L’avionneur chinois a ouvert un bureau à Hong Kong. Cette nouvelle vitrine est une étape de plus dans sa conquête du marché aéronautique mondial.
Un bureau stratégique à Hong Kong
Les 28 et 29 octobre, la Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC), nom officiel de l’avionneur chinois, a ouvert coup sur coup deux bureaux hors de Chine continentale, à Singapour et à Hong Kong. L’arrivée soudaine du concurrent d’Airbus et de Boeing dans ces deux hubs asiatiques ne tient nullement au hasard. Ces cités-Etats ont en effet la particularité commune d’abriter deux « cibles » commerciales pour le constructeur aéronautique : Singapore Airlines et Cathay Pacific.
Dans ces deux bureaux, des services « clientèles » auront en effet à cœur de signer des contrats avec de nouvelles compagnies aériennes pour vendre ses deux modèles actuellement commercialisés, le C919 et l’ARJ21. Pour l’instant, seules deux compagnies non chinoises, en l’occurrence indonésienne et congolaise, ont acheté des avions Comac. Et même dans les compagnies du Mainland, aucune ne dessert Hong Kong avec un appareil du constructeur chinois. Les deux seules occasions de voir un C919 dans la ville ont été les deux vols de démonstrations réalisés depuis décembre 2023.
De ce fait, Comac a mis tous les atouts de son côté pour séduire Cathay Pacific Airways. Ainsi, il a signé un accord de maintenance avec l’entreprise hongkongaise Haeco. Cette dernière est en fait une filiale de Swire Pacific, premier actionnaire de Cathay Pacific.
Des projets qui décollent pour Comac
Le C919 peut rapidement concurrencer l’A320neo d’Airbus et le 737 Max de Boeing, surtout au moment où l’avionneur américain fait face à de nombreuses difficultés, notamment de fiabilité. Mais d’autres projets sont dans les cartons de Comac, à commencer par un avion gros porteur.
Toujours dans cette marche en avant, le constructeur chinois vient d’effectuer des tests pour un prototype, Yunxing, capable de voler à une vitesse de pointe de 5.000 km/h, soit plus du double de ce que faisait l’avion supersonique franco-britannique, le Concorde. Dès 2027, il pourrait transporter 70 passagers de Londres à New York en moins de deux heures.
A plus long terme, des ingénieurs chinois ont même présenté un moteur à détonation qui pourrait permettre de voler à Mach 16. Avec une telle vitesse, les Etats-Unis ne seraient plus qu’à 17 minutes de la capitale britannique !
Une toile internationale encore à tisser
Pourtant, les aspects techniques et commerciaux ne constituent pas les uniques défis qui se posent à Comac. Pour l’instant, le challenge le plus difficile consiste à obtenir les certifications qui pourraient permettre aux avions chinois de voler partout dans le monde. Le C919 n’est actuellement certifié qu’en Chine et l’ARJ21 ne vole encore que très rarement en dehors de son pays natal. Pour l’instant, son plus long vol commercial n’est qu’une liaison trihebdomadaire entre Guangzhou et Manado en Indonésie.
C’est pourquoi les bureaux de Hong Kong et de Singapour ne sont pas en fait les premiers bureaux à l’étranger de Comac. Dès 2010, l’avionneur chinois avait ouvert un bureau en Californie, puis, en 2011, à Paris, justement pour obtenir ces certifications et une coopération internationale. Aujourd’hui, la clé du succès pour Comac est d’abord et toujours d’obtenir ces sésames de référence de l’Union européenne et des Etats-Unis pour le C919. Pour la première, Comac espère une décision de l’European Union Aviation Safety Agency (EASA) dès 2025, pour une demande de certification déposée en… 2019 !