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14 JUILLET - Histoire(s) de la fête nationale française

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 juillet 2014

 

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Dans l'esprit de nombreux Français, le 14 juillet commémore la prise de la Bastille. Pourtant si cette date fut choisie en 1880 comme fête nationale par une majorité de parlementaires, ce ne fut pas seulement pour célébrer cette journée historique de 1789 qui marqua le début de la Révolution mais aussi pour commémorer un événement moins connu de notre histoire nationale qui eut lieu un an plus tard : la fête de la Fédération.

Le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille

Mais quelques furent les intentions des parlementaires de la IIIe République, la force symbolique du 14 juillet 1789 les a depuis bien longtemps balayées et c'est bien la prise de la Bastille que célèbrent aujourd'hui officiels et citoyens français comme acte fondateur de notre histoire moderne et de la République. Mais que se passa-t-il précisément en ce 14 juillet inaugural?

La Liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix, 1830

A l'été 1789, Paris est au bord de l'insurrection. A la demande des Parlements, Louis XVI a convoqué le 5 mai à Versailles les Etats généraux, une assemblée qui réunit les représentants de la noblesse, du clergé et du tiers-état. Ces derniers se sont saisis de l'occasion pour réclamer de profondes réformes mais, face aux coups de force du roi et au mépris des autres ordres, ceux qui représentent "quatre-vingt-seize centièmes au moins de la nation" bouleversent les institutions. Par le Serment du Jeu de Paume, ils s'autoproclament Assemblée nationale et s'engagent à doter la France d'une constitution.

Inquiet de ces libertés qui menacent la monarchie, Louis XVI masse des régiments suisses et allemands aux portes de Versailles et de la capitale et la rumeur court bientôt que les troupes royales s'apprêtent à arrêter les nouveaux constituants. Le 12 juillet, la nouvelle du renvoi du ministre Necker met le feu aux poudres. Au Palais-Royal, Camille Desmoulins, monté sur une table du café de Foy, pistolet au poing, crie à une "Saint Barthélémy des patriotes" et appelle le peuple de Paris à prendre les armes.

Au matin du 14 juillet, le prix du pain atteint de nouveaux records historiques et près de 80 000 Parisiens en colère s'emparent de fusils et de canons entreposés aux Invalides, avant de se diriger vers la prison de la Bastille pour vider l'arsenal de ses balles et de sa poudre. Après des échanges sanglants (83 personnes sont tuées) et de longues négociations, la vieille forteresse construite par Charles V se rend. Sous la pression des Gardes françaises qui se sont ralliées aux émeutiers, le gouverneur et sa garnison n'ont plus les moyens de défendre l'ancienne prison. De Launay et ses hommes sont conduits à l'Hôtel de ville. En chemin, la foule furieuse lynche les prisonniers et leurs têtes tranchées sont exhibées dans les rues de Paris. Mais, malgré ces violences, le 14 juillet 1789 est commémoré dès l'année suivante comme la première victoire du peuple contre l'absolutisme et l'arbitraire royal.

Le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération célèbre la patrie et la nation fédérée

Le 14 juillet 1790, un an jour pour jour après la prise de la Bastille, La Fayette, commandant de la Garde nationale de Paris, organise une grande fête civique pour célébrer ce premier anniversaire. Mais la cérémonie a surtout pour objectif de ramener ordre et unité dans un pays plongé dans le chaos et de canaliser les milices de citoyens qui se sont créées dans les provinces en réaction à l'affaiblissement du pouvoir central.

Plus de 100 000 soldats fédérés venus de toute la France défilent alors au son des tambours entre la Bastille et le Champ-de-Mars. Dans le cirque antique aménagé spécialement pour l'occasion par plus de 1200 ouvriers, une grande messe est célébrée par Talleyrand sur l'autel de la Patrie, à l'issue de laquelle La Fayette, le Président de la nouvelle Assemblée et le roi lui-même jurent de "maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale". Un Te Deum est donné. Louis XVI est acclamé par la foule. Mais l'union nationale autour de la figure du roi vole bientôt en éclat. Le 21 juin 1791, le souverain est arrêté à Varennes. Jugé, il est condamné à mort pour haute trahison.

1880, le 14 juillet est choisi comme fête nationale

Pendant près d'un siècle, le 14 juillet est oublié, les célébrations du XIXe siècle épousant les enjeux et caractères des différents régimes politiques. Il faut donc attendre 1880 et la IIIe République pour que cette date revienne sur le devant de la scène au nom de la propagande républicaine. Pour s'enraciner, le "régime d'attente" (Jean Sévillia) qui abrite une majorité royaliste a en effet besoin de créer un nouvel imaginaire national autour de symboles forts et de pratiques collectives.  

