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Dans un livre blanc publié le 10 juin dernier, Pékin a rappelé à Hong Kong sa haute autorité sur l'ex-colonie britannique et les limites de son autonomie. Une mise au point qui a déclenché de vives réactions dans les cercles démocratiques du territoire dont certains membres ont été jusqu'à brûler le document en place publique.
Un recadrage en règle
Le gouvernement central chinois dispose d'une autorité pleine et entière sur Hong Kong dont le "haut degré d'autonomie" reste entièrement soumis au pouvoir discrétionnaire de Pékin. A l'approche du 17e anniversaire de la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine, il s'agit là d'un recadrage en règle.
Asséné moins d'une semaine après les commémorations massives du massacre de Tiananmen dans l'ex-colonie britannique, l'avertissement de Pékin a même de quoi faire frémir. La publication de ce livre blanc sans précédent ne doit d'ailleurs rien aux hasards du calendrier.
A moins de 10 jours du référendum officieux organisé par Occupy Central sur les modalités de l'élection du futur chef de l'exécutif, Pékin semble en effet avoir décidé de mettre au pas les esprits "confus et désorientés" de la turbulente région administrative, qui peinent à assimiler les principes de la politique "Un pays, deux systèmes" adoptée au moment de la rétrocession.
Dans son livre blanc, le Conseil d'état chinois rappelle ainsi que l'île du Sud de la Chine ne dispose d'aucune "autonomie à part entière" et que son dirigeant par conséquent ne peut être qu'un "patriote" loyal à la Mère patrie. Il met également en garde les Hongkongais contre les "forces extérieures" qui cherchent à interférer dans les affaires internes de la Chine et à déstabiliser le pays.
Le chef de l'exécutif doit être un "patriote"
Si à Hong Kong les "loyalistes" fidèles au régime ne voient dans ce geste fort de Pékin aucune remise en cause du processus de démocratisation, beaucoup s'inquiètent de ce qu'ils considèrent comme un coup de semonce. Pour l'organisateur d'Occupy Central, Benny Tai Yiu-ting, cité par le South China Morning Post, la missive de Pékin n'a pas seulement pour but d'évincer les partis démocratiques du jeu politique mais aussi "de faire peur et de réduire les Hongkongais au silence".
Les militants démocrates qui s'étaient donné rendez-vous mercredi devant le Bureau de liaison, la représentation officielle de Pékin à Hong Kong, ont quant à eux dénoncé le mépris du gouvernement de Xi Jinping pour la loi fondamentale de Hong Kong. Des étudiants ont brandi durant la manifestation un rouleau de papier toilette composé des articles de la Basic Law, tandis que d'autres opposants peinturluraient de rouge ou brûlaient des exemplaires du livre blanc.
Un avenir funeste pour Hong Kong?
Pour le politologue Willy Lam de la Chinese University de Hong Kong, cité par le journal Le Monde, le document montre en effet combien le régime chinois se moque et de la loi et de l'autonomie du territoire garantie par la déclaration conjointe Chine-Royaume-Uni de 1984 et la mini-constitution hongkongaise (Basic Law). "Il énonce en quelque sorte que Pékin peut faire ce qu'il veut de Hong Kong. Cela veut dire que la RAS va perdre sa place comme seul endroit en Chine où les lois et les lois internationales sont respectées. Ce livre blanc est funeste pour l'avenir de Hong Kong comme place financière mondiale où règnent la liberté d'expression et l'Etat de droit."
Florence Morin (lepetitjournal.com/hong-kong/) mardi 17 juin 2014
Crédits photos Wikimedia Commons
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