la même occasion, pour m'installer à Aix-en-Provence où j'ai étudié à Sciences Po pendant deux ans. Mon engagement politique a repris de l'ampleur avec le mouvement Nuit Debout et les manifestations contre la loi travail. Après m'être rendu sur place pendant trois semaines, je me suis dit : ça ne va plus. Si l'Etat commence à réprimer des manifestants pacifiques, les gens vont s'énerver. On a vu déjà des mouvements violents se créer à Nuit Debout. Moi, ce n'est pas ce que je veux. Je pense qu'on peut résoudre des problèmes politiques par la révolution citoyenne. J'ai donc décidé de rejoindre la France Insoumise pour régler ces problèmes, sans passer par la violence.

Votre statut d'étudiant n'est-il pas un problème vis-à-vis d'une éventuelle élection à l'Assemblée Nationale ? 

Je vais finir cette année l'équivalent d'une licence. Si je suis élu, je ferai mes cinq ans de mandat avant d'éventuellement reprendre mes études. Je ne suis pas parti pour une carrière politique sur des décennies, ce n'est pas mon but. Je souhaite porter les idées de la France Insoumise à l'Assemblée. Je suis candidat, mais en réalité je suis juste le visage de tous les Insoumis de la circonscription. L'idée est de montrer qu'il y a des jeunes et que je suis capable de porter les couleurs de la France Insoumise. Ce n'est pas moi, Dimitri Sawosik, qui se présente, c'est la France Insoumise. La personnalisation de ma candidature n'a pas vraiment d'importance pour moi. 

Justement, comment en êtes-vous arrivé à être investi par la France Insoumise ?

Quand je vois le mouvement En Marche, par exemple, qui se réclame de la démocratie participative, de la société civile? C'est vrai que ce mouvement apporte quelque chose de nouveau dans le paysage politique, mais c'est faux de dire que c'est de la démocratie participative, les gens ne vont pas choisir leur candidat !

Moi, en revanche, je n'ai pas été désigné par Paris mais par les militants de la France Insoumise. Dans un grand nombre de pays de la 11ème circonscription, il y a des groupes d'appui. On s'est mis tous ensemble sur un serveur pour organiser des élections dont je suis sorti comme candidat aux législatives. Ce sont donc les militants de la 11ème circonscription eux-mêmes, qui m'ont proposé en discutant entre eux. Ensuite, ma candidature a été envoyée à Paris où elle a été validée très rapidement. 

Si vous êtes élu, quels seront vos principaux chantiers à l'Assemblée ?

Je trouve que la campagne sur la 11ème circonscription des Français de l'étranger est beaucoup trop axée sur les problèmes des Français de l'étranger. Evidemment, le député des Français de l'étranger doit être un lien indispensable entre ses électeurs et l'Assemblée Nationale. Mais il n'est pas un conseiller consulaire. Son rôle, c'est d'être député de la Nation. Mes priorités sont nationales, elles concernent tous les Français. C'est l'Avenir en Commun. 

La paix est l'un de mes axes de campagne. La 11ème circonscription s'étend de l'Ukraine à la zone Chine-Taiwan-Corée du Nord et est directement concernée par les conflits. Nous avons la volonté de faire baisser les tensions partout dans le monde et surtout dans cette circonscription. Il faudra consulter d'urgence une conférence de l'Oural à l'Atlantique pour résoudre le conflit en Ukraine. Concernant la Chine, ce n'est pas normal que Donald Trump, avec l'aval de la France puisque nous sommes dans l'OTAN, vienne « chercher » la Corée du Nord et suscite des crispations dans une partie du monde déjà armée. 

Ensuite, il y a l'écologie. La circonscription, encore une fois, s'étend de Tchernobyl à Fukushima. On est bien placés pour savoir que le nucléaire n'est pas une solution viable à long terme ! Nous proposons dont une sortie du nucléaire. Et Il faut lutter, à notre échelle, contre le réchauffement climatique. C'est à nous de montrer qu'une voie différente du productivisme est possible. Si dans 20 ans, la France peut dire qu'elle est sortie du nucléaire et qu'elle a limité ses émissions de gaz à effet de serre, d'autres pays nous suivront.