Cette année-là, on inaugure la statue de la place de la République à Paris, la Marseillaise est choisie comme hymne officiel et le 14 juillet comme fête nationale. La proposition du député de la Seine Benjamin Raspail déplait pourtant aux conservateurs qui invoquent la violence révolutionnaire du 14 juillet 1789 mais elle recueille tout de même les voix des monarchistes et des républicains modérés qui voient là une référence à la nation fédérée du 14 juillet 1790.

En 1880, la République célèbre en grandes pompes la première fête nationale. Un défilé militaire qui rappelle celui des gardes fédérés est organisé sur l'hippodrome de Longchamp devant 300 000 spectateurs, en présence du Président Jules Grévy et du Conseil des ministres présidé par Jules Ferry. Les vieux drapeaux de 1871 sont remplacés par de nouveaux étendards vantant la République et les missions des régiments. Le 14 juillet 1880 est conçu comme une fête du redressement qui doit effacer le traumatisme de la défaite de 1870 face aux Prussiens et restaurer le lien de confiance entre le peuple et l'armée. C'est aussi une fête militante, républicaine et anticléricale, dont l'Eglise est évincée. Une fête sans dieu ponctuée de banquets, de bals populaires et de feux d'artifices qui invitent chacun à participer activement à cette célébration patriotique qui marque aussi sous la IIIe République la fin du calendrier scolaire et le début des moissons.

De nos jours, le 14 juillet reste une fête populaire avec ses nombreux bals et feux d'artifice dans tout le pays. C'est également une fête de l'armée marquée par un défilé terrestre et aérien sur les Champs-Elysées qui se prépare comme une véritable opération militaire, tout particulièrement cette année, puisque le 14 juillet 2014 a été choisi comme date de lancement des commémorations du centenaire la Grande Guerre.

Quelques 14 juillet marquants de 1880 à nos jours

1886 : une femme, cantinière du 131e régiment d'infanterie, défile pour la première fois sur le Champs-de-Mars.

1915 : le défilé militaire se déplace du Champs-de-Mars aux Champs-Elysées.

1919 : Quelques mois après l'armistice du 11 novembre, la fête nationale est organisée en "fête de la Victoire". Le défilé est imposant. 1000 blessés, les maréchaux Joffre et Foch, toutes les armées alliées et l'armée française défilent de l'avenue de la Grande Armée à la place de la République en passant par les Champs-Elysées

1936 : après le défilé militaire, un million de personne défile à l'appel des organisations syndicales.

De 1939 à 1944 : dans le Paris occupé, la fête nationale n'est pas célébrée. Le 14 juillet 1940, à Londres, le général de Gaulle réitère ses appels à la résistance.

1945 : Pour fêter la Libération, le 14 juillet est précédé par trois jours de réjouissances civiques.

1958 et 1959 : La France, tout en étant alliée des États-Unis, veut affirmer son identité et son indépendance. Ces 14 juillet seront les premiers au cours desquels la France fera défiler ses armes lourdes. Le défilé devient une vitrine pour montrer la puissance militaire française.

1989 : Célébration du bicentenaire de la Révolution française. De nombreux chefs d'Etat étrangers ont pu assister notamment à "la Marseillaise", spectacle de Jean-Paul Goude.

1994 : l'Eurocorps participe au défilé de la fête nationale française sur les Champs-Élysées à Paris. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des soldats allemands défilent en France, sous le signe de la réconciliation franco-allemande opérée dans le cadre européen.

2007 : Pour la première fois, des soldats des 27 pays européens défilent.

2009 : la République de l'Inde est le pays invité d'honneur des cérémonies du 14 juillet. Le défilé militaire est ouvert par un détachement de 400 officiers, sous-officiers et soldats de l'Armée de Terre, de la Marine et de l'Armée de l'Air indiennes.

2010 : Quatorze pays africains, qui ont été dans leur histoire associés à la France et qui célébraient cette année-là le cinquantenaire de leurs indépendances, ont été les invités d'honneur des cérémonies du 14 juillet.

2014 : Pour la première fois, l'ensemble des nations ayant participé au premier conflit mondial en Europe se réunissent pour une manifestation commémorative exceptionnelle. Le 14 juillet 2014, la France invite à Paris les représentants de 80 anciens pays belligérants de la Grande Guerre. Pour la plupart, ces pays sont les héritiers des nations et des empires qui se sont affrontés entre 1914 et 1918.

Sources: L'Internaute, la Présidence de la République et le Ministère de la Culture et de la Communication

 

Florence Morin (www.lepetitjournal.com/hongkong) lundi 14 juillet 2014

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En savoir plus sur les commémorations du centenaire de la Grande guerre en 2014 http://centenaire.org/fr

 

lpj 20
Publié le 13 juillet 2014, mis à jour le 14 juillet 2014
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