

Retour en page d'accueil - Découvrez nos autres articles
"Un moment d'égarement". En 1977, Jean-Pierre Marielle succombait au charme de la nubile Agnès Soral, fille de son meilleur ami. 38 ans après la sortie du film de Claude Berri, Jean-François Richet, le réalisateur de "Ma 6-T va crack-er" et de "Mesrine", réécrit cette pochade hédoniste au parfum de scandale avec dans les rôles-titres Vincent Cassel, François Cluzet et la toute jeune actrice Lola Le Lann. Une adaptation qui signe le désenchantement d'une époque revenue de toutes les transgressions où l'égotisme et la pudibonderie ont fait place aux aspirations libertaires.
Jean-François Richet et Lola Le Lann à Hong Kong le 30 novembre © Florence Morin
Sept ans après Mesrine, vous revenez au cinéma avec un remake d'un film de Claude Berri, c'est un projet personnel ou une proposition que vous a faite votre producteur Thomas Langmann ?
J-F. R : Thomas ne m'avait pas proposé ce film. Je sais qu'il l'a proposé à deux réalisateurs auparavant, qui ne sont pas arrivés à s'accaparer le sujet. Moi, ça m'intéressait de le faire mais il me disait « Tu n'a pas d'enfant, tu ne peux pas comprendre. » et moi je lui disais, « Je suis désolé, je vais comprendre. Et puis surtout, c'est l'histoire d'une amitié trahie, et ça, on l'a tous vécu. » A partir de là, il m'a laissé carte blanche et j'ai réécrit le scénario avec Lisa Azelos, la réalisatrice de LOL, avant de le proposer à Vincent (Cassel).
Vous Lola, vous connaissiez le travail de Jean-François Richet quand vous avez passé le casting ?
L. LL : De Jean-François, je n'avais vu que Mesrine, que j'avais adoré. Mais quand j'ai passé le casting, je n'avais pas du tout fait le lien, on me disait « le film de Richet » mais je ne savais pas de quoi le film parlait? Ce n'est qu'après que je me suis demandé comment il allait faire un film si intimiste après Mesrine.
Vous n'en êtes à votre premier remake. Il y a quelques années, vous aviez déjà réalisé le remake d'un film américain de John Carpenter. C'est un exercice qui vous plait ?
J-F. R : Non. C'est un pur hasard. Je crois qu'il y des films qui sont intouchables et puis qu'il y a des histoires qu'on peut réactualiser. Ce qui m'intéressait avec « Un moment d'égarement », c'est que tous les rapports ont changé depuis 30 ans. Claude Berri parlait très bien des années 1970/80 mais je trouvais qu'on pouvait faire un autre film en 2015. On pourrait aussi le refaire dans vingt ans, le transposer à Hong Kong ou ailleurs. C'est un sujet inépuisable, qui révèle les rapports filiaux, les rapports d'amitié.
Votre film est beaucoup plus pessimiste que celui de Claude Berri. Qu'est ce que cela trahit de la société française d'aujourd'hui ?
J-F. R : Cela tient peut-être au changement de société ou à ma personnalité, je ne sais pas. Mis à part ses adaptations classiques, Claude Berri a surtout fait des films qui se finissent bien. Moi, je suis quand même assez « dark » à la base. Je pense que mon film le plus lumineux sera celui-là.
Il y a en effet un fort contraste entre une esthétique très ensoleillée et la noirceur de l'histoire.
J-F. R : Oui, c'est vrai mais pour moi le côté sombre, c'est avant tout l'amitié trahie car Luna, elle vit à fonds son amour, sans avoir conscience du reste.
L.LL : Moi, je ne vois pas le côté sombre de cette relation. La différence d'âge est un tabou mais cela existe, beaucoup de personnes vivent ce genre de relations. Après, le seul truc un peu glauque, c'est le rapport familial, le fait que cet homme soit le meilleur ami de son père.
La similitude des personnages, deux pères seuls avec deux filles du même âge, crée tout de même le malaise. Marie, la fille de Vincent Cassel, est d'ailleurs choquée par le comportement de son père et le lui reproche très durement.
J-F. R : Elle le juge durement parce que c'est son père. Si ce n'était pas son père, elle lui ferait la morale 30 secondes et passerait à autre chose.
Oui, mais c'est justement la grande différence avec le film de Claude Berri. Dans le film original, la fille de Jean-Pierre Marielle ne lui reproche pas sa relation avec Agnès Soral mais son indifférence aux autres, son machisme vieille France.
J-F. R : Dans mon film, ce qui me plaisait c'est justement que ce soit ce personnage qu'on imagine irréprochable qui ait des vices cachés. Que ce soit lui, comme souvent dans la vie, le super ami, le super père de famille, celui qui a réussi son divorce, qui déconne.
Et pas le personnage de François Cluzet qui est plus rude et plus réactionnaire?
J-F. R : Les méchants ne sont pas toujours que méchants. Mais lui surtout ne voit que lui. Il ne voit rien de ce qui se passe autour.
L.LL : Les personnages du film sont au fond tous très égoïstes. Ils ne pensent qu'à sauver leur image et leur peau.
Propos recueillis par Florence Morin (www.lepetitjournal.com/hong-kong) jeudi 3 novembre 2015
Infos pratiques:
Hong Kong French Film Festival jusqu'au 10 décembre 2015
One Wild Moment
le 10/12 à 21H50 - Broadway The One
http://www.hkfrenchfilmfestival.com/
Lire également:
FRENCH FILM FESTIVAL - Le meilleur du cinéma français bientôt en salles
THOMAS SALVADOR ? "Ce qui tue le cinéma aujourd'hui, c'est la nécessité de tout justifier"