L'éducation, enfin, est un sujet très important. Elle est très chère, et c'est complètement injuste. Ce n'est pas parce qu'un Français est à l'étranger qu'il doit payer l'école. Avec la France Insoumise, nous sommes pour la gratuité des écoles françaises à l'étranger pour les ressortissants français. Ils ont le droit d'avoir l'éducation gratuite partout dans le monde là où il y a des établissements français. Là où il n'y en a pas, il faut en ouvrir. 

Sur l'éducation, cela paraît être un chantier coûteux. Comment comptez-vous procéder ?

Rendre gratuits les établissements français, ça se compte en millions d'euros. L'exil fiscal se compte en milliards. La France Insoumise propose pour y remédier l'impôt universel. L'idée, c'est que tous les français sont égaux en droits et en devoirs, qu'ils soient en France ou à l'étranger. On paye d'abord l'impôt dans le pays où on habite. Ensuite, on envoie la déclaration d'impôt au fisc français, qui regarde cette déclaration, et s'il y a une différence avec ce qu'on aurait du payer en France, on la paye, qu'elle soit négative ou positive ! Il y a des pays où on peut être remboursés par le fisc, je pense aux pays d'Europe du Nord, notamment. 

Cette mesure remet tous les Français sur un pied d'égalité. Tout le monde paye un impôt mais tout le monde aura droit à l'éducation gratuite et à la sécurité sociale. Et cela permet également de lutter contre l'évasion fiscale.

Le député sortant Mariani a une grosse expérience en politique, quand vous, à 20 ans, deviendriez si vous êtes élu le député le plus jeune de l'histoire de la 5° République. Quel regard portez-vous sur son mandat et sur le renouvellement que vous incarneriez ?

Je trouve ça un peu hypocrite de dire que mettre des gens nouveaux, c'est faire du renouvellement. On le voit avec En Marche. Ce n'est pas parce que les gens n'ont jamais fait de politique qu'ils ne vont pas répéter exactement les mêmes choses que les anciens. Il faut des visages neufs, certes, mais il faut aussi des idées neuves, sinon ça ne sert à rien.

Sur le bilan de Mariani, on a bien vu dans son mandat qu'il a soutenu la politique du gouvernement, et on est à peu près sûrs qu'il soutiendra celle d'En Marche. Il est classé très à droite au sein de son propre parti, et ses positions sur la déchéance de nationalité font de lui, selon moi, un réactionnaire. Je pense que c'est dangereux pour la République. Je trouve son bilan désastreux, au point de vue national, car il est encore dans l'ancien monde des partis où l'on suit ce qu'on fait à Paris.

Si vous êtes élu, comment vous organiserez-vous pour mener à bien votre rôle de député ?

Je ne resterai pas à Moscou si je suis élu. Ma place est à l'Assemblée Nationale. Immédiatement après mon élection, j'irai habiter à Paris. Evidemment, je retournerai dans la circonscription mais je perdrai mon attache avec Moscou. 

Evidemment, je ne peux pas couvrir tout seul un territoire aussi grand. Nous avons un outil qui est unique pour y remédier : les groupes d'appui. Il y en a dans quasiment tous les pays et c'est par eux que remontent les revendications. C'est une organisation décentralisée. S'il y a un problème dans un pays, sur une thématique particulière, cela remonte presque immédiatement au candidat.

Dans le programme de la France Insoumise, il y a cette idée de convoquer une Assemblée constituante. Comment, une fois dans l'hémicycle, allez-vous porter cette idée ?

Comment, à l'Assemblée, peut-on proposer l'organisation d'une Assemblée constituante, puisque le Président de la République y est opposé ? C'est très simple : depuis 2008, il existe le référendum d'initiative partagée, parlementaire et populaire. Si un cinquième des députés le choisissent, et si un dixième des inscrits (4 millions et demi de Français) l'approuvent, alors est organisé un référendum. Une fois organisé, si les Français disent oui à plus de 50%, l'Assemblée constituante est organisée. Cette Assemblée travaillera et proposera une nouvelle Constitution qui sera approuvée ou non par les Français. 

Mais avec la France Insoumise, nous voulons avoir la majorité absolue, soit 289 sièges. Nous sommes le parti à avoir le plus de candidats, on en a dans presque toutes les circonscriptions. Je pense qu'on a notre chance dans chacune d'entre elles. 

Antoine Vergnaud (www.lepetitjournal.com/hong-kong) - mercredi 31 mai 2017

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